Exosomes, le nouveau mythe cellulaire
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Vésicules issues de cellules souches, les exosomes fascinent le monde de l’esthétique. Appliqués après laser ou microneedling, ils promettent une peau régénérée et lumineuse. Mais leur efficacité, leur sécurité et leur usage restent très débattus, notamment au Liban où la pratique explose: une réserve également exprimée par le Pr Roland Tomb, doyen honoraire de la Faculté de médecine de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, dermatologue et allergologue à l’Hôtel-Dieu de France.  

Difficile d’entrer dans une clinique esthétique ou de parcourir Instagram sans voir vanter les mérites des exosomes. Présentées comme la nouvelle frontière du rajeunissement cellulaire, ces minuscules vésicules issues de cellules souches font miroiter une promesse: stimuler la régénération de la peau, lisser les cicatrices, atténuer les rides, améliorer la tonicité, le tout sans chirurgie.

Mais que sont réellement les exosomes? Il s’agit de nanoparticules naturellement sécrétées par les cellules souches. Leur rôle dans l’organisme: transmettre des protéines, ARN, facteurs de croissance et messages biologiques destinés à «réveiller» les cellules voisines. En médecine esthétique, les exosomes commercialisés proviennent de cultures de cellules humaines (cordon ombilical, tissu adipeux) ou végétales. Les laboratoires les présentent comme des «activateurs» puissants de la réparation cutanée, accélérant la cicatrisation après laser ou microneedling et boostant la production de collagène.

Mais attention: en pratique, leur usage doit se limiter à une application topique (sur la peau) ou en combinaison avec le microneedling, technique qui utilise de très fines aiguilles pour faire pénétrer les exosomes dans le derme. L’injection directe d’exosomes (intradermique, intraveineuse ou sous-cutanée) n’est pas autorisée ni recommandée par les agences sanitaires. (Mayo Clinic, Plastic Surgery Association, FDA)

La promesse est séduisante. Au Liban, de nombreuses cliniques mettent en avant l’application d’exosomes juste après un soin «traumatisant» (laser fractionné, radiofréquence, microneedling), espérant accélérer la réparation, atténuer rougeurs et irritations, offrir un «coup d’éclat» visible en quelques jours. Certains protocoles ciblent également la chute de cheveux: l’application locale d’exosomes sur le cuir chevelu, souvent en complément du PRP, serait censée réveiller les follicules, renforcer la densité et stimuler la repousse.

Pourtant, le flou demeure. Peu d’études indépendantes valident l’efficacité réelle des exosomes en esthétique. La majorité des publications sont sponsorisées par l’industrie et reposent sur de faibles effectifs, voire des études animales. Les mécanismes d’action restent largement hypothétiques, et les effets à long terme sont inconnus. En théorie, les exosomes humains ne sont pas censés déclencher de réaction immunitaire, mais en pratique, aucun risque n’est totalement écarté, surtout en l’absence de contrôle strict de la provenance, de la qualité ou de la concentration du produit.

Autre point clé: aucune autorité de santé majeure, notamment la FDA américaine, n’a à ce jour approuvé les exosomes pour un usage esthétique ou médical. La FDA a même publié une alerte officielle rappelant l’interdiction d’injection d’exosomes, leur usage se limitant aux applications topiques dans le cadre de soins de soutien et uniquement sous surveillance médicale. Toute utilisation en injection directe relève du hors AMM (hors autorisation de mise sur le marché) et expose à des risques non mesurés.

Cet engouement, largement alimenté par la mode et la recherche de nouveautés, doit donc être tempéré par la prudence. Les exosomes pourraient être un complément prometteur, mais cette «révolution» promise n’a pas encore été validée.

Les exosomes illustrent la frontière mouvante entre innovation scientifique et engouement marketing. L’avenir dira s’ils s’imposeront comme dans le monde de l’esthétique… ou resteront un mirage. Prudence, patience et information restent essentiels avant toute décision.

 

Les exosomes, comment ça marche?

Un exosome est une vésicule microscopique libérée par une cellule souche. Son rôle naturel: transporter protéines, ARN messagers et facteurs de croissance pour «reprogrammer» localement la réparation tissulaire.

En esthétique, les exosomes sont appliqués sur la peau (en masque ou en sérum) juste après un soin qui ouvre les pores (laser, microneedling). Ils ne doivent pas être injectés: seule la micro-perforation de la peau par des aiguilles très fines (microneedling) autorise une pénétration efficace et sûre, sans passer la barrière réglementaire de l’injection.

 

FAQ – Exosomes, ce qu’il faut savoir

Peut-on injecter les exosomes?

Non. Les exosomes ne sont pas autorisés en injection directe (intradermique, sous-cutanée ou intraveineuse). Leur usage, validé en esthétique, se limite à l’application topique ou à la combinaison avec le microneedling (micro-aiguilles) qui favorise leur pénétration cutanée.

Sont-ils approuvés par la FDA?

Non. Aucune formulation d’exosome n’a reçu l’approbation de la FDA ou d’une autorité européenne. La FDA a même publié un avertissement officiel contre leur usage injectable ou systémique.

Les exosomes sont-ils utilisés ailleurs qu’en esthétique?

Oui, ils sont testés en dermatologie médicale et en recherche sur la régénération capillaire, notamment pour la chute de cheveux, souvent en association avec le PRP (plasma riche en plaquettes). Leur efficacité dans ce cadre reste à confirmer.

Quels sont les risques?

Ils sont en principe faibles en usage topique ou avec microneedling, mais restent mal connus: risque d’allergie, de contamination ou d’effets immunitaires si le produit n’est pas pur. Aucune complication grave n’a été rapportée à ce jour, mais le recul manque.

Combien ça coûte?

Au Liban, le soin aux exosomes coûte entre 150 et 300 dollars selon la technique, le praticien et le soin associé.

Les exosomes remplacent-ils les fillers ou le Botox?

Non. Leur rôle consiste à optimiser la récupération après un soin invasif, améliorer la texture ou stimuler la repousse capillaire. Ils ne «volumisent» pas et ne figent pas les traits.

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