Le Liban à l’heure des choix: Tom Barrack fixe les limites de la patience américaine
L'émissaire américain, Tom Barrack ©AFP

L’émissaire américain Tom Barrack a réaffirmé mardi que le désarmement du Hezbollah et d’autres factions armées au Liban, demeure une question souveraine relevant exclusivement du Liban. Il a cependant souligné que Washington n’attendra pas indéfiniment que Beyrouth prenne les bonnes décisions, bien qu’il reste engagé à soutenir le pays.

Dans un entretien accordé à la chaîne LBCI, Barrack a rappelé que les États-Unis et de nombreux pays européens, «mais pas la France» ont officiellement désigné le Hezbollah comme organisation terroriste. Il a précisé que le soutien américain au Liban s’inscrit dans une logique de d’accompagnement et non d’ingérence, dans le but d’aider le pays à se doter des éléments lui permettant de faire face à l’étape à venir.
«La région évolue rapidement. Si les Libanais ne souhaitent pas changer, qu’ils nous le disent simplement, et nous n’interviendrons pas», a-t-il déclaré.

M. Barrack a souligné que la communauté internationale offre aujourd’hui au Liban la même opportunité qu’à la Syrie, mais a mis en garde: cette fenêtre ne restera pas ouverte indéfiniment.
«Personne ne négociera éternellement avec le Liban», a-t-il averti, en insistant sur le fait que «le facteur temps est essentiel».

Il a ajouté que tout soutien international futur sera conditionné à «des échéances claires et un désarmement effectif», tout en précisant que ce processus n’a pas besoin d’impliquer la violence.

Tom Barrack a attribué sa mission diplomatique à «l’ingéniosité et au courage d’un homme: le président Donald Trump».
«Il fait preuve d’un courage, d’une détermination et d’une capacité extraordinaires. Ce qu’il n’a pas, en revanche, c’est la patience. Donc, si le Liban veut continuer à repousser le règlement du problème des armes, c’est son choix. Mais nous ne serons pas là en mai pour poursuivre cette discussion», a-t-il affirmé, en référence à la possibilité de reporter la question du désarmement jusqu’après les législatives, prévues en mai 2026.

Il a précisé que les États-Unis ne cherchent pas à influencer le système politique libanais, mais se tiennent prêts à aider si les dirigeants choisissent la voie de la réforme.
«Il n’y a ni menaces ni ultimatums. Il s’agit simplement de saisir le moment. La région change, et le Liban ne devrait pas accepter d’être laissé pour compte», a-t-il insisté.
«Nous sommes prêts à vous accompagner et à vous protéger, mais nous n’interviendrons ni dans un changement de régime ni dans la politique intérieure. Et si vous ne voulez pas de notre aide, ce n’est pas un problème. Nous rentrerons chez nous. Point final».
«Tout est en train de changer. Si vous ne voulez pas changer, si le peuple ne veut pas changer, dites-le-nous, et nous ne nous impliquerons pas».

L’émissaire américain a rendu hommage aux trois pôles du pouvoir, les qualifiant de «sincères et directs». Il a exprimé sa reconnaissance quant à la manière dont le gouvernement libanais a transmis sa réponse aux propositions américaines, «sans aucune fuite dans les médias», un fait qu’il a qualifié d’ «exceptionnel» dans le paysage politique libanais.

Commentant les discussions en cours sur le désarmement du Hezbollah, Barrack a décrit le processus comme étant une «négociation typiquement libanaise», qui se poursuivra jusqu’à ce que toutes les parties soient prêtes à conclure un véritable accord.

«Le Liban a des leaders», a-t-il affirmé, appelant les décideurs à faire preuve d’honnêteté, de courage et à prendre des risques.
Enfin, à propos de récentes rumeurs évoquant un accord régional impliquant la cession de Tripoli et de la Békaa à la Syrie, Tom Barrack a été catégorique: «C’est de la fiction».

 

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