La diaspora de \
Un Marine américain observe les manifestants irano-américains qui se rassemblent pour appeler à un changement de régime en Iran, alors que le président américain Donald Trump a annoncé un cessez-le-feu entre Israël et l'Iran, devant le Wilshire Federal Building à Los Angeles, le 23 juin 2025. ©Frederic J. Brown / AFP

Dans son épicerie de «Tehrangeles», le quartier iranien de Los Angeles, Mohammad Ghafari se fait un sang d'encre pour ses frères et sœurs restés au pays, depuis que les États-Unis ont bombardé des sites nucléaires iraniens ce week-end.

Mais entre ses dattes, prunes séchées et autres pistaches, le commerçant caresse aussi l'espoir d'un «changement de régime» dans son pays natal.

La République islamique «n'est pas capable de fournir de la nourriture au peuple perse», peste ce septuagénaire, qui est parti faire ses études à l'étranger quelques années avant la révolution de 1979 et n'est jamais revenu.

«Si les gens (là-bas) étaient heureux de changer de régime, je le serais aussi», lâche-t-il.

«Tout le monde serait heureux», rebondit Fereshteh, une de ses clientes, une retraitée qui ne souhaite donner que son prénom par peur de représailles, comme beaucoup d'habitants dans le quartier. Pour elle, «Donald Trump est un héros».

Le président américain a ordonné ce week-end des frappes contre trois sites nucléaires iraniens, apportant ainsi un soutien inédit à Israël dans son offensive contre l'Iran. S'il assure avoir agi «pour arrêter la guerre», il évoque aussi des options plus ambitieuses.

«Si le régime iranien actuel est incapable de RENDRE A L'IRAN SA GRANDEUR, pourquoi n'y aurait-il pas un changement de régime???», s'est-il interrogé sur son réseau Truth Social dimanche soir.

«Se soulever» 

Une rhétorique qui résonne avec force dans la région de Los Angeles, où vivent près de 200 000 Irano-Américains, ce qui fait de la mégapole californienne la principale antenne de la diaspora dans le monde.

Beaucoup de ses membres habitent dans l'ouest de la ville, près du campus de UCLA. Rempli d'épiceries orientales, de marchands de tapis et de librairies avec des livres en farsi, le quartier est surnommé «Tehrangeles» ou «Little Persia».

Les immigrés qui y ont élu domicile sont souvent issus de minorités persécutées en Iran – juifs, chrétiens ou assyriens –, hostiles au pouvoir des mollahs.

«Il est temps pour le peuple iranien de se soulever, car en ce moment, le régime est très faible», poursuit Fereshteh, elle-même de confession juive, et qui a fui l'Iran dans les années 80, pendant la guerre opposant son pays à l'Irak.

Donald Trump a été élu en promettant de se concentrer sur l'Amérique et de renoncer aux guerres à l'étranger. Mais parmi les clients de l'épicerie, certains aimeraient qu'il pousse jusqu'au bout sa logique interventionniste en Iran.

«Nous devrions envoyer des troupes là-bas», lance Mehrnoosh, une femme de 45 ans arrivée aux États-Unis en 2010.

«Les gens là-bas ont les mains liées», estime-t-elle, en rappelant que «le régime a tué tellement d'Iraniens il y a trois ans lors des manifestations après la mort de Mahsa Amini», une étudiante arrêtée pour avoir mal ajusté son voile.

Par Romain FONSEGRIVES/AFP

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