À la suite des frappes israéliennes menées aux premières heures de vendredi, contre des sites militaires et nucléaires en Iran, les autorités libanaises ont vivement réagi, dénonçant une escalade dangereuse aux conséquences potentiellement désastreuses pour la région.
Le président de la République, Joseph Aoun, a fermement condamné ces attaques qu’il a qualifiées de «coup porté non seulement au peuple iranien, mais aussi à l’ensemble des efforts internationaux déployés pour préserver la stabilité du Moyen-Orient». Selon lui, ces manœuvres militaires visent à faire échouer les initiatives diplomatiques en cours qui, ces dernières semaines, ont permis d’esquisser des pistes crédibles vers une désescalade durable.
«Les frappes israéliennes cherchent à saboter toute tentative de médiation et à replonger la région dans la spirale de la guerre», a-t-il déclaré, soulignant que la communauté internationale devait agir «de manière urgente et décisive» pour empêcher Israël d’atteindre ses objectifs, désormais «évidents aux yeux de tous».
Le président Aoun a également adressé ses condoléances aux autorités iraniennes pour les pertes humaines subies, militaires et civiles, et exprimé ses vœux de rétablissement aux blessés.
De son côté, le Premier ministre Nawaf Salam a également réagi en des termes très clairs, condamnant une «agression dangereuse» qui constitue, selon lui, «une violation flagrante du droit international et de la souveraineté iranienne».
«Cette attaque met en péril non seulement la stabilité régionale, mais menace la paix mondiale dans son ensemble», a averti M. Salam, appelant lui aussi à une mobilisation internationale pour contenir l’escalade.
Le président du Parlement, Nabih Berry, a, pour sa part, vivement condamné ce qu’il a qualifié de «violation flagrante du droit international, de la souveraineté des États et de la stabilité régionale». Dans une déclaration officielle vendredi, il a dénoncé une escalade grave et préméditée qui s’inscrit, selon lui, dans une série de guerres d’agression menées par Israël, de Gaza au Liban, jusqu’au cœur du territoire iranien.
«Ce nouvel acte d’agression confirme, de manière irréfutable, que cette entité représente une menace transnationale pour les États souverains et pour la sécurité internationale, par son comportement militaire, sécuritaire et politique», a affirmé le chef du législatif.
Exprimant sa solidarité avec l’Iran, ses dirigeants et son peuple, M. Berry a exhorté la communauté internationale à «adopter une position claire, sérieuse et courageuse, avant qu’il ne soit trop tard, pour freiner et mettre un terme à cette agression israélienne qui ne tue pas seulement des innocents mais qui assassine avant tout toute perspective de paix juste et durable dans le monde, et tout particulièrement au Moyen-Orient».
Dans ce contexte, le ministère des Affaires étrangères a, lui aussi, fermement condamné l’attaque israélienne menée contre l’Iran, la qualifiant de «violation flagrante de la souveraineté nationale» et d’entorse grave au droit international ainsi qu’à la Charte des Nations Unies.
Dans un communiqué publié vendredi, le ministère a mis en garde contre les répercussions de cette escalade, estimant qu’elle menace la sécurité et la stabilité régionales, mais aussi la paix à l’échelle internationale.
Le ministère a également souligné qu’il poursuivait ses efforts diplomatiques afin de prémunir le Liban contre les retombées de cette agression, dans un contexte de tensions croissantes au Moyen-Orient.
Alors que plusieurs pays de la région ont déjà fermé leur espace aérien par mesure de précaution, l’inquiétude grandit quant à un embrasement généralisé. Au Liban, les déclarations officielles traduisent une volonté politique de rester à l’écart d’un conflit aux ramifications imprévisibles.
Pour le Hezbollah, il s’agit d’une escalade dangereuse sous parrainage américain
Qualifiant d’ «agression brutale» et d’ «escalade dangereuse» l’attaque israélienne, le Hezbollah n’a pas tardé non plus à réagir. Selon un responsable de la formation pro-iranienne cité par l’agence Reuters, le Hezbollah ne mènera aucune opération de représailles contre Israël.
Dans un communiqué publié dans la matinée, l’allié de Téhéran a accusé le régime israélien d’agir «sous la couverture et avec le soutien total des États-Unis», l’accusant de n’obéir à aucune logique si ce n’est celle de la «violence, du feu et de la destruction».
«Cette attaque n’aurait pas été possible sans une coordination directe et une approbation tacite de Washington, que les États-Unis cherchent à dissimuler pour éviter toute implication directe», poursuit le texte.
Selon le Hezbollah, cette attaque n’est pas un acte isolé, mais s’inscrit dans une série d’«aventures imprudentes» visant à provoquer un embrasement régional pour détourner l’attention des crises internes que traverse Israël. «Tous les efforts de ces dernières années pour préserver la stabilité et la sécurité de la région sont aujourd’hui gravement compromis», déplore le texte, qui avertit des conséquences «lourdes et incontrôlables» que pourrait entraîner l’inaction face à une telle escalade.
La formation appelle ainsi les peuples et gouvernements de la région à condamner sans équivoque ces manœuvres et à afficher un soutien clair à l’Iran, estimant qu’«en l’absence de rejet collectif, cette entité criminelle ne fera que redoubler d’agressivité, alimentant les projets hégémoniques israélo-américains au détriment des peuples de la région et de leurs ressources».
Le Hezbollah rappelle que l’Iran a jusqu’ici fait preuve de retenue face aux provocations répétées d’Israël, répondant favorablement aux initiatives internationales et affirmant son droit légitime à développer un programme nucléaire à des fins pacifiques.
Toutefois, cette dernière attaque, souligne le communiqué, marque un tournant: «l’ennemi israélien a franchi toutes les lignes rouges, croyant pouvoir imposer un nouveau rapport de force. Il découvrira bientôt que le peuple iranien, loin de céder, renforcera son attachement à sa souveraineté et à sa dignité».
Commentaires