«Titanic»: derrière le mythe d’un film culte, le calvaire des acteurs
«Titanic»: derrière le film culte, un tournage éprouvant. Eau glaciale, blessures, fatigue. ©Ici Beyrouth

Sous les paillettes de Hollywood, le tournage de Titanic fut un véritable calvaire pour les acteurs. Eau glaciale, blessures et scènes interminables ont laissé des traces physiques et morales, bien loin du glamour qui entoure aujourd’hui le film de James Cameron.

On l’imagine aujourd’hui comme un conte de fées cinématographique. Titanic, avec ses onze Oscars, ses scènes iconiques et son histoire d’amour inoubliable, flotte dans l’imaginaire collectif comme un sommet de glamour. Mais derrière les caméras, le tournage du film de James Cameron tient davantage du parcours du combattant que du tapis rouge. Eau glaciale, nuits blanches, blessures, stress: les coulisses du paquebot n’avaient rien d’un voyage de luxe.

Au cœur du décor, Kate Winslet et Leonardo DiCaprio plongent littéralement dans l’enfer liquide. Si l’immense bassin construit à cet effet contenait de l’eau chauffée à vingt-deux degrés, la sensation restait glaciale, surtout lors des scènes nocturnes ou prolongées. Winslet raconte encore aujourd’hui le choc thermique, la peau qui se couvre de chair de poule, les costumes alourdis par l’eau. Certaines prises nécessitaient des heures dans l’eau, la fatigue et le froid rendant chaque geste plus difficile.

Blessures et tension à fleur de peau

La légende du plateau s’écrit à la sueur et parfois au sang. Kate Winslet, en pleine scène de sauvetage, se blesse sérieusement au coude. «J’ai cru me noyer plusieurs fois», confie-t-elle dans une interview. L’épuisement est tel qu’elle attrape une pneumonie. DiCaprio, pourtant habitué aux défis physiques, sort lessivé des semaines de tournage dans des décors inondés, secoué par les longues heures sous des projecteurs brûlants, puis frigorifié dans l’eau.

Les techniciens ne sont pas épargnés: blessures, infections, chocs, entorses… Les cascades répétées, les décors parfois glissants, les accessoires flottant tout autour ajoutent à la tension ambiante. Certains jours, la rumeur court qu’un technicien a été hospitalisé pour hypothermie, qu’un figurant a glissé sur le pont incliné, ou qu’un cascadeur a fini la scène la jambe en vrac. Les conditions de sécurité, même draconiennes, ne suffisent pas toujours à éviter la casse dans un tournage d’une telle ampleur.

James Cameron, perfectionniste notoire, pousse son équipe jusqu’aux limites. On raconte que le réalisateur n’hésite pas à multiplier les prises, à refaire une scène dix, vingt fois s’il le faut. Les scènes d’évacuation, tournées de nuit, transforment la piscine géante en un chaos orchestré: cris, fumée, flots déchaînés, acteurs frigorifiés. La fatigue s’accumule. Certains craquent, d’autres tombent malades. L’ambiance se tend. Mais Cameron tient le cap, obsédé par le réalisme. Pas question de tricher avec la sensation de panique, ni de réchauffer artificiellement la détresse à l’écran.

Le rêve frôle le cauchemar

Loin du glamour des tapis rouges, Titanic devient peu à peu le théâtre d’une aventure humaine extrême. Kate Winslet l’avouera plus tard, elle a songé à abandonner. «J’étais épuisée, tout le monde était au bord du burn-out.» Leonardo DiCaprio, plus discret, laisse filtrer son soulagement de voir la fin du calvaire arriver. Mais, paradoxalement, c’est sans doute cette épreuve partagée, ce sentiment d’avoir «vécu» le naufrage autant que de l’avoir joué, qui donne au film sa puissance émotionnelle. Les regards fatigués, les gestes ralentis, la tension palpable à l’écran, tout cela vient du réel, de l’épuisement, de la douleur.

Le succès planétaire de Titanic ne doit rien au hasard. Sous la surface de l’eau, c’est une équipe à bout de souffle qui s’est battue pour offrir cette fresque bouleversante. Les cicatrices physiques et morales resteront, mais la légende aussi. Si le paquebot sombre à l’écran, la force humaine qui anime le film, elle, continue de flotter.

 

 

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