Washington va s'exprimer sur ses frappes en Iran après des doutes sur leur efficacité
La guerre retarde le dialogue nucléaire, Washington insiste sur la reprise ©Satellite image/2025 Maxar Technologies / AFP

Le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, doit tenir jeudi une conférence de presse après que des médias ont mis en doute l'efficacité des bombardements américains contre des sites nucléaires en Iran.

Donald Trump, qui a ordonné ces frappes dimanche en soutien à son allié israélien avant d'annoncer un cessez-le-feu mardi entre l'Iran et Israël, évoque désormais la possibilité d’un accord sur le programme nucléaire de Téhéran.

«Nous allons parler la semaine prochaine avec l'Iran, nous pourrions signer un accord», a annoncé le président américain à l'issue du sommet de l'Otan à La Haye.

L'envoyé spécial de M. Trump pour le Moyen-Orient est allé dans le même sens. «Nous avons l'espoir de parvenir à un accord de paix global», a assuré sur CNBC Steve Witkoff. «Nous avons des discussions avec les Iraniens, de multiples interlocuteurs nous contactent et je pense qu'ils sont prêts.»

Le président américain a estimé que l'Iran et Israël étaient «épuisés» par le conflit qui a été déclenché le 13 juin par Israël avec l'objectif affiché d'empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire, une ambition que Téhéran dément nourrir.

M. Trump a affirmé que le programme nucléaire iranien avait été retardé de «plusieurs décennies» par les frappes américaines.

Téhéran a admis que ses installations nucléaires avaient été «considérablement endommagées» par les bombardements israéliens et américains.

Mais des experts ont soulevé la possibilité que l'Iran se soit préparé à l'attaque en évacuant ses quelque 400 kilogrammes d'uranium enrichi à 60%, niveau proche du seuil de 90% nécessaire à la conception d'une bombe atomique.

Et selon un document classé secret-défense dévoilé mardi par CNN, les frappes auraient scellé les entrées de certaines installations sans détruire les bâtiments souterrains, retardant le programme iranien de seulement quelques mois.

La Maison Blanche a confirmé l'existence du rapport mais l'a qualifié de «tout à fait erroné».

La divulgation de CNN a provoqué la colère de M. Trump qui a annoncé une conférence de presse de M. Hegseth à 08H00 locale (12H00 GMT) afin de «lutter pour la dignité de nos grands pilotes américains».

Informations crédibles

La porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt a assuré mercredi sur Fox News que les États-Unis «n'ont eu aucune indication que de l'uranium hautement enrichi ait été déplacé avant les frappes». Elle a martelé que les installations étaient «ensevelies sous des kilomètres et des kilomètres de gravats».

John Ratcliffe, le directeur de la CIA, l'agence américaine du renseignement, a indiqué dans un communiqué que, selon «des informations crédibles», le programme nucléaire de Téhéran avait été «gravement endommagé par les frappes ciblées récentes».

Les États-Unis, alliés indéfectibles d'Israël, ont mené dimanche des bombardements qui ont selon M. Trump «complètement détruit» les trois principaux sites nucléaires iraniens à Fordo, au sud de Téhéran, Natanz et Ispahan (centre).

Selon le dernier bilan officiel iranien qui ne recense que les victimes civiles, les frappes israéliennes ont fait au moins 627 morts et plus de 4.870 blessés.

L'Iran a riposté par des tirs de missiles et de drones, qui ont fait 28 morts en Israël, selon les autorités.

Droits légitimes

Téhéran, qui a réaffirmé ses «droits légitimes» à développer un programme nucléaire civil, s'est dit prêt à reprendre les discussions avec Washington sur un accord encadrant son programme nucléaire en échange de la levée des sanctions sévères frappant son économie.

La guerre a empêché la tenue d'une nouvelle session prévue le 15 juin de ces pourparlers irano-américains sous médiation omanaise, qui avaient été lancés en avril.

La guerre a porté un «coup dur» au programme nucléaire de Téhéran mais il est «encore tôt pour évaluer les résultats de l'opération», a affirmé de son côté le porte-parole de l'armée israélienne, le général de brigade Effie Defrin.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a jugé impossible à ce stade d'évaluer les dégâts et réclamé un accès aux sites. L'agence onusienne «a perdu la visibilité sur (les stocks d'uranium enrichi) à partir du moment où les hostilités ont commencé», a expliqué mercredi son directeur général, Rafael Grossi.

Le Parlement iranien a voté de son côté en faveur d'une suspension de la coopération avec l'AIEA.

Voyant un «très mauvais signal», l'Allemagne a appelé jeudi Téhéran à ne pas suspendre cette coopération.

Commentaires
  • Aucun commentaire