La Russie à l'esprit, l'Otan mène un exercice nucléaire
Un F-35 néerlandais a décollé mardi de Volkel pour tester le dispositif nucléaire de l’Otan, sans emporter de bombe. ©JACK GUEZ / AFP

Un avion de chasse F-35 néerlandais s’est élancé mardi depuis la base aérienne de Volkel aux Pays-Bas, sans bombe atomique, mais avec pour objectif de tester le dispositif de l’Otan au cas où cette arme de dernier recours devait un jour être employée.

Cet exercice, surnommé «Steadfast Noon», était prévu de longue date.

Il s’est toutefois déroulé juste après plusieurs incursions de drones russes dans l’espace aérien de l’Otan, offrant à l’Alliance atlantique l’occasion de démontrer toute l’étendue de ses capacités.

Pour la première fois cette année, l’Otan a autorisé un petit groupe de journalistes, dont l’AFP, à assister à l’exercice, qui s’étend sur deux semaines.

Il implique plus de 70 appareils, issus de 14 pays et environ 2 000 hommes, autour de la mer du Nord.

Cette invitation à la presse marque un tournant pour une alliance traditionnellement empreinte d’une forte culture du secret militaire, qui, il y a encore quatre ans, ne divulguait même pas le nom de ses exercices.

«Sensibiliser le grand public»

«Nous avons longtemps évité d’en parler, mais il est certainement temps de sensibiliser davantage le grand public», juge Daniel Bunch, qui dirige les opérations nucléaires à l’Otan.

«Il ne s’agit pas de montrer les muscles», affirme le colonel américain. «Mais de remplir notre mission avec assiduité, d’aller sur le terrain et de démontrer toute l’étendue des capacités dont dispose l’Alliance.»

Démontrer ces capacités, à Moscou ?

«Pas forcément», assure Jim Stokes, chargé de la politique nucléaire de l’Otan.

«Nous voulons que chacun comprenne que nous sommes une alliance nucléaire responsable, aussi transparente que possible, et que nous n’agissons pas de manière agressive», martèle-t-il.

«À la hauteur de l’enjeu»

Cet exercice de transparence a toutefois ses limites, compte tenu du caractère ultra-sensible de ces opérations.

Les journalistes ont certes pu observer une série d’avions de chasse allemands et néerlandais, capables de transporter des charges nucléaires, se ruer vers le ciel.

Mais ils n’ont pas été autorisés à voir les équipages s’entraîner au chargement des bombes factices.

La dissuasion nucléaire de l’Otan repose sur des armes américaines stationnées sur plusieurs bases en Europe.

Malgré les doutes soulevés sur la continuité de ce soutien sous la présidence de Donald Trump, les commandants insistent sur le fait que rien n’a changé dans ce domaine.

«Je ne pense pas que quiconque doive remettre en cause le rôle des États-Unis», balaye le colonel américain Daniel Bunch.

Pour ceux qui participent à l’exercice, le poids d’un tel entraînement – se basant sur l’utilisation d’armes aussi dévastatrices – est lourd à porter.

«C’est éprouvant. C’est difficile. C’est évidemment le plus haut degré de violence que peut infliger un pilote», confie le commandant néerlandais Bram Versteeg.

«La dissuasion repose sur trois éléments : il faut être compétent, crédible et savoir communiquer», estime-t-il.

«Je n’ai aucun doute que mes équipes sont à la hauteur de l’enjeu.»

 

Par Max DELANY, AFP.

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