
Alors que la confrontation entre Israël et l’Iran entre dans une phase critique, notamment après les frappes américaines sur des sites nucléaires de la République islamique, le Liban s’efforce de préserver sa neutralité.
Le président du Parlement, Nabih Berry, a pris les devants en rassurant les autorités américaines: le Hezbollah n’entraînera pas le Liban dans ce conflit.
Il a également donné des garanties dans le même sens au président Joseph Aoun et au Premier ministre, Nawaf Salam. Peu après la frappe américaine contre l’Iran, dans la nuit de vendredi à samedi, ce dernier avait d’ailleurs souligné que l’intérêt national exigeait de maintenir le pays à l’abri des répercussions de la confrontation en cours.
Dans le même ordre d’idées, le Hezbollah a réaffirmé son intention de ne pas intervenir, estimant que l’Iran n’avait pas besoin d’assistance, alors qu’à l’échelle internationale, on redoutait que cette formation ne décide de rééditer l’expérience désastreuse de Gaza, c’est-à-dire qu’elle ne s’implique d’une façon ou d’une autre dans ce conflit, dans lequel elle n’a rien à voir.
En visite à Beyrouth, l’émissaire américain Tom Barrack a d’ailleurs insisté sur la nécessité pour le Liban de maintenir cette neutralité et de se concentrer sur les dossiers locaux. Il a encouragé les responsables à entamer les réformes attendues, à rétablir le monopole de l’État sur les armes, et à reprendre les discussions avec Damas concernant la délimitation des frontières et la question des déplacés et des migrants.
L’ambassadrice américaine, Lisa Johnson, a, pour sa part, adressé un avertissement explicite au Hezbollah contre toute action visant les intérêts des États-Unis.
Il semble cependant que le Liban attend désormais la fin des hostilités régionales pour enclencher une feuille de route de sauvetage, qui commencerait par la réaffirmation de l’autorité exclusive de l’État sur les armes.
Sauf que sur le plan régional, la situation continue de se détériorer. La guerre entre Israël et l’Iran a franchi un nouveau seuil avec l’intervention directe des États-Unis. Dans la nuit de samedi à dimanche, une frappe américaine a visé trois installations nucléaires iraniennes sensibles, à Fordo, Natanz et Ispahan.
En réaction, Téhéran a promis de riposter fermement, incluant dans ses menaces les pays ayant permis l’usage de leur territoire pour l’opération. Il a aussi brandi la menace de fermer le détroit d’Ormuz, une mesure entérinée par le Parlement iranien, mais dont l’exécution reste du ressort des autorités sécuritaires.
Pendant ce temps, les échanges aériens et balistiques entre Israël et l’Iran s’intensifient pour la deuxième semaine consécutive, sans qu’une issue claire au conflit en cours ne se profile.
Selon des milieux diplomatiques, le risque d’un enlisement dans une guerre d’usure inquiète de plus en plus, en dépit de l’opposition majoritaire de l’opinion publique américaine (63%) et des engagements répétés du président Donald Trump à éviter toute nouvelle guerre au nom de la stabilité.
Israël, de son côté, continue de frapper les installations nucléaires et les positions du Corps des gardiens de la révolution, considérant cette guerre comme existentielle et rejetant toute forme de compromis.
L’Iran répond par des tirs de missiles, tout en conditionnant toute reprise des négociations à l’arrêt complet des attaques israéliennes. Washington, pour sa part, exige de Téhéran un abandon inconditionnel de ses programmes nucléaire et balistique, ainsi que la fin du financement des groupes armés dans la région.
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