
Vice-champion en titre, le Liban rêve d’un premier sacre continental. Mais dans le redoutable groupe A, entre blessures, ego et pression populaire, le chemin du sacre débute dans la tourmente.
Du 5 au 17 août à Djeddah, la sélection libanaise tentera de faire oublier les tensions et les coups du sort. Arakji est rétabli, mais il se pourrait qu’il ne dispute pas les deux premiers matchs. El-Darwich pourra-t-il porter l’équipe? Et que vaut une promesse si elle est forcée, Jamaleddine?
Une formule impitoyable
Le décor est planté. Seize nations, quatre groupes, un trophée convoité: la FIBA Asia Cup 2025 se déroule en Arabie saoudite, à la King Abdullah Sports City de Djeddah. Le Liban, finaliste malheureux en 2022, rêve toujours d’un premier titre continental. Mais pour cela, il faudra survivre à un groupe A particulièrement relevé.
Dans cette poule, le Liban devra affronter l’Australie, double tenante du titre et véritable ogre du basket asiatique depuis 2017, la Corée du Sud, nation imprévisible mais aguerrie, et le Qatar, hôte du prochain Mondial. Seul le premier de chaque groupe se qualifie directement pour les quarts. Les deuxièmes et troisièmes devront passer par un barrage sans filet. Le calendrier des Libanais: mercredi 6 août contre le Qatar (21h, heure de Beyrouth), vendredi 8 contre l’Australie (18h) et dimanche 10 contre la Corée (18h), heure de Beyrouth.
Une campagne qualificative sans fausse note
Le Liban ne débarque pas à Djeddah les mains vides. Fort d’un parcours qualificatif parfait – six victoires en six matchs –, il s’est forgé une identité basée sur la défense, la vitesse de transition et l’adresse longue distance. Une dynamique prolongée par la victoire récente en Coupe de Beyrouth internationale, un tournoi amical mais révélateur du potentiel du groupe.
Arakji: rétabli mais ménagé
Le nom de Wael Arakji continue de cristalliser l’attention. MVP de la dernière édition, héros de Jakarta, le meneur gaucher a fait son retour à l’entraînement après une blessure à l’épaule contractée lors du Final 8 asiatique avec Riyadi. Rétabli, il a néanmoins été ménagé en fin de préparation, et pourrait ne pas disputer les deux premières rencontres à Djeddah, par précaution.
Le staff technique reste prudent, évoquant «une montée en puissance progressive». Si son absence se confirme en début de compétition, c’est tout un équilibre qu’il faudra recomposer, au risque de compromettre l’entrée en matière.
El-Darwich, nouveau patron
Qu’à cela ne tienne, Sergio el-Darwich est prêt. L’arrière de 28 ans incarne le nouveau visage du basket libanais: travailleur, combatif, explosif. Meilleur marqueur du Liban lors du tournoi pré-olympique de Valence (16,3 pts, 5 rbds, 4 pds), MVP du championnat national, il est en passe de s’engager avec une franchise japonaise.
Polyvalent, athlétique, doté d’un tir fiable et d’une grande lecture du jeu, El-Darwich devrait endosser un rôle de patron offensif, aux côtés de Ali Mansour, dont l’énergie et la percussion seront également précieuses sur la ligne arrière.
Dedric Lawson, l’arme intérieure
Dans la raquette, c’est Dedric Lawson qui fera office de rempart. Naturalisation réussie, rendement constant, l’Américain passé par Kansas a convaincu par sa capacité à défendre, poser des écrans, capturer des rebonds offensifs et faire jouer ses coéquipiers. Un intérieur moderne, à la fois sobre et efficace.
À ses côtés, Ali Haidar continue d’apporter son leadership, tandis que Hayk Gyokchyan complète un secteur intérieur robuste, prêt à livrer bataille face aux gabarits océanien et coréen.
Jamaleddine, retour sous pression
Le feuilleton Omar Jamaleddine aura animé l’avant-tournoi. L’ailier de La Sagesse avait décliné sa convocation, invoquant une indisponibilité médicale, aussitôt jugée «peu convaincante» par le président de la Fédération, Akram Halabi. Menacé de sanctions, le joueur a finalement plié, annonçant son retour via Instagram dans un message convenu.
Un retour contraint, donc. Suffira-t-il à raviver l’engagement? Le terrain sera seul juge, mais les tensions internes ne demandent qu’à resurgir en cas de faux pas.
Un rêve intact
Le sélectionneur serbe Miodrag Perisic n’a pas été épargné: blessures, retards, ego, pression populaire. Mais il connaît ses hommes, et sait qu’un tournoi ne se gagne pas sur le papier. Avec Amir Saoud, toujours capable de sortir de sa boîte, le talent brut de Youssef Khayat, la précision de Jad Khalil, la grinta de Haidar, l’intensité de Mansour et la montée en puissance d’El-Darwich, le Liban a des arguments.
Reste à trouver l’alchimie, à fédérer les ego, à transformer les blessures en force. Trois ans après Jakarta, l’heure est venue d’écrire un nouveau chapitre.
Un souffle d’espoir dans un pays à bout
Dans un Liban meurtri, fracturé, où l’unité nationale semble chaque jour plus illusoire, le sport – et le basket en particulier – offre une parenthèse salutaire. Une équipe, un maillot, un drapeau. Peut-être que cette bande de joueurs, entre blessures et bravoure, entre promesses et doutes, trouvera à Djeddah ce que tant de Libanais cherchent: un motif de fierté, un sentiment d’appartenance, un rayon de soleil.
Et qui sait? De ce ballon orange pourraient bien jaillir les couleurs de l’espoir.
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