Les Irakiens votent mardi pour élire un nouveau Parlement pour quatre ans, ouvrant la voie à la désignation d'un nouveau gouvernement, dans un pays qui cherche à maintenir un difficile équilibre entre les États-Unis et l'Iran.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Une fois les résultats des élections ratifiés par la Cour suprême, les nouveaux députés doivent, deux semaines plus tard, prêter serment et choisir le président du Parlement, traditionnellement issu de la communauté sunnite.
Sous 30 jours, le Parlement doit ensuite élire, à la majorité des deux tiers, le chef de l'État, un Kurde.
Celui-ci doit nommer sous 15 jours un Premier ministre. Désigné par le principal bloc parlementaire chiite, il dispose d'un mois pour former un gouvernement et demander la confiance au Parlement.
Le processus est souvent compliqué, et ses étapes retardées, par les querelles politiques entre factions rivales, qui peuvent aussi gagner la rue.
Comment se forme le gouvernement ?
Les précédentes désignations d'un Premier ministre et formations de gouvernement ne se sont pas faites sans mal.
Dans les législatures précédentes, les partis de la majorité chiite ont conclu des alliances pour travailler ensemble et former un gouvernement.
Aucune coalition ne pouvant de fait prétendre à une majorité absolue, en raison de la composition communautaire du pays, le prochain dirigeant sera élu par celle qui pourra former, avec des alliés, le bloc le plus important.
Arrivé en tête en 2021, le courant du leader religieux chiite Moqtada Sadr s'est ensuite retiré du Parlement faute du soutien des autres partis chiites. Il a laissé la première place à la coalition pro-iranienne «Cadre de coordination», qui a porté Mohamed Chia al-Soudani au pouvoir.
Quel est l'enjeu régional ?
Comme son prédécesseur, le nouveau Premier ministre devra maintenir l'équilibre délicat entre les alliés de l'Irak, l'Iran et les États-Unis.
Depuis l'invasion américaine, l'Iran a vu ses alliés chiites s'installer dans les cercles du pouvoir à Bagdad.
Pendant plus de deux décennies, Téhéran a exercé une influence majeure en Irak, où il ne soutient pas seulement d'influentes personnalités politiques, mais aussi des groupes armés.
Mais «les Iraniens n'ont jamais été aussi faibles» depuis 2003, estime l'analyste politique Hamzeh Hadad, un Irakien basé aux États-Unis.
Depuis le début de la guerre à Gaza en 2023, les alliés de la République islamique - Hamas, Hezbollah au Liban, Houthis au Yémen - ont subi de lourdes pertes face à Israël, qui a aussi mené en juin une guerre de 12 jours contre l'Iran. Téhéran a en outre perdu un allié majeur avec la chute de Bachar el-Assad en Syrie fin 2024.
Les Iraniens «savent qu'il n'est pas dans leur intérêt de trop s'ingérer publiquement» en Irak, leur seul allié régional qu'Israël n'a pas dans sa ligne de mire, selon M. Hadad.
Mais l'Iran «n'a pas nécessairement à montrer sa force. Il est tout simplement devenu naturel pour les dirigeants irakiens de donner la priorité à l'Iran», ajoute-t-il.
Aujourd'hui, l'Iran a plusieurs intérêts en Irak : conserver son influence, défier l'ennemi américain avec de puissants groupes armés soutenus par Téhéran et maintenir le marché irakien ouvert aux produits de son économie exsangue.
Les États-Unis cherchent, à l'inverse, à affaiblir l'influence iranienne. Ils font depuis longtemps pression sur Bagdad pour le désarmement des groupes soutenus par l'Iran et, en sanctionnant des entités et des banques irakiennes, s'emploient à affaiblir la capacité de Téhéran à contourner les sanctions internationales. Une stratégie qu'ils devraient poursuivre.
avec AFP



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