Le financement du Hezbollah, un autre arsenal à démanteler
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Dans un article publié cette semaine dans le magazine américain Foreign Policy, Michael Jacobson et Matthew Levitt du Washington Institute for Near East Policy affirment que demander le désarmement du Hezbollah à l’armée libanaise ne suffit pas. La communauté internationale doit, selon eux, s’atteler au démantèlement du réseau financier du mouvement.

En effet, si les frappes israéliennes ont gravement endommagé les infrastructures militaires du Hezbollah, le mouvement cherche à reconstituer ses capacités. Face aux bouleversements de la région, le Hezbollah ne peut plus compter sur les voies traditionnelles d’acheminement de l’aide. À Beyrouth, le gouvernement a pris des mesures inédites, interdisant notamment d’avions iraniens d’atterrir et surveillant de plus près les transferts financiers suspects. En Syrie, le nouveau pouvoir cherche également à limiter le passage d’armes et de liquidités iraniennes vers le Liban.

Privé de ses canaux habituels, le Hezbollah tente de réactiver ses anciens réseaux internationaux de financement et d’approvisionnement. Selon les auteurs, depuis des décennies, l’organisation a tissé une toile mondiale s’étendant de l’Afrique de l’Ouest à l’Amérique du Sud, en passant par l’Europe et l’Asie. Ces réseaux lui permettent de lever des fonds à travers le blanchiment d’argent, le trafic de stupéfiants, la contrefaçon ou encore la contrebande.

En octobre dernier, le département du Trésor américain alertait sur l’activité d’un «réseau de financiers» du Hezbollah en Afrique de l’Ouest. En Amérique du Sud, le groupe tire d’importants revenus de ses opérations dans la zone dite des «trois frontières», entre l’Argentine, le Brésil et le Paraguay, un foyer bien connu de trafic et de blanchiment.

Parallèlement, le Hezbollah chercherait à se procurer, via des sociétés écrans, des composants militaires et des matériaux à double usage. En 2024, plusieurs pays européens –  dont le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Espagne – ont ainsi déjoué une vaste opération d’achat de pièces destinées à la fabrication de drones explosifs.

Mais la communauté internationale doit intensifier ses efforts pour mettre un terme aux relais financiers et logistiques du Hezbollah, préviennent Michael Jacobson et Matthew Levitt, sans quoi il demeurera une puissance armée et politique incontrôlable.

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