
À Nairobi, des milliers de passionnés ont célébré la Journée internationale des cow-boys et cow-girls dans une ambiance digne du Texas. Le Kenya s’impose comme le berceau africain de la musique country, portée par une scène locale vibrante.
La fête a lieu au Kenya, mais l’ambiance semble tout droit venue du sud de l’Amérique: une mer de chapeaux de cow-boy et de bottes hautes sur une bande-son d’histoires gorgées de whisky, de chagrins d’amour et de bons vieux copains.
Le Kenya est devenu le foyer improbable d’une scène country en plein essor, probablement la plus importante d’Afrique, comme en témoignent les milliers de personnes qui ont dansé dans un champ de Nairobi ce week-end à l’occasion de la Journée internationale des cow-boys et cow-girls.
Le public du festival s’est déchaîné pour le roi de la scène country locale, «Sir Elvis» Otieno, qui, avec sa voix de baryton grave, a entonné des classiques comme Take Me Home, Country Roads mêlés à des tubes plus récents comme Down to the Honkeytonk.
Les parents de Sir Elvis lui ont donné le prénom d’un autre roi de la musique décédé quelques mois avant sa naissance en 1977, et l’ont ensuite élevé au son de légendes de la country comme Jim Reeves et Alan Jackson.
«À mes débuts, c’était un genre musical très peu répandu» au Kenya, a-t-il confié à l’AFP lors du festival. «C’est un rêve devenu réalité de voir un public comme celui-là aujourd’hui».
Il existe des liens, a-t-il expliqué, avec les traditions locales, notamment la musique narrative de la tribu Kikuyu, connue sous le nom de Mugithi. «La musique folklorique kikuyu utilise le même type de langage, elles s’inspirent beaucoup l’une de l’autre», a déclaré Elvis.
«C’est vraiment fou – même à des milliers de kilomètres de distance, le message est le même».
«Vie, amour, haine, pardon»
Anne Anene, 26 ans, se souvient encore de la chanson qui l’a convertie à la musique country: Do I Ever Cross Your Mind ? de Dolly Parton.
«Ses chansons me parlent toujours, car elles véhiculent des messages profonds et racontent généralement ce que je suis en train de vivre», explique la conseillère clientèle pour une compagnie d’assurance maladie.
«J’ai toujours rêvé d’aller au Texas ou à Nashville un jour», confie-t-elle. «J’aimerais visiter les ranchs, j’aime l’équitation, j’aime la vie de ranch; le calme, la sérénité».
Les vêtements sont également un élément important de l’attrait du festival.
Le festival était organisé par Reja Manyeki, qui dirige une entreprise de vêtements et d’événements appelée Cowboys and Cowgirls.
Son entreprise a connu un démarrage timide lorsqu’il a ouvert en 2018, mais «maintenant, les gens adorent la musique country. Elle touche tous les niveaux (de la société)», dit-il.
«Nous organisons des événements sur le thème des cow-boys, des anniversaires, des mariages, des fêtes de fin d’année (…) Maintenant, tout le monde y vient, même les écoles».
Les grandes communautés agricoles et chrétiennes font par ailleurs du Kenya un terreau fertile pour la musique country et gospel.
Le premier à se produire sur scène au festival a été Samson Maombe, qui a cumulé des millions d’écoutes grâce à ses interprétations en swahili de chansons country chrétiennes.
Mais pour «King George» Gustavo, présentateur principal du festival, ce sont les récits de la vie quotidienne qui le captivent et lui font écouter Alan Jackson «tous les jours».
«Les paroles (des chansons) parlent de la vie, de l’amour, de la haine, du pardon, de la tromperie, de l’alcool…», raconte-t-il. «On s’y identifie, et puis, évidemment, il y a un peu de danse».
Pour Anne Anene, la fan de Dolly Parton, la country est aussi une échappatoire.
«Dans ce monde confus, rempli de drames, la country est la seule chose qui a du sens pour moi. Elle m’a permis de trouver la paix».
Par Eric RANDOLPH / AFP
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