
Selon les données du Conseil supérieur des douanes, les exportations libanaises ont progressé de 21% entre janvier et mai 2025, atteignant 1,5 milliard de dollars, contre 1,2 milliard un an plus tôt. Cette hausse traduit un regain de compétitivité des produits «made in Lebanon», perçus comme plus adaptés au pouvoir d’achat local et plus fiables en qualité. Les importations ont également augmenté de 16%, pour s’établir à 8,1 milliards de dollars, portées par une reprise de la demande intérieure.
Corrigée de l’inflation importée (estimée à 6,7%), la hausse réelle des importations atteint 9,3%, signe d’une relance partielle de l’activité économique. Toutefois, le déficit commercial se détériore de 14,9% à 6,6 milliards de dollars, soulignant la dépendance persistante du pays aux importations, dans un contexte de financement externe limité.
Bijoux en tête, recul des produits électriques
Les bijoux, représentant 36,8% des exportations, ont bondi de 65,7% à 545 millions de dollars, profitant de la demande sur les marchés de valeur refuge. Les métaux (15,6%) ont progressé de 26,2%, tandis que les produits alimentaires (-1,6%), électriques (-11,9%) et végétaux (-1,6%) ont reculé, révélant des fragilités sectorielles.
La Suisse devient premier client
Les exportations vers la Suisse ont été multipliées par près de quatre (à 295 millions de dollars), probablement en raison des bijoux et métaux précieux. Les Émirats arabes unis restent un partenaire clé (+17,7%), tandis que les ventes aux États-Unis chutent de 20,3%. Les exportations vers la Syrie ont bondi de 78,8%, malgré le contexte régional difficile.
Importations: hausse généralisée, Égypte et Émirats en tête
Du côté des importations, les produits minéraux arrivent en tête (1,98 milliard $, +9,5%), suivis des bijoux (1,45 milliard $, +28,2%) et des produits chimiques (+18,7%). La demande porte aussi sur les biens industriels et technologiques.
La Grèce reste le premier fournisseur (731 millions de dollars, +26,9%), tandis que les importations depuis la Chine reculent de 9,2%. En revanche, celles en provenance des Émirats (+121,8%) et d’Égypte (+89,8%) explosent, confirmant l’essor des échanges avec les pays arabes. La Turquie (+26,7%) et la Suisse (+14,4%) renforcent également leur position.
Dans le cadre de sa stratégie pour stimuler les exportations, le ministre de l’Industrie, Joe Issa el-Khoury, a prévu la création d’une entité pour la promotion des exportations, composée de conseillers chargés d’analyser les besoins des principaux marchés vers lesquels le Liban exporte.
Le secteur industriel, pilier sous-financé de l’économie
Dans ce contexte, il convient de rappeler que le secteur industriel libanais produit quelque 1.500 articles et contribue à hauteur de 10 milliards de dollars au produit intérieur brut (PIB). Il s'agit du plus grand pourvoyeur d’emplois du pays, avec près de 210.000 ouvriers et employés.
Pourtant, les crédits qui lui sont alloués dans le cadre du budget général restent modestes: ils ne dépassent en moyenne que 83 millions de dollars par an. Un déséquilibre frappant, au vu du rôle stratégique que joue ce secteur dans l’économie nationale.
S’agissant du tissu industriel, les chiffres officiels font état de 7.000 unités industrielles en activité, tandis que d'autres sources, non officielles, avancent le chiffre de 15.000 établissements.
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