Nucléaire: pour l'Iran, le retour des inspecteurs de l'AIEA ne marque pas une reprise complète de la coopération
Retour partiel des inspecteurs de l'AIEA en Iran. La coopération reste limitée et le spectre des sanctions plane à l’approche de la date limite ©Joe Klamar / AFP

Le retour en Iran des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ne marque pas une reprise complète de la coopération sur le programme nucléaire de Téhéran, suspendue en juillet, a affirmé mercredi le chef de la diplomatie iranienne.

Le patron de l'AIEA, Rafael Grossi, a annoncé qu'une équipe de l'agence était de retour en Iran, malgré la suspension par Téhéran de sa coopération avec l'organisme onusien, dans le sillage de la guerre de 12 jours déclenchée le 13 juin par une attaque d'Israël sur le sol iranien.

L'Iran reproche à l'AIEA de ne pas avoir condamné les frappes israéliennes, puis américaines, qui ont visé ses installations nucléaires durant ce conflit.

Téhéran estime également que l'AIEA a une part de responsabilité dans le déclenchement de l'attaque israélienne surprise, lancée au lendemain du vote d'une résolution critique sur le programme nucléaire iranien au siège de l'agence.

Depuis juillet, une loi votée au Parlement iranien bannit en principe toute coopération avec l'AIEA.

«Aucun texte définitif n'a encore été approuvé concernant le nouveau cadre de coopération avec l'AIEA et des échanges de vues sont en cours», a clarifié mercredi le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, cité par la télévision d'État.

«Modalités pratiques» 

«La première équipe d'inspecteurs de l'AIEA est de retour en Iran, et nous sommes sur le point de reprendre» les inspections avait déclaré Rafael Grossi dans une interview sur la chaîne américaine Fox News diffusée mardi.

Cette décision a été prise «afin de surveiller le remplacement du combustible de la centrale de Bouchehr», la principale centrale nucléaire de production d'électricité en Iran, a souligné Abbas Araghchi.

Le ministre, et principal négociateur pour le nucléaire côté iranien, n'a fait en revanche aucune mention des sites de Fordo, Natanz et Ispahan, visés par des frappes américaines en juin.

«L'Iran est membre du Traité de non-prolifération nucléaire donc ils doivent avoir des inspections», a souligné M. Grossi, rappelant que de «nombreuses installations» se trouvaient dans le pays.

«Certaines ont été attaquées, d'autres non. Donc nous discutons du type (...) de modalités pratiques qui peuvent être mises en place pour faciliter la reprise de notre travail là-bas», a-t-il poursuivi sur Fox News.

Les pays occidentaux, États-Unis en tête, et Israël, ennemi juré de la République islamique, soupçonnent de longue date l'Iran de vouloir se doter de la bombe atomique.

Téhéran se défend vigoureusement d'avoir de telles ambitions militaires mais insiste sur son droit au nucléaire pour des besoins civils.

La menace des sanctions 

Le retour des inspecteurs de l'AIEA intervient alors que l'Iran a repris des négociations avec Paris, Berlin et Londres, qui menacent de rétablir les sanctions contre Téhéran.

L'Iran a déclaré mardi «négocier de toutes ses forces» pour empêcher les Européens de déclencher le mécanisme de rétablissement des sanctions prévu par l'accord international conclu en 2015 sur le nucléaire iranien.

Le trio européen - E3 en langage diplomatique - avait trouvé avec la Chine, la Russie et les États-Unis cet accord avec l'Iran prévoyant d'importantes restrictions à son programme nucléaire en échange d'une levée progressive des sanctions de l'ONU.

Washington a décidé de s'en retirer en 2018 sous la première présidence de Donald Trump et a rétabli ses propres sanctions. Depuis, Téhéran s'est affranchi de certains engagements pris, notamment sur l'enrichissement d'uranium.

Paris, Londres et Berlin menacent d'activer une clause prévue par l'accord de 2015, et qui expire le 18 octobre, pour rétablir les sanctions internationales, si aucune solution négociée n'est trouvée d'ici fin août. L'Iran conteste leur légitimité à le faire.

Téhéran a appelé mardi les Européens et le Conseil de sécurité de l'ONU à faire le «bon choix» après de nouveaux pourparlers mardi à Genève.

Moscou a de son côté proposé mardi au Conseil de sécurité de repousser de six mois, «jusqu'au 18 avril 2026» la date limite pour l'activation du mécanisme de rétablissement des sanctions, selon un projet de résolution consulté par l'AFP.

Selon l'AIEA, l'Iran est le seul pays non doté de l'arme nucléaire à enrichir de l'uranium à un niveau élevé (60%), bien au-delà de la limite de 3,67% fixée par l'accord de 2015.

Pour fabriquer une bombe, l'enrichissement doit être poussé jusqu'à 90%, d'après l'AIEA.

Avec AFP

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