Goncourt 2025: Emmanuel Carrère en tête, mais rien n’est joué
L'écrivain, scénariste et réalisateur français Emmanuel Carrère pose pour un portrait lors de la 82e Mostra internationale du film de Venise, au Lido de Venise, le 31 août 2025. ©Stefano RELLANDINI / AFP

L’Académie Goncourt a dévoilé la première sélection de 15 romans en lice pour son prestigieux prix, qui sera décerné le 4 novembre. Entre auteurs confirmés comme Emmanuel Carrère, Nathacha Appanah ou David Diop, et nouvelles voix littéraires, cette rentrée s’annonce riche malgré un contexte morose. Les prochaines étapes du processus de sélection sont attendues en octobre, avec une réduction progressive de la liste.

Qui succédera à Houris, le roman de Kamel Daoud sacré en 2024? L'Académie Goncourt a dévoilé mercredi une première sélection de 15 romans, dont celui d'Emmanuel Carrère (Kolkhoze), locomotive de la rentrée littéraire.

Le nom du lauréat du plus illustre des prix littéraires français sera dévoilé le 4 novembre. D'ici là, la sélection sera réduite de 15 à huit le 7 octobre, puis à quatre le 28 octobre.

Dans cette course d'obstacles, Emmanuel Carrère, présenté comme le favori depuis des semaines, fait face à des écrivains accomplis, dont Nathacha Appanah (La nuit au cœur), Laurent Mauvignier (La maison vide) et David Diop (Où s’adosse le ciel), remarqués par la critique.

Fidèle à leur réputation, les dix membres de l'Académie Goncourt ont également sélectionné des écrivains moins expérimentés ou débutant comme Paul Gasnier (La collision), Hélène Laurain (Tambora), et Ghislaine Dunant (Un amour infini).

Leurs romans font partie des quelque 500 romans publiés entre août et octobre à l'occasion d'une rentrée qui s'est ouverte dans un climat morose pour la littérature et pourrait souffrir des incertitudes politiques et économiques.

A l'image de Kolkhoze, de nombreux romans de cette rentrée font le récit de la vie de la mère, du père ou des aïeux de l'auteur.

Dix euros

L'heureux lauréat sacré le 4 novembre au restaurant Drouant à Paris ne recevra qu'un chèque de 10 euros. Mais le Goncourt lui offrira à la fois une certaine notoriété et la promesse de vendre plusieurs centaines de milliers d'exemplaires grâce à l'effet catalyseur du fameux bandeau rouge apposé sur la couverture du livre.

Du côté des maisons d'édition, la première sélection est plutôt bonne pour Gallimard et les autres marques du groupe Madrigall (P.O.L, Minuit et Verticales). Elle est également à savourer pour de petites maisons comme Sabine Wespieser, Verdier et Marchialy, une entreprise récemment créée et spécialisée dans la non-fiction.

En revanche, Grasset, pilier de l'édition française et souvent récompensé, est absent, le roman de Sorj Chalandon (Le livre de Kells) n'ayant pas été retenu par le jury présidé par le romancier Philippe Besson.

L'Académie Goncourt va également proclamer cet automne un prix des lycéens et un autre des détenus.

Soutenu par les ministères de la Culture et de la Justice, ce dernier «donne l’opportunité à près de 600 détenus de 45 établissements pénitentiaires de se plonger dans une lecture passionnée» et de rencontrer les auteurs sélectionnés pour le Goncourt, selon ses organisateurs.

Initiés par des médias, des collectivités, des festivals ou des associations, le nombre de prix littéraires n'a cessé d'enfler ces dernières années, avec une crédibilité plus ou moins forte. Outre le Goncourt, les plus suivis sont le Grand Prix de l'Académie française, le Femina, le Médicis, l'Interallié ou le Renaudot.

Malgré leur médiatisation, les prix restent ignorés par une grande partie des lecteurs, qui privilégient les auteurs considérés comme plus grand public comme Mélissa Da Costa, Guillaume Musso ou Joël Dicker.

«Ce n'est pas très grave» de ne pas avoir le Goncourt, confiait fin août sur France Inter l'autrice belge Amélie Nothomb, dont le dernier roman, Tant mieux, figure en tête des meilleures ventes.

Par Jérôme RIVET / AFP

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