Soudan: l'ONU alerte sur la famine au Darfour et propose une trêve humanitaire
Les vestiges du pont Shambat, qui relie Omdurman et Bahri, le 24 juin 2025 dans la région de la capitale soudanaise. ©AFP

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a annoncé vendredi travailler à la mise en place d'une pause humanitaire d'une semaine dans la capitale assiégée du Darfour-Nord où la population «meurt de faim», une proposition acceptée par une seule des parties au conflit.

Une guerre meurtrière oppose depuis avril 2023 l'armée menée par le général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du pays depuis le coup d'État de 2021, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) dirigées par son ex-adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo.

Depuis mai 2024, les FSR, qui contrôlent la quasi-totalité de la région du Darfour, assiègent la capitale de l'État du Darfour-Nord, El-Facher, et lancent des attaques répétées pour s'emparer de la ville d'environ un million d'habitants.

La dernière en date, vendredi, selon une source médicale à l'AFP, a fait 13 morts, dont trois enfants, et 21 blessés dans des bombardements des FSR.

«La situation est dramatique à El-Facher», a commenté devant la presse Antonio Guterres, qui a proposé lors d'un entretien téléphonique avec le général Burhane une pause d'une semaine pour permettre l'accès de l'aide humanitaire.

«La population meurt de faim dans une situation extrêmement difficile, alors nous avons besoin d'un certain temps de trêve pour distribuer de l'aide, et cela doit être accepté plusieurs jours à l'avance pour préparer l'entrée massive d'aide à El-Facher», a-t-il précisé.

«Nous prenons contact avec les deux parties dans cet objectif», a-t-il noté. «J'ai une réponse positive du général Burhane et j'ai espoir que les deux parties comprendront à quel point il est vital d'éviter la catastrophe que nous voyons à El-Facher», a-t-il ajouté.

«Actions concrètes»

Le Conseil de Souveraineté que préside le général Burhane a dit plus tôt vendredi avoir accepté cette proposition de trêve d'une semaine.

Mais une source des FSR a dit à l'AFP n'avoir reçu aucune proposition en ce sens.

Lors d'une réunion du Conseil de sécurité sur le Soudan, la sous-secrétaire générale de l'ONU pour l'Afrique Martha Pobee a laissé entendre que ce concept de pause humanitaire pourrait concerner d'autres lieux.

L'engagement pris par les parties en mai 2023 de protéger les civils «doit se traduire par des actions concrètes, a-t-elle déclaré.

Dans ce cadre, «nous espérons une pause humanitaire prévisible et limitée dans le temps pour faciliter les mouvements humanitaires vers et depuis les zones touchées par le conflit, en commençant par El-Facher, et pour permettre aux civils de partir de façon volontaire et sûre», a-t-elle indiqué.

Cette tentative de faire taire au moins temporairement les armes à El-Facher survient alors que, début juin, un convoi de l'ONU transportant de la nourriture destinée à El-Facher avait été frappé par une attaque aérienne, faisant cinq morts.

Au Soudan, la famine a été déclarée dans cinq zones, dont trois camps de déplacés près d'El-Facher. L'ONU n'a pas été en mesure de déclarer officiellement la famine à El-Facher, faute de données fiables, ce qui ne veut pas dire que les gens n'y meurent pas déjà de malnutrition.

AFP

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