Le Ballet du Japon conquiert Londres avec «Giselle»
La danseuse du Ballet national du Japon Yui Yonezawa s'entretient avec des membres de la presse lors d'une répétition publique de Giselle, dirigée par la directrice artistique de la compagnie Miyako Yoshida, au Royal Opera House, dans le centre de Londres, le 22 juillet 2025. ©Justin TALLIS / AFP

Privé du Bolchoï depuis 2022, le Royal Opera House ouvre ses portes au Ballet national du Japon avec Giselle. Une première européenne historique pour la jeune compagnie asiatique, dirigée par Miyako Yoshida.

En 2022, la déprogrammation du célèbre ballet du Bolchoï au Royal Opera House de Londres, suscitée par la guerre en Ukraine, fait germer une idée: ouvrir la scène de ce temple de la danse au Ballet national du Japon.
Plus de trois ans et demi plus tard, le projet est sur le point de devenir une réalité pour cette compagnie fondée en 1997, qui doit se produire du 24 au 27 juillet à Londres. Une première.
Au programme, un classique du répertoire romantique: Giselle, ballet créé en 1841.
Miyako Yoshida, 59 ans, la directrice artistique du Ballet national du Japon, est une habituée de l'institution britannique.
Elle y a été principal dancer, l'équivalent de danseur étoile à l'Opéra de Paris, de 1995 à 2010.
Elle fut surtout la première danseuse japonaise à accéder à cette distinction au Royal Opera House. Aujourd'hui, ils sont onze danseurs japonais (soit près de 10 % de la compagnie), dont trois principal dancers.
Alors forcément, revenir sur cette prestigieuse scène n'est pas seulement «un rêve devenu réalité», c'est aussi beaucoup de «pression», souligne l'ex-danseuse auprès de l'AFP.
Tout commence en février 2022. Alors que la Russie vient d'envahir l'Ukraine, l'institution britannique annonce la déprogrammation de la tournée estivale du célèbre ballet moscovite du Bolchoï.
C'est là que Kevin O'Hare, le directeur du Royal Ballet, et «ex-camarade de classe» de Miyako Yoshida, lui soumet une idée: faire venir sa compagnie, en remplacement.
«Je n'aurais jamais cru que cela arriverait si vite», se rappelle avoir pensé l'ex-ballerine, citant un calendrier trop serré mais aussi des problèmes de financement.

Histoire d’amour impossible

En bref, «c'était trop tôt», résume-t-elle. À demi-mot, elle évoque aussi la pression pour cette compagnie, qui, si elle se targue de pouvoir danser sur un vaste répertoire, qu'il soit classique ou moderne, n'était peut-être pas tout à fait prête à succéder à l'une des plus anciennes et plus prestigieuses compagnies de ballet au monde.
Jeune, cette compagnie s'est déjà produite aux États-Unis, en 2008, mais aussi au Bolchoï l'année suivante.
Mais c'est la première fois qu'elle se produira sur une scène européenne, avec un ballet, certes devenu universel, mais qui reste un monument du romantisme occidental.
«J'ai essayé de le simplifier», assure-t-elle. «Parce que pour les jeunes, ça peut paraître démodé». Pour ce faire, elle a voulu revenir à l'essence même de ce ballet qui raconte une histoire d'amour impossible.
Pour cela, elle a pu s'appuyer sur le chorégraphe Alistair Marriott. Leur version veut se distinguer par sa sobriété formelle.
Pour Miyako Yoshida, ces quatre soirées (et un après-midi) de représentations ont un objectif clair: «faire connaître le Ballet national du Japon partout dans le monde» et permettre à ses 75 danseurs d'évoluer dans d'autres compagnies. Européennes ou non.

Par Alexandra DEL PERAL / AFP

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