La Société Aristophil: victimes ruinées témoignent au procès de l’escroquerie
Le Français Gérard Lhéritier, président et fondateur de l’Institut des lettres et des manuscrits et de la société Aristophil, pose le 2 avril 2014 à Paris. ©Martin BUREAU / AFP

Des milliers d’épargnants affirment avoir été floués par la société Aristophil, spécialisée dans les manuscrits anciens, pour un préjudice estimé à près d’un milliard d’euros. Le procès de son fondateur, Gérard Lhéritier, se poursuit à Paris jusqu’au 3 octobre.

«Une descente aux enfers»: les victimes présumées d'Aristophil ont défilé jeudi à la barre, entre «honte» et «colère» de s'être fait «berner» par la société spécialisée dans le placement de manuscrits anciens, dans laquelle elles avaient investi une partie ou la totalité de leur épargne.

Son fondateur, Gérard Lhéritier, et sept hommes, soupçonnés d'escroquerie, sont jugés depuis le 8 septembre par le tribunal correctionnel de Paris.

Aristophil aurait fait perdre près d'un milliard d'euros à des milliers de victimes présumées, dont plus de 4 500 se sont constituées parties civiles à ce jour.

Lourdement handicapée depuis l'enfance, Lydia Torres s'avance à la barre, «nerveuse» mais déterminée à raconter son histoire. Ses parents, bouchers-charcutiers, ont placé chez Aristophil les 240 000 euros versés par l'assurance après son accident. Le conseiller en gestion de patrimoine défend une «opportunité»  face à son «avenir incertain», se remémore-t-elle. Avec la promesse d'un rendement annuel à 9 %.

Elle reçoit également une carte réservée aux membres d'Aristophil, type «carte gold», lui proposant de passer une nuit dans un hôtel 5 étoiles à Paris ou à Monaco et d'aller déjeuner au Fouquet's aux frais de la société.

Tous racontent la même chose: la promesse d'un rendement annuel élevé, d'un placement «sans risque», et une «vitrine de crédibilité» matérialisée par le Musée des lettres et manuscrits, dans le 7e arrondissement de Paris, aujourd'hui fermé, où certains des trésors d'Aristophil, comme le rouleau des Cent vingt journées de Sodome écrit par le marquis de Sade, étaient exposés.

Ces manuscrits étaient des «objets tangibles», «palpables» et «valorisants pour la culture française», détaille une professeure de littérature qui a perdu plus de 500 000 euros.

Sylvie Segurel était persuadée de pouvoir revendre au bout de cinq ans les œuvres de Charles de Gaulle achetées en indivision, avec une plus-value annoncée de 40 %. Elle était rassurée d'avoir «vu dans la presse des photos de Gérard Lhéritier avec PPDA et Rachida Dati».

Invité à réagir, Gérard Lhéritier s'est dit «solidaire» de son «ancienne cliente», qui selon lui ne connaît «pas les dessous de l'affaire». L'ancien magnat des lettres et manuscrits, qui comparaît pour «escroquerie en bande organisée et pratiques commerciales trompeuses», espère la relaxe.

La justice soupçonne sa société d'avoir créé une pyramide de Ponzi, fraude financière qui repose sur le recrutement de nouveaux épargnants pour rémunérer les anciens.

Le procès doit se tenir jusqu'au 3 octobre.

Avec AFP

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