
Le Liban a officiellement lancé, mercredi, lors d’une conférence nationale au Grand Sérail, le processus de mise en œuvre de la culture du cannabis à des fins médicales et industrielles. Placée sous le patronage du Premier ministre Nawaf Salam, la rencontre a rassemblé plusieurs ministres, parlementaires, experts et parties prenantes autour de l'application de la loi n° 178, adoptée par le Parlement en 2020. Cette loi autorise, sous un encadrement strict, la culture, la transformation et l’exportation du cannabis à des fins thérapeutiques et industrielles.
Placée sous le thème «La culture du cannabis entre réalité et ambition», la conférence a marqué une étape décisive vers l’intégration de cette filière dans l’économie productive nationale. Le gouvernement entend encadrer ce secteur émergent par des normes strictes de gouvernance, de transparence et de régulation scientifique.
Une vision économique et sociale pour la modernisation agricole
Dans son allocution, le ministre de l’Agriculture, Nizar Hani, a souligné que cette initiative ne se limite pas à un simple changement législatif, mais représente une vision économique et sociale novatrice. Il a insisté sur le fait que cette culture s’inscrit dans un modèle productif intégré allant des champs aux usines, incluant des applications pharmaceutiques, cosmétiques, alimentaires et industrielles.
Le projet, désormais encadré par la loi adoptée, vise à offrir une source de revenus durable aux agriculteurs, particulièrement dans les régions rurales marginalisées, tout en instaurant des règles strictes en matière de gouvernance, transparence et réglementation scientifique. À ce titre, le gouvernement est actuellement en train de finaliser la composition de l’autorité nationale de régulation, dont les membres sont sélectionnés sur la base de critères professionnels rigoureux.
Selon le ministère de l’Agriculture, la culture du cannabis constitue l’un des axes de la nouvelle carte agricole nationale, répondant aux défis du changement climatique, de la sécurité alimentaire et de l’économie verte. L’objectif est également de renforcer la justice environnementale et la cohésion territoriale, en revalorisant les zones rurales à travers des projets innovants et encadrés.
Soutien aux agriculteurs: conditions de réussite
De son côté, le Premier ministre Salam a mis en avant les retombées économiques, sociales et médicales potentielles de cette régulation. Il a estimé que le secteur, s’il est géré avec rigueur et transparence, pourrait générer plus d’un milliard de dollars de revenus annuels, grâce à la production directe, aux industries dérivées et aux exportations. Ce potentiel profiterait notamment aux régions rurales marginalisées, telles que la plaine de la Békaa. Il a également insisté sur la nécessité d’une gouvernance transparente, d’un contrôle scientifique strict et d’un système équitable d’octroi des licences pour éviter toute forme de monopole.
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