Les écoles catholiques à l'épreuve des crises: état des lieux
Le 31e colloque des écoles catholiques a été tenu mardi 2 septembre au collège Notre-Dame de Louaïzé à Zouk Mosbeh. ©ANI

À quelques semaines de la rentrée scolaire prévue le 15 septembre, les écoles catholiques du Liban ont lancé mardi leur 31ᵉ colloque annuel au collège Notre-Dame de Louaïzé, à Zouk Mosbeh. Placée sous le thème «Vers une éducation plus humanisante à l’ère de la numérisation: espérance pour le présent et vision pour l’avenir», cette édition s’est tenue sous le patronage du patriarche maronite Béchara Raï.

L’événement a réuni de nombreuses figures religieuses, diplomatiques, politiques et éducatives, parmi lesquelles le nonce apostolique Paolo Borgia et l’ambassadeur de France, Hervé Magro. Les discussions ont porté sur l’urgence d’adapter l’éducation aux défis du numérique tout en préservant ses dimensions humaines.

Si ce thème constitue un enjeu majeur, il est également essentiel de dresser un panorama précis de la situation actuelle des écoles catholiques au Liban afin de mieux appréhender les défis auxquels elles font face.

État des lieux des écoles catholiques

Le Liban compte aujourd’hui 210 écoles catholiques, contre 320 il y a quelques années, conséquence des crises économique, sanitaire et sécuritaire récentes, précise le père Youssef Nasr, secrétaire général des écoles catholiques, interviewé par Ici Beyrouth en marge du colloque. Ces établissements, en majorité francophones, sont répartis sur l’ensemble du territoire libanais. Parmi eux, 90 écoles sont gratuites, 20 anglophones et 19 techniques.

Au total, les écoles catholiques scolarisent environ 200.000 élèves, soit 20% de l’ensemble des élèves libanais et 30% des élèves du secteur privé, souligne le père Nasr. Pour la rentrée 2023-2024, le Centre de recherche et de développement pédagogique (CRDP) recense 1.083.849 élèves inscrits dans l’enseignement général au Liban, répartis ainsi: 43,43% dans le public, 42,76% dans le privé payant, 11,62% dans le privé gratuit, et 2,19% dans les écoles de l’Unrwa (agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens).

Une éducation tournée vers l’humain

Le père Nasr résume la mission des écoles catholiques en deux piliers fondamentaux: «Éducation et culture. Éduquer l’élève en développant son intellect et sa culture, mais aussi en forgeant sa personnalité à tous les niveaux: intellectuel, social, culturel, spirituel et humain.»

Il insiste sur la nécessité d’adapter cette éducation à la transition technologique actuelle: «Il faut que l’élève soit capable d’utiliser l’intelligence artificielle. Nous avons commencé à intégrer le STEAM  – Science, Technologie, Ingénierie, Arts et Mathématiques – dans nos écoles, pour préparer les élèves aux enjeux du futur.» Cependant, «notre responsabilité est aussi de préserver l’identité et l’humanité de l’élève, afin qu’il utilise ces outils dans le bon sens», ajoute-t-il.

Défis financiers colossaux

Depuis 2019, les crises qui frappent le Liban imposent de lourdes difficultés financières aux écoles catholiques, affectant particulièrement les familles les plus démunies.

«Nous faisons tout pour que la politique sociale soit active dans les établissements. Nous recevons des aides de donateurs, même si elles ont diminué au fil des années. Malgré la hausse des frais de scolarité, notre priorité reste le droit fondamental à l’éducation», souligne le secrétaire général des écoles catholiques.

Un autre défi important concerne l’équilibre financier entre la rémunération des enseignants et la perception des frais de scolarité. Ces derniers sont calculés en répartissant le budget global de chaque école – salaires, fonctionnement et charges diverses – sur le nombre d’élèves, afin de déterminer un montant juste et équilibré.

«Il existe un déséquilibre entre les recettes et les dépenses, aggravé par la dépréciation de la livre libanaise. Cette situation nous a contraints à dollariser les salaires, ce qui a également affecté les frais de scolarité ces dernières années. Nous tentons progressivement de colmater ces brèches pour retrouver un équilibre durable.»

Malgré les turbulences, les écoles catholiques du Liban continuent de tenir le cap, fidèles à leur mission éducative et humaine adaptée aux multiples évolutions. Mais jusqu’à quand pourront-elles encore résister dans un contexte aussi incertain?

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