
Le Liban a reçu samedi un pétrolier koweïtien rempli de fuel destiné à alimenter les centrales de Zahrani et de Deir Ammar. Une arrivée qui, selon Électricité du Liban (EDL), offrira aux foyers libanais de précieuses heures d’électricité en plus par jour. Dans un pays où les coupures sont devenues aussi banales que le café du matin, l’annonce a tout d’un petit miracle.
Un soulagement, certes modeste, mais qui représente une bouffée d’air dans le quotidien des Libanais. Derrière cette cargaison se cache bien plus qu’un simple réservoir de fuel: un geste politique, une aide financière bienvenue et un symbole de rapprochement diplomatique avec les monarchies du Golfe. Dans un pays où l’électricité est devenue un luxe et où chaque heure de courant compte, ce navire koweïtien n’apporte pas seulement de l’énergie… il rallume aussi une étincelle d’espoir.
Le ministre de l’Énergie, Joe Saddi, a indiqué à Ici Beyrouth que cet accord est conclu de gouvernement à gouvernement et prévoit la livraison progressive de 133.000 tonnes de gasoil, réparties en trois ou quatre cargaisons, «au rythme qui conviendra au Koweït». Détail important, souligne M. Saddi, «la moitié de ce volume (66.000 tonnes) est offerte par l’émirat, l’autre moitié étant achetée au prix du marché». Résultat ? «Le fuel a été obtenu à moitié prix, bien en dessous de tout autre tarif disponible», assure M. Saddi.
Une précision qui ne passe pas inaperçue dans un pays étranglé par la dette publique et le gouffre financier engendré par des années de mauvaise gestion du secteur de l’électricité. Le ministre a promis que ce carburant ne créerait aucune nouvelle dette. Son financement sera assuré directement par les revenus collectés par EDL, et non en alourdissant la facture déjà salée des citoyens. Une promesse rare, qui mérite d’être notée.
«Cette aide généreuse du Koweït n’est pas une surprise», a souligné le ministère de l’Énergie dans un communiqué, rappelant que l’émirat s’est toujours tenu aux côtés du Liban dans ses pires moments. Et cette fois, c’est bien le réseau électrique qui en profite: quelques heures de lumière supplémentaires. Pas de quoi crier au miracle énergétique, mais assez pour alléger le quotidien des Libanais.
EDL a toutefois indiqué à Ici Beyrouth qu’il est encore trop tôt pour préciser le nombre exact d’heures d’électricité supplémentaires que ces cargaisons permettront de fournir, l’évaluation étant toujours en cours.
À noter que l’accord ne se limite pas au fuel. Le Koweït a également débloqué 1,5 million de dollars pour financer des études en vue de reconstruire les silos à grains du port de Beyrouth, détruits par l’explosion du 4 août 2020.
Ce soutien s’inscrit dans un contexte géopolitique particulier. Après des années de tensions entre le Liban et plusieurs pays du Golfe, les relations semblent reprendre des couleurs. Il convient de rappeler, dans ce cadre, qu’une crise diplomatique avait éclaté en 2021 à la suite des propos du ministre libanais de l’Information de l’époque, Georges Cordahi, concernant le Yémen. L’élection du président Joseph Aoun a ouvert la voie à une normalisation progressive avec les monarchies du Golfe, longtemps refroidies par l’influence du Hezbollah et de l’Iran.
Grâce au fuel koweïtien, le Liban rallume (un peu) la lumière et, avec elle, l’espoir de voir un jour ses centrales tourner autrement que par à-coups.
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