Canicule et black-out: le quotidien éprouvant d’un été au Liban
©Ici Beyrouth

Au Liban, les saisons ont chacune leur charme: l’automne a ses pluies, l’hiver, ses tempêtes, le printemps, ses fleurs… et l’été, ses black-out. Comme un mauvais feuilleton qui revient chaque année, on retrouve les mêmes ingrédients en été: une panne majeure ou un manque de fuel, et quelques excuses techniques.

Dans la nuit du 10 au 11 août, peu après minuit, le pays a replongé dans son spectacle favori: le noir complet. Un «incident technique grave (expression désormais familière) a frappé la centrale principale de Zouk», confie une source d’Électricité du Liban à Ici Beyrouth.

Cette fois, la coupable est une baisse d’isolation d’un isolateur de liaison, causée par un mélange explosif: humidité élevée et températures caniculaires, qui avait également affecté la centrale de Deir Ammar (150 MW) au Liban-nord. Résultat: la turbine à vapeur de Deir Ammar a rendu l’âme – provisoirement –, victime d’une surchauffe.

Effet domino, donc: plusieurs régions, surtout dans le nord du pays, se sont retrouvées privées de courant. Les équipes d’EDL ont alors lancé la mission «Opération lumière»: reconnecter les turbines à gaz de Zahrani et Deir Ammar, réveiller les moteurs inversés de Zouk et Jiyeh, et refroidir la turbine à vapeur défaillante. Un chantier de 24 heures… en théorie.

Le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Joe Saddi, a suivi de près les efforts déployés pour régler la panne généralisée qui a entraîné un black-out. Il a, dès le lundi matin, convoqué une réunion avec le directeur général d’EDL, Kamal Hayek, exigeant l’ouverture d’une enquête afin de vérifier qu’aucun acte de sabotage volontaire n’est lié à l’incident, compte tenu des soupçons entourant certaines coupures.

Dans un communiqué, le ministre a rappelé que, dès le début de son mandat, il avait été transparent avec les Libanais quant à la gravité de la situation du secteur, tout en affirmant travailler sur des solutions durables et non temporaires. Il a souligné que les conséquences d’un tel incident auraient pu être bien moindres si, au cours des quinze dernières années, de nouvelles centrales électriques modernes capables de répondre à la demande avaient été construites.

De son côté, la société Byblos Contracting Company, en charge de la concession Électricité de Jbeil, a annoncé plusieurs mesures face à la température et à l’humidité élevées, combinées à une forte consommation électrique.

Quand le courant est coupé… l’eau suit

Parce qu’au Liban, une coupure d’électricité n’arrive jamais seule. L’Office des eaux de Beyrouth et du Mont-Liban (EBML) a annoncé que l’usine de traitement de Dbayeh était à l’arrêt faute de courant. Les pompes étant immobilisées, la distribution d’eau dans Beyrouth et le Metn a été réduite.

Pour mémoire, un accord avec l’Irak devait garantir un approvisionnement en fuel afin de limiter ces crises estivales. Mais, entre procédures, paiements, logistique et autres mystères locaux, l’essence de l’accord semble s’évaporer avant même d’atteindre les centrales. Résultat: chaque été, on redécouvre que les stocks sont «limités» et que les priorités vont aux infrastructures vitales… comprenez l’aéroport et quelques autres privilégiés.

Au rythme où vont les choses, les bougies, les générateurs privés et les groupes WhatsApp «qui a l’électricité?» resteront les véritables stars de nos étés.

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