
Budget 2026: 1.051 pages, 50 articles… et toujours aucune réforme fiscale. Le projet, distribué aux ministres dans les délais constitutionnels, mise presque exclusivement sur les impôts indirects, les moins justes pour les revenus modestes. Rien de neuf: l’esprit reste le même que celui du budget 2025 et des précédents.
Un point que l’on pourrait mettre au crédit du gouvernement est sa volonté d’instaurer une discipline budgétaire. Elle se traduit par l’engagement de finaliser, d’ici à la fin de l’année, la clôture des comptes des exercices 2021, 2022, 2023 et 2024.
Un taux de change unifié
Par ailleurs, pour la première fois, le projet de budget 2026 présente une certaine cohérence: ses chiffres sont basés sur un taux de change unifié, celui de la Banque du Liban (BDL), fixé à 89.500 livres pour un dollar. Sur la forme, le déficit est officiellement nul. À cela s’ajoute une hausse – timide – des recettes, liée à une amélioration du recouvrement. Un résultat qui devrait aller de soi.
Cependant, le ministre des Finances, Yassine Jaber, semble vouloir rejouer la carte de la taxation express. Il a ainsi remis sur la table la taxe sur les carburants, adoptée le 29 mai, puis suspendue par le Conseil d’État le 15 juillet. Au lendemain de cette décision, le grand argentier s’était empressé de préciser devant la presse que la taxe avait été suspendue, et non annulée. Rappelons qu’en quelques semaines, elle avait rapporté près de 30 millions de dollars à l’État, tout en alourdissant la facture de l’énergie, du transport et des ménages.
Pas de taxe sur les fonds maritimes
Ce qui interpelle dans les grandes lignes du projet de budget 2026, c’est l’exonération fiscale accordée aux empiètements sur le domaine maritime public, et cela, alors que le Liban traverse une crise financière sans précédent.
Selon des sources non officielles, la superficie du domaine public maritime illégalement occupé est passée de près de 5 millions de m² en 2012 à 6,2 millions de m² en 2019, une progression continue en l’absence totale de sanctions et de contrôle de la part de l’État.
Or, la régularisation de ces occupations illégales et l’ajustement des redevances à leur valeur réelle pourraient rapporter 30 à 50 millions de dollars par an, sans aucun impact sur la population. À titre de comparaison, les redevances actuelles liées à ces empiètements ne dépassent pas, dans le meilleur des cas, un demi-million de dollars par an.
Budget 2026: les dépenses bondissent de 13,6%
Pour ce qui est des dépenses, le total de celles inscrites dans le projet de budget 2026 s’élève à 505.720 milliards de livres libanaises, soit l’équivalent de 5,65 milliards de dollars. Cela représente une hausse de 60.506 milliards de livres, soit environ 676 millions de dollars, par rapport au budget 2025, fixé à 445.214 milliards de livres (4,974 milliards de dollars). En d’autres termes, les dépenses prévues pour 2026 enregistrent une augmentation de 13,6% par rapport à 2025.
Comme dans tous les budgets précédents, les salaires et traitements absorbent la majorité des dépenses. Le projet prévoit toutefois un investissement notable: la construction de nouveaux bâtiments pour les administrations publiques afin de mettre fin au gaspillage lié à la location de locaux coûteux. Une mesure qui pourrait, à terme, réduire considérablement des dépenses publiques jusque-là inutiles.
Malgré quelques initiatives, le budget 2026 reste très conservateur: il reprend les mêmes taxes et redevances que le budget 2025 et maintient les injustices, notamment celles liées aux atteintes au domaine maritime de l’État.
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