Aux portes de l'Iran, les pays du Golfe s’activent pour tenter de mettre fin à la guerre
Les services d'urgence israéliens vérifient un bâtiment détruit sur le site d'une attaque de missiles iraniens dans un quartier résidentiel de Holon, dans le centre d'Israël, le 19 juin 2025. ©Jack GUEZ / AFP

Face à l'escalade militaire entre l'Iran et Israël et au risque d'une intervention des États-Unis, les pays du Golfe multiplient les efforts diplomatiques pour tenter de mettre fin à une guerre à leur porte.

Les États de cette région riche en hydrocarbures, qui abrite plusieurs bases militaires américaines, craignent un élargissement du conflit et une déstabilisation de leur ancien rival iranien, ce qui menacerait leur prospérité économique.

L'Arabie saoudite, qui a renoué avec la République islamique après des années de rupture, travaille à une désescalade «depuis le premier jour», affirme Ali Shihabi, analyste proche du palais royal.

Même s'il est peu probable «que quelque chose se produise bientôt», reconnait-il.

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président des Émirats arabes unis, cheikh Mohammed ben Zayed, ont appelé le président iranien Massoud Pezeshkian ces derniers jours.

Le président émirati s'est également entretenu mercredi avec le président russe Vladimir Poutine, un allié de l'Iran, qui a proposé une médiation.

L'attaque lancée vendredi par Israël a torpillé les pourparlers sur le dossier du nucléaire menés depuis avril entre Washington et Téhéran sous la médiation d'Oman et soutenus par ses voisins du Golfe.

«Actions imprudentes» 

Mardi, le président américain Donald Trump a appelé à «une capitulation sans condition» de l'Iran, alimentant les craintes d'une possible intervention américaine aux côtés d'Israël.

Quelques heures plus tard, le chef de la diplomatie émirati a affirmé que le président de ce pays avait «conduit des appels diplomatiques (…) afin de désamorcer les tensions et empêcher la propagation du conflit».

Abdallah ben Zayed a mis en garde contre «des actions imprudentes et mal calculées qui pourraient dépasser les frontières des deux pays», a rapporté l'agence officielle WAM.

Après l'attaque d'Israël, M. Trump a exhorté l'Iran à revenir à la table des négociations, mais selon une source proche des discussions, Téhéran a informé le Qatar et Oman qu'il «ne négocierait pas tant qu'il est attaqué».

Mascate, médiateur traditionnel entre les États-Unis et l'Iran, dit poursuivre ses efforts diplomatiques pour apaiser les tensions.

Doha, qui a également servi d'intermédiaire dans le passé et qui est médiateur dans la guerre entre Israël et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza, a aussi des «contacts quotidiens» avec Washington, a déclaré mardi son porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

«Il n'est pas dans l'intérêt des États du Golfe de voir l'Iran (...) s'effondrer», a écrit sur X l'ancien Premier ministre qatari, Hamad ben Jassim Al Thani, en soulignant qu'ils seraient «les premiers à être touchés» par les répercussions de la guerre.

Peu d'influence 

«À un moment donné, tous les pays du Golfe comprendront qu’il vaut mieux avoir un accord avec l’Iran, une solution diplomatique», a confié à l'AFP un diplomate arabe.

Un avis partagé par Ali Shihabi, pour qui la meilleure solution est «évidemment un accord entre l’Iran et les États-Unis ».

Longtemps à couteaux tirés avec l'Iran, l'Arabie saoudite a rétabli ses relations diplomatiques avec Téhéran en 2023 dans le cadre d'un accord conclu sous l'égide de la Chine. Les Émirats arabes unis, qui ont normalisé leurs relations avec Israël en 2020, se sont également rapprochés de l'Iran à partir de 2022.

«Alors que les Saoudiens appelaient autrefois à ‘couper la tête du serpent’, leur approche à l'égard de l’Iran a radicalement changé», souligne Hasan Alhasan, chercheur à l’institut de réflexion IISS.

Toutefois, selon lui, «les États arabes du Golfe n'ont pratiquement pas la capacité de changer le comportement d’Israël ou de l’Iran, ou d'influencer l’issue de ce conflit».

«Il est difficile de voir comment la campagne militaire d’Israël contre l’Iran, dont les objectifs semblent être rapidement passés de l’élimination des programmes nucléaires et balistiques au renversement du régime, pourrait bien se terminer pour ses voisins arabes du Golfe», souligne le chercheur.

Par Callum PATON avec Aya ISKANDARANI à Dubaï et Haitham EL-TABEI/AFP

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