
Le ministre de l'Information, Paul Morcos, a annoncé jeudi que le Conseil des ministres libanais avait approuvé le retrait de tous les groupes armés du territoire libanais, « y compris le Hezbollah », et le déploiement de l'armée libanaise (LAF) dans les zones frontalières.
« Nous prendrons les décisions appropriées sur la base du plan de mise en œuvre qui sera présenté par le commandement de l'armée à la fin du mois », a déclaré M. Morcos dans un communiqué de presse à l'issue de la réunion du Conseil des ministres.
Lisant le communiqué officiel, M. Morcos a déclaré que les ministres avaient tenté de persuader leurs collègues chiites de rester en séance grâce à plusieurs propositions soumises par le Premier ministre Nawaf Salam et d'autres ministres.
« Le président Joseph Aoun tenait à ce qu'ils continuent à participer, mais ils ont choisi de se retirer uniquement pour éviter d'être présents lors de la prise de décision, rien de plus », a ajouté M. Morcos. Il a souligné que leur retrait ne signifiait pas une sortie du gouvernement et ne compromettait pas l'équilibre confessionnel ou le principe de « consensus » dans la gouvernance.
M. Morcos a également déclaré que le Conseil des ministres avait approuvé les objectifs énoncés dans l'introduction d'une proposition américaine visant à consolider la cessation des hostilités, à la suite d'amendements précédemment introduits par des responsables libanais.
Parallèlement, il a noté que le président Aoun avait reçu des appels internationaux signalant le début d'efforts coordonnés au niveau international et arabe pour sauver l'économie libanaise en difficulté, ajoutant que « les préparatifs sont en cours pour soutenir ces efforts ».
Le Cabinet a également approuvé l'engagement de négociations indirectes visant à délimiter les frontières du Liban avec Israël et la Syrie.
À l'issue de la session, le Premier ministre Nawaf Salam a annoncé que le gouvernement avait approuvé les « objectifs » énoncés dans l'introduction de la proposition américaine présentée par l'ambassadeur Tom Barrack, qui vise à renforcer le cessez-le-feu le long de la frontière sud du Liban.
Dans une déclaration publiée sur X, M. Salam a souligné que ces objectifs visent à garantir le plein exercice de la souveraineté libanaise et à réaffirmer que les décisions relatives à la guerre et à la paix relèvent exclusivement de l'État.
أقرّت الحكومة اليوم "الأهداف" الواردة في مقدمة الورقة الأميركية لتثبيت وقف إطلاق النار التي استلمناها من السفير توم باراك، وهي:
— Nawaf Salam نواف سلام (@nawafsalam) August 7, 2025
1- تنفيذ لبنان لوثيقة الوفاق الوطني المعروفة بـ"اتفاق الطائف" والدستور اللبناني وقرارات مجلس الأمن وفي مقدمها القرار 1701 واتخاذ الخطوات الضرورية لبسط…
Réagissant à cette décision, l'envoyé américain Tom Barrack a salué cette initiative comme une mesure « historique et courageuse », applaudissant le président, le Premier ministre et le Cabinet pour avoir pris des mesures décisives.
Retrait de trois ministres
Les ministres chiites, Rakan Nassereddine, Tamara el-Zein, Mohammad Haydar, puis Fadi Makki s’étaient retirés de la réunion au cours de sa tenue.
«Je reviendrai et j'assisterai aux sessions, et je ne les boycotterai pas, même si les ministres du Hezbollah et d'Amal les boycottent», a déclaré le ministre du Travail, Fadi Makki. «Je ne serai jamais un moyen de boycott et d'obstruction, mais je suis parti pour donner à mes collègues une chance de reconsidérer leur position», a continué le ministre.
Les ministres se sont retirés de la séance pour protester contre le fait que le gouvernement n’a pas accepté d’ajourner l’examen de ce document jusqu’après le 31 août, date à laquelle l’armée est supposée soumettre le plan qu’elle envisage pour le désarmement des groupes armés, avant la fin de l’année. La réunion s’est poursuivie sans euaitx.
Le président a eu un tête-à-tête d’une demi-heure avec le Premier ministre, Nawaf Salam, avant l’ouverture des débats, en présence des ministres chiites (à l’exception du ministre des Finances, Yassine Jaber, qui se trouve à l’étranger). Ces derniers expriment de fortes réserves au sujet de la décision des autorités de désarmer tous les groupes armés au Liban avant la fin de l’année. Deux d’entre eux, Rakan Nassereddine et Tamara el-Zein, s’étaient d’ailleurs retirés du Conseil des ministres de mardi en signe de protestation contre cette décision.
Avant l’ouverture de la réunion de jeudi, le ministre du Développement administratif, Fadi Makki, qui s’était gardé d’emboîter le pas à ses deux collègues, mardi, a indiqué qu’il compte « faire entendre sa position de manière indépendante durant la sé ance».
Mardi, il avait essayé de convaincre le président et le gouvernement de ne pas fixer de délais pour un désarmement du Hezbollah et proposé de procéder d’abord à un examen de la situation sur le terrain.
S’il a écarté la possibilité d’un boycott de la réunion de jeudi, il s’est montré évasif quant à la position qu’il pourrait prendre au cas où le gouvernement entérinerait les propositions américaines.
À la question de savoir s’il quitterait la séance au cas où les quatre ministres chiites s’en retiraient, il a ainsi répondu: «Chaque chose en son temps.»
«Une séance sans consensus politique ne sert pas l’intérêt général», a-t-il encore dit.
Le Hezb contre-attaque
Alors que le cabinet était réuni, le bloc parlementaire du Hezbollah a fait paraître un communiqué dans lequel il a appelé celui-ci à «corriger l’erreur dans laquelle il s’est engagé, en cédant aux exigences américaines qui servent les intérêts d’Israël et placent le Liban sous tutelle américaine».
Le communiqué, au ton agressif, accuse «certains responsables de s’aligner sur les diktats extérieurs et les pressions américaines, sans égard pour l’intérêt national suprême ni pour les exigences de l’unité intérieure».
Passé maître dans l’art de déformer les constantes et les exigences de l’intérêt national, pour sauvegarder son seul intérêt, le Hezb a accusé le Premier ministre d’être «revenu sur tous les engagements pris dans sa déclaration ministérielle». Il n’a pas non plus épargné le président Aoun, estimant que l’examen de la feuille de route américaine est «en contradiction avec le discours d’investiture».
Le bloc du Hezb a dénoncé «une précipitation suspecte et illogique du gouvernement et de son chef», les accusant d’agir «en violation de l’esprit du Pacte national et de remettre en cause les fondements de l’Accord de Taëf, qui garantit au Liban le droit de se défendre».
«Les tentatives désespérées de s’attaquer à l’arsenal de la résistance offrent un service gratuit à l’ennemi israélien et privent le Liban de l’un de ses principaux atouts de force, dans un contexte d’agressions israéliennes continues contre la souveraineté libanaise et d’assassinats quasi quotidiens visant civils et résistants», ont-ils avancé.
Poursuivant une déformation systématique de la réalité, le bloc a invité le gouvernement à «rétablir la primauté de l’intérêt national en mobilisant tous ses moyens, notamment à travers une diplomatie libanaise jusqu’ici défaillante, afin de contraindre Israël à appliquer les termes de l’accord de cessez-le-feu, que le Liban a, contrairement à Israël, entièrement respecté».
Pour lui, la priorité consiste à élaborer une stratégie nationale de défense.
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