Le dollar vacille, l’économie mondiale chavire
En six mois, le dollar a perdu plus de 10% de sa valeur. Une glissade historique qui pourrait redessiner l’équilibre économique mondial. ©Ici Beyrouth

Depuis janvier 2025, le dollar américain a perdu plus de 10% face aux principales devises mondiales. Du jamais vu depuis un demi-siècle. Entre imprévisibilité politique, tensions commerciales et pressions sur la Réserve fédérale, le billet vert vacille. Mais cette glissade pourrait bien rebattre les cartes de l’économie mondiale.

Le dollar, roi incontesté des devises depuis la Seconde Guerre mondiale, s’est offert en 2025 une cure d’amaigrissement express. En six mois, sa valeur a fondu de plus de 10%, un record de faiblesse depuis 1973 indique le Morningstar. À l’origine de ce plongeon: une politique commerciale erratique pilotée par Donald Trump, couplée à des tensions inédites avec la Réserve fédérale. Résultat, les marchés doutent, les devises concurrentes grimpent et le monde entier se demande si l’on n’assiste pas au début d’une ère post-dollar.

Pourquoi le dollar dégringole-t-il?

Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump joue au funambule économique. D’un côté, il menace de surtaxer les pays sans accord commercial avec Washington; de l’autre, il souffle le chaud et le froid avec des déclarations contradictoires. Cette instabilité inquiète les investisseurs.

À cela s’ajoute une pression directe sur la Fed. Le président américain critique ouvertement Jerome Powell, fragilisant l’image d’indépendance de l’institution monétaire. Or, quand la banque centrale perd en crédibilité, les capitaux s’enfuient. Plutôt que d’abandonner leurs actifs américains, les investisseurs se protègent via des stratégies de couverture: un «run to hedge», plus qu’une panique généralisée, selon le Financial Times.

Qu’est-ce que ça change?

À court terme, ce recul du billet vert engendre des gagnants et des perdants.

Côté américain, c’est une aubaine: les exportations deviennent plus compétitives, stimulant l’industrie et l’emploi. Les touristes étrangers en profitent aussi, avec un séjour aux États-Unis moins cher qu’un city-trip à Paris.

Côté européen, en revanche, l’appréciation de l’euro plombe la compétitivité. Un produit vendu en euros coûte mécaniquement plus cher sur le marché mondial.

Pour les Américains eux-mêmes, la note s’alourdit: importer des biens ou voyager à l’étranger devient plus coûteux et le remboursement de dettes libellées en devises se complique.

Vers une guerre des monnaies?

Au-delà de la conjoncture, cette baisse interroge l’avenir du système monétaire mondial. Certains économistes redoutent une «guerre des monnaies», chaque pays cherchant à affaiblir sa devise pour rester compétitif. D’autres pointent l’accélération d’un mouvement de dédollarisation, mené par les BRICS, qui multiplient les accords commerciaux hors dollar.

Dans ce climat, une vieille valeur refuge reprend des couleurs: l’or. Parce que quand les monnaies chancellent, les métaux précieux rassurent.

La chute de 10% du dollar est un séisme monétaire. Si elle réjouit les exportateurs américains, elle inquiète les marchés mondiaux, fragilise les économies européennes et relance le débat sur la domination du billet vert. La question n’est plus seulement «combien vaut le dollar?», mais «combien de temps gardera-t-il son trône?»

 

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