
Face à l'escalade dramatique des violences dans la province syrienne de Soueïda, le cheikh akl de la communauté druze du Liban, Sami Abi el-Mona, a lancé un appel solennel à la communauté internationale. Dans une lettre ouverte adressée aux chefs d’État, souverains, responsables onusiens et dirigeants d’organisations humanitaires, il implore une intervention urgente pour mettre un terme à ce qu’il qualifie de «massacre humanitaire» contre les druzes.
Dans ce message, le chef religieux dénonce les «crimes de guerre» et les «violations des droits humains fondamentaux» perpétrés contre les civils de Soueïda, dans un climat de chaos sécuritaire croissant. Il évoque le sort tragique de nombreux innocents: enfants massacrés, femmes agressées, vieillards humiliés, malades torturés, maisons incendiées et symboles culturels profanés.
«Nous vous adressons cet appel au nom de chaque victime de la barbarie et de la haine. Ce qui se passe à Soueïda ne peut être réduit à un conflit local, il s'agit d'une tragédie humaine qui appelle une réponse internationale immédiate», affirme le cheikh.
«Agir maintenant, pas demain»
Le cheikh Abi el-Mona fustige l’usage disproportionné de la force par l’État syrien et la présence de groupes extrémistes opérant sous couvert de légitimité étatique. Il critique également les ingérences étrangères qui instrumentalisent la province à des fins géopolitiques.
Il appelle les grandes puissances à intervenir «avec la rapidité de l’éclair» pour arrêter les massacres, lever le siège imposé à des centaines de milliers d’habitants et garantir les besoins vitaux de la population. Il propose que la communauté internationale parraine des accords de cessez-le-feu et soutienne des ententes durables visant à rétablir la sécurité et à préserver la participation pleine et entière des druzes à la vie nationale.
«Ceux qui ont rejeté l’entrée de l’armée à Soueïda l’ont fait par crainte d’un bain de sang. Cette peur s’est confirmée. Ceux qui demandaient des garanties n’avaient pas tort», ajoute-t-il.
Une mise en garde contre la fragmentation de la Syrie
Dans sa lettre, le cheikh rappelle le rôle historique de la communauté druze dans la défense de l’unité syrienne, et exhorte à préserver la diversité et le tissu social du Jabal el-Arab. Il met en garde également contre les risques de «fitna» (discorde sectaire) si les violences ne cessent pas immédiatement, redoutant un élargissement du conflit à l’ensemble du territoire syrien et à la région.
«La guerre, si elle ne s’arrête pas maintenant, plongera la Syrie et la région dans une spirale incontrôlable de chaos et de destruction», avertit le cheikh.
Il conclut en appelant les responsables internationaux à assumer leurs responsabilités avant qu’il ne soit trop tard.
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