Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a nommé Mohammad Pakpour à la tête des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), en remplacement de Hossein Salami, tué vendredi par des frappes ciblées menées par Israël. Cette désignation illustre l’ancrage de Pakpour dans le corps militaire iranien et son alignement avec les orientations stratégiques du régime.

Rôle intérieur

À la tête des forces terrestres du CGRI depuis 2010, Mohammad Pakpour s’est imposé comme un acteur clé dans le développement des capacités opérationnelles de l’armée iranienne. Il a œuvré à la modernisation de l’institution, mettant en avant des technologies comme le drone Hemaseh, tout en renforçant la préparation militaire à travers des exercices spécialisés.

Son parcours militaire débute dans les premières années de la révolution islamique, dans la province du Kurdistan, où il s’engage au sein du CGRI. Sur le plan intérieur, il a également été actif dans les opérations menées dans le nord-ouest du pays ainsi que dans des missions visant à «stabiliser» le sud-est iranien.

Selon certains rapports, les forces terrestres du CGRI ont eu recours à une force létale lors des manifestations de novembre 2019, causant la mort de civils non armés dans plusieurs villes du pays.

Opérations régionales et stratégie

Pakpour a joué un rôle central dans la politique militaire régionale de l’Iran, notamment en Syrie et en Irak, toujours au service des ambitions géopolitiques de Téhéran.

Ancien commandant pendant la guerre Iran-Irak (1980-1988), il a dirigé des unités importantes telles que la 8e division Najaf, la 31e division Achoura, ainsi que le commandement de la zone militaire nord du quartier général de l’armée iranienne.

Selon le Counter Extremism Project (CEP), une ONG spécialisée dans la lutte contre l’extrémisme, les forces terrestres du CGRI ont soutenu la Force Al-Qods en termes de formation et d’armement de groupes loyaux au président syrien Bachar el-Assad. Ces interventions ont été au cœur de la stratégie iranienne d’extension de son influence régionale. Pakpour a notamment justifié cette présence militaire par la requête formulée, à l’époque, par le régime syrien.

Son parcours témoigne du rôle central de la Force Al-Qods dans le soutien aux groupes affiliés à l’Iran.

Formation académique

Mohammad Pakpour est titulaire d’un doctorat en géographie politique de l’université de Téhéran, une formation qui a influencé sa vision stratégique des questions de sécurité et de défense. Cet ancrage académique a contribué à orienter ses initiatives militaires sur le terrain.

Tensions internationales et sanctions

Le parcours de Pakpour est étroitement lié aux activités controversées du CGRI, qui ont été au cœur de l’attention internationale.

Après la destruction d’un drone américain par l’Iran en 2019, Pakpour avait publiquement mis en avant la puissance régionale de la République islamique, en réponse à la reconduction des sanctions américaines contre son programme nucléaire, selon le CEP.

Son rôle au sein du CGRI lui a valu plusieurs sanctions internationales. En effet, il a été placé sous sanctions par les États-Unis en 2019, en même temps que d'autres hauts responsables du corps.

L’Union européenne, l’Australie, le Japon et le Canada l’ont également sanctionné pour son rôle au sein du CGRI et pour d’autres activités. Ces mesures, brièvement levées dans le cadre de l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, ont été rétablies après le retrait américain de l’accord.

L’inscription du CGRI sur la liste américaine des organisations terroristes étrangères, en avril 2019, a davantage accru la pression sur le commandement de Pakpour. Sa nomination intervient dans un contexte de fortes tensions régionales, après les frappes israéliennes qui ont visé des sites militaires et nucléaires en Iran.

Dans un climat marqué par une pression internationale croissante et des difficultés économiques internes, le mandat de Mohammad Pakpour devrait se centrer sur le renforcement du rôle du CGRI dans la protection des intérêts du régime, tant à l’intérieur qu’à l’étranger.

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