
Vladimir Poutine et Donald Trump doivent se retrouver vendredi en Alaska pour leur premier sommet depuis le retour du milliardaire américain au pouvoir. Les attentes sont très fortes pour cette rencontre, qui doit surtout porter sur la guerre en Ukraine.
Plus de trois ans et demi après le début de l'invasion russe, la perspective d'une fin des hostilités semble pourtant toujours aussi lointaine, au vu de l'incompatibilité des demandes de Moscou et de Kiev.
Voici ce que l'on sait des positions des deux camps.
Moscou: territoires et renoncement à l'Otan
En position de force sur le front, où ses troupes ont accéléré leurs avancées ces derniers mois dans des secteurs critiques, la Russie maintient des exigences maximalistes pour mettre fin à son invasion.
Vladimir Poutine insiste pour que le règlement prenne en compte les«causes profondes»du conflit, à savoir la volonté de l'Ukraine d'intégrer l'Otan, alliance militaire que Moscou considère comme une menace existentielle qui s'étend à ses frontières.
La Russie demande aussi que l'Ukraine lui cède quatre régions du sud et de l'est qu'elle contrôle partiellement (Donetsk, Lougansk, Kherson, Zaporijjia), en plus de la péninsule de Crimée, annexée en 2014.
Moscou veut aussi la levée des sanctions prises à son encontre et que l'Ukraine devienne un État neutre et démilitarisé, et donc qu'elle renonce aux livraisons d'armes occidentales et mette fin à la mobilisation militaire.
Parmi les autres demandes des Russes, présentées aux Ukrainiens dans un moratoire lors de leurs pourparlers à Istanbul entre mai et juillet, figurent la fin de la loi martiale et l'organisation d'élections présidentielles et parlementaires en Ukraine dans les 100 jours.
La Russie demande enfin que les droits des citoyens russophones en Ukraine soient garantis, notamment en ce qui concerne le statut de la langue russe, et que les groupes nationalistes soient mis à l'écart de l'armée et du pouvoir, ce qu'elle qualifie de«dénazification».
Kiev: armes et garanties de sécurité
Côté ukrainien, les exigences russes sont considérées comme inacceptables. M. Zelensky les a dénoncées comme des«ultimatums».
En Ukraine, la question des concessions territoriales est très clivante, la population ayant consenti depuis 2014 à d'énormes sacrifices humains et subi d'importantes destructions matérielles pour conserver ses frontières établies à la fin de l'URSS en 1991.
Kiev craint aussi qu'une réduction de son armée ou la fin des livraisons d'armements occidentaux ne laisse le pays sans défense si la Russie décidait de l'envahir à nouveau après la conclusion d'une paix.
Officiellement, l'Ukraine continue ainsi de réclamer le retrait pur et simple de son territoire des troupes russes, qui en contrôlent actuellement environ 20%. Elle pousse, de concert avec ses alliés, pour un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours, auquel se refuse Moscou.
Elle appelle aussi Européens et Américains à lui fournir des«garanties de sécurité»solides pour dissuader la Russie et insiste pour rejoindre l'Otan, bien que cette possibilité a été exclue par Washington.
L'Ukraine, comme autre option, a évoqué avec les Européens la création d'un contingent militaire qui pourrait être déployé dans le pays, avec le soutien de l'Otan, en cas de paix. Une possibilité également fermement rejetée par Moscou.
Européens et Américains
Pour tenter de trouver un compromis, Russes et Ukrainiens ont mené récemment trois sessions de négociations directes à Istanbul, mais celles-ci n'ont débouché que sur des échanges de prisonniers et de corps de soldats tués.
Lors de la dernière rencontre sous ce format, en juillet, les deux délégations n'ont pu que constater l'«éloignement»de leurs positions.
Les Européens, qui multiplient les contacts avec Volodymyr Zelensky ces dernières semaines, poussent de leur côté pour qu'un accord ne soit pas décidé dans le dos de l'Ukraine, entre MM. Trump et Poutine vendredi.
Malgré leurs tentatives d'influer, les dirigeants européens ont été tenus à l'écart des négociations d'Istanbul et de la reprise des contacts entre Moscou et Washington depuis janvier. Ils seront aussi absents du sommet en Alaska.
Donald Trump veut, lui, mettre fin le plus rapidement possible au conflit en Ukraine, qu'il impute à son prédécesseur démocrate Joe Biden.
Le président américain a prédit«des échanges de territoires», mais est resté vague sur ce point et sur ses attentes vis-à-vis de Vladimir Poutine.
Le dirigeant russe espère de longue date discuter avec Washington, au-delà de l'Ukraine, de toute l'architecture de sécurité en Europe.
AFP
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