
Le dirigeant des Kurdes de Syrie, Mazloum Abdi, a annoncé dans un entretien à l'AFP être parvenu à un «accord de principe» avec le pouvoir central à Damas sur l'intégration de ses troupes au sein des forces de sécurité syriennes.
M. Abdi, qui commande les puissantes Forces démocratiques syriennes (FDS), a révélé que deux délégations des forces kurdes, militaire et sécuritaire, se trouvaient actuellement à Damas pour discuter de leur intégration.
Le chef kurde avait rencontré la semaine dernière à Damas le président par intérim Ahmad al-Chareh pour tenter de lever les obstacles entravant l'application d'un accord en ce sens conclu en mars.
«Ce qui est nouveau dans nos dernières discussions à Damas est la détermination commune et la forte volonté de hâter la mise en oeuvre des clauses» de l'accord, a déclaré Mazloum Abdi, lors d'une interview tard dimanche soir dans une base militaire de la ville de Hassaké (nord-est).
«Le plus important est que nous sommes parvenus à un accord de principe sur le mécanisme d'intégration des FDS et des forces de sécurité intérieure (kurdes) au sein des ministère de la Défense et de l'Intérieur», a-t-il ajouté.
Les Kurdes, importante minorité ethnique qui contrôle de vastes étendues du nord-est syrien riches en pétrole et en blé, avaient conclu le 10 mars un accord pour intégrer dans un délai d'un an leurs institutions civiles et militaires au sein du pouvoir central.
Ils affirment que les FDS et les forces de sécurité relevant de l'administration autonome kurde comptent quelque 100.000 membres, hommes et femmes.
Soutenues par les États-Unis, les FDS ont été le fer de lance de la lutte contre le groupe jihadiste État islamique, défait en Syrie en 2019.
Divergences
Après avoir renversé Bachar el-Assad et pris le pouvoir en décembre 2024, M. Chareh avait annoncé la dissolution de tous les groupes armés et leur intégration à l'État.
M. Abdi a expliqué que «les FDS seront restructurées lors de leur intégration dans la structure du ministère de la Défense», au sein d'unités militaires, et auront un «nouveau nom».
Il a cependant reconnu qu'il existait toujours d'importantes divergences avec Damas.
«Nous réclamons un système décentralisé en Syrie, ce qui n'est pas encore accepté, et nous ne sommes pas d'accord à ce sujet», a-t-il dit. «Nous continuons à discuter pour trouver une formule (..) acceptable pour tous».
Le chef kurde a souligné que les deux parties étaient cependant sur la même ligne concernant les points importants, et notamment «l'unité du territoire de la Syrie» et «la lutte contre le terrorisme».
«Nous sommes tous d'accord pour que la Syrie ne revienne plus à l'ère des guerre, et que la sécurité et la stabilité règnent», a-t-il assuré.
Il a indiqué avoir demandé lors de sa dernière rencontre avec M. Chareh «la modification (..) de certaines clauses de la Déclaration constitutionnelle», proclamée en mars, notamment «garantir les droits du peuple kurde».
«La réaction était favorable et nous espérons que cela se fera dans un proche avenir», a-t-il encore dit.
M. Abdi a remercié les Etats-Unis et la France pour avoir facilité les négociations avec Damas.
Interrogé sur le rôle de la Turquie, hostile aux FDS, il a estimé que «tout succès des négociations dépendra certainement du rôle de la Turquie», exprimant l'espoir qu'elle adoptera une attitude favorable.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait exhorté mercredi les Kurdes de Syrie à «achever leur intégration» au sein des institutions syriennes.
Interrogé au sujet du pétrole, M. Abdi a indiqué qu'il n'avait pas encore évoqué cette question avec Damas mais qu'il l'aborderait «lors des prochaines réunions».
«Le pétrole et les autres ressources souterraines dans le nord-est de la Syrie appartiennent à tous les Syriens, et leurs revenus doivent être répartis équitablement entre toutes les provinces syriennes», a-t-il dit.
avec AFP
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