
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a affirmé lundi que son pays était en train de changer «la face du Moyen-Orient» avec son attaque sans précédent sur l'Iran, au quatrième jour d'une escalade militaire meurtrière entre les deux pays ennemis.
M. Netanyahou s'exprimait au cours d'une conférence de presse, quelques heures après une frappe israélienne contre le bâtiment de la télévision d'État iranienne, qui a brièvement interrompu sa retransmission.
L'attaque s'est produite alors qu'une présentatrice critiquait vivement Israël à l'antenne. Elle a été vue quittant précipitamment le plateau dans un nuage de poussière, tandis que des débris du plafond tombaient autour d'elle, selon une vidéo diffusée par un média iranien.
Téhéran a condamné «un acte ignoble et un crime de guerre».
Les Iraniens voient «que le régime est beaucoup plus faible» qu'ils le pensaient, a commenté M. Netanyahou.
«Ils le comprennent et cela peut produire des résultats», a-t-il dit, laissant entendre qu'un changement de pouvoir en Iran «pourrait» en être un et rappelant qu'Israël a décapité depuis vendredi la direction sécuritaire iranienne. «Nous les éliminons un par un».
Tuer l'ayatollah Ali Khamenei «mettra fin au conflit» entre Israël et l'Iran, a-t-il dit plus tôt dans une interview accordée à la chaîne de télévision américaine ABC.
Le président américain Donald Trump s'est opposé à un plan israélien visant à éliminer le guide suprême iranien, avait révélé dimanche un responsable américain.
En marge d'un sommet du G7 au Canada, M. Trump a appelé une nouvelle fois l'Iran à «négocier immédiatement avant qu'il ne soit trop tard», tout en rappelant que les États-Unis avaient «toujours soutenu Israël».
Dans un message sur X, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, s'est demandé plus tard si M. Trump «prend au sérieux la diplomatie et est intéressé à arrêter la guerre».
«Il suffit d'un seul coup de téléphone de Washington pour museler quelqu'un comme Netanyahou. Cela peut ouvrir la voie à un retour à la diplomatie», a-t-il ajouté.
«Nous continuerons de pilonner ces lâches aussi longtemps qu'il le faudra pour qu'ils cessent de tirer sur notre peuple», a indiqué M. Araghchi en parlant d'Israël.
Après l'attaque sur sa télévision d'État, l'Iran a appelé dans la soirée deux chaînes israéliennes, N12 et N14, à évacuer leurs locaux.
Nouvelle salve de missiles
La télévision d'État iranienne a annoncé lundi soir une nouvelle salve de missiles sur Israël.
L'Iran avait tiré lundi matin des missiles sur plusieurs grandes villes d'Israël, en réponse à des frappes aériennes israéliennes sur le territoire iranien.
Les frappes israéliennes, qui ont notamment visé Téhéran, ont fait au moins 224 morts et plus d'un millier de blessés en Iran, selon un bilan officiel établi dimanche.
Les salves de missiles iraniens tirées en riposte sur Israël ont fait au moins 24 morts depuis vendredi, selon le bureau du Premier ministre israélien. Ce bilan s'est alourdi lundi de onze morts, dont huit tués pendant la nuit à Petah-Tikva, Bnei-Brak et Haïfa.
Une frappe iranienne dimanche sur une raffinerie de pétrole à Haïfa a coûté la vie à trois Israéliens, a-t-on appris de surcroît lundi après une levée de la censure militaire sur cette information.
Au petit matin lundi, les habitants de Petah-Tikva en Israël, fatigués et apeurés, ont découvert les destructions. Sur plusieurs étages, le coin d'un grand immeuble blanc a été léché par les flammes et de larges pans de murs étaient calcinés.
«Quand nous avons entendu les sirènes, nous sommes allés dans l'abri. Quelques minutes plus tard, nous avons entendu une explosion et, quand nous sommes sortis, nous avons vu les dégâts, toutes les maisons détruites», a raconté Henn, un homme dont l'appartement a été détruit.
Le Grand Bazar de Téhéran fermé
Après des décennies de guerre par procuration et d'opérations ponctuelles, c'est la première fois que les deux pays ennemis s'affrontent militairement avec une telle intensité.
Soupçonné par les Occidentaux et par Israël de vouloir fabriquer l'arme nucléaire, l'Iran dément et défend son droit à enrichir de l'uranium afin de développer un programme nucléaire civil.
Le Grand Bazar, le principal marché de Téhéran, est resté fermé. Les rues de la capitale étaient pour la plupart désertes, les magasins fermés à l'exception de quelques épiceries, et de nombreux automobilistes faisaient la queue aux abords des stations-service.
Un vendeur a signalé une augmentation des achats compulsifs, disant que son magasin «était en rupture de stocks d'eau».
Israël a lancé depuis vendredi sur l'Iran une attaque d'une ampleur sans précédent, visant des centaines de cibles militaires et nucléaires, avec l'objectif affiché d'empêcher ce pays de se doter de la bombe atomique.
Lundi, Israël a dit avoir frappé à Téhéran des centres de commandement de la Force al-Qods, l'unité d'élite des Gardiens de la Révolution chargée des opérations extérieures. Depuis vendredi, les frappes israéliennes ont tué les trois plus hauts gradés du pays et neuf scientifiques du programme nucléaire iranien.
Selon le Premier ministre Benjamin Netanyahou, Israël a aussi «détruit la principale installation» du site d'enrichissement d'uranium de Natanz, dans le centre de l'Iran.
L'AIEA a cependant affirmé lundi qu'il n'y avait «pas d'indication d'attaque» contre la partie souterraine du site, qui abrite la principale usine d'enrichissement.
Selon un média iranien, de nouvelles frappes ont aussi visé lundi l'ouest de l'Iran, dont l'une a touché une caserne de pompiers dans la province d'Ilam tandis qu'un hôpital a subi d'importants dégâts à Kermanshah. L'Iran a accusé Israël d'avoir pris pour cible cet hôpital et dénoncé un «crime de guerre».
AFP
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