«Michael» rallume la fièvre Jackson avant même sa sortie
Le biopic sur Michael Jackson embrase la planète avant même sa sortie. ©Ici Beyrouth

La bande-annonce du biopic Michael s’impose déjà comme un phénomène mondial, rassemblant plus de 116 millions de vues en un jour. Entre fascination collective et polémiques familiales, le film sur Michael Jackson interroge notre rapport à la légende.

Dès l’aube du 7 novembre, les chiffres affolent la chronique. Moins de vingt-quatre heures après sa mise en ligne, la bande-annonce du biopic Michael  franchit le seuil des 116 millions de vues à travers le monde. Ce record confirme la présence obsédante de Michael Jackson dans la mémoire populaire, quinze ans après sa disparition, et replace le Roi de la Pop au centre d’un débat culturel qui ne faiblit jamais. Selon WaveMetrix, jamais une bande-annonce consacrée à un biopic musical n’avait atteint un tel score, ni chez Lionsgate, le studio porteur du projet, ni ailleurs.

Le film, attendu pour avril 2026, s’inscrit déjà dans une histoire mouvementée. Réalisé par Antoine Fuqua, connu pour son sens de la tension et du rythme, ce biopic rassemble un casting qui intrigue et séduit. À la production, on retrouve Graham King, producteur oscarisé déjà à l’origine du succès Bohemian Rhapsody consacré à Freddie Mercury et Queen. Sa présence nourrit de grandes attentes autour du projet, aussi bien du côté du public que des critiques. Jaafar Jackson, neveu de la star, prête ses traits à son oncle avec une ressemblance troublante. À ses côtés, Colman Domingo incarne Joe Jackson, père redouté, tandis que Nia Long et Kat Graham prennent respectivement les rôles de Katherine Jackson et Diana Ross. Miles Teller joue l’avocat et stratège John Branca, et Kendrick Sampson entre dans la peau du producteur Quincy Jones, mentor récemment disparu. La promesse d’un casting d’exception semble être à la hauteur de la légende racontée.

Pourtant, ce projet n’avance pas sans soulever des remous. Le scénario, le choix des scènes, les coupes imposées par la succession Jackson: chaque détail cristallise les tensions. Plusieurs scènes ont été retournées, le dernier acte a été entièrement revisité, preuve de la fragilité qui entoure toute tentative d’écrire la vie d’une figure aussi controversée. Si la bande-annonce propose une plongée spectaculaire dans la lumière, la part d’ombre reste palpable. L’équilibre est précaire entre l’éloge du génie créatif et la nécessité d’aborder les drames et les polémiques qui ont ponctué la trajectoire de Michael Jackson.

La voix de Quincy Jones, réincarnée à l’écran, ouvre la bande-annonce sur une note d’attente: «Je sais que ça fait un moment que tu attends. Les musiques sont enregistrées. Les textes sont prêts. Il n'y a plus qu'à se mettre au travail.» Cette phrase sonne comme une invitation à reprendre le fil d’une histoire mondiale, celle d’un gamin prodige des Jackson 5 devenu l’une des icônes les plus influentes, les plus scrutées et les plus discutées du XXe siècle. Les images défilent, alternant extraits de scènes live, répétitions intimes, coulisses de studio, et mouvements de foule portés par la voix inimitable de la superstar. La ressemblance entre Jaafar Jackson et son oncle, jusque dans les gestes et l’intensité du regard, semble réveiller l’imaginaire de millions de fans qui n’attendaient que ce retour.

Fascination planétaire et blessures familiales

La sortie de cette première bande-annonce n’a pas apaisé les débats. Au contraire, elle a ravivé les tensions et les prises de position. Dan Reed, réalisateur du documentaire Leaving Neverland , reproche déjà au film une forme de réhabilitation qui minimiserait les accusations d’abus sexuels formulées à l’encontre de la star. Le troisième acte du film aurait été intégralement réécrit sous l’œil vigilant de la succession Jackson, soucieuse de ne pas heurter la mémoire familiale ni les intérêts du patrimoine. Ces révisions témoignent du caractère sensible du récit, où chaque choix esthétique se trouve scruté et disséqué.

La famille Jackson elle-même ne parle pas d’une seule voix. Paris Jackson, la fille du chanteur, a publiquement exprimé ses doutes quant à l’honnêteté du scénario. Après avoir lu une version du script, elle s’est dite inquiète de la fidélité du film à l’égard de la vérité familiale. À l’inverse, Colman Domingo, interprète de Joe Jackson, a pris la parole pour défendre la complexité du projet et rappeler que tout destin, aussi tragique soit-il, mérite d’être montré dans ses nuances.

L’ampleur du biopic explique les spéculations sur une éventuelle division du projet en deux volets, tant la matière à traiter semble infinie. Adam Fogelson, président de Lionsgate, a reconnu que l’équipe créative travaillait à différentes options, portée par plus de trois heures trente de séquences déjà tournées. Cette hésitation traduit à la fois la richesse et la difficulté de rendre justice à la trajectoire de Michael Jackson, à la fois génie musical, enfant blessé et figure planétaire tourmentée.

Le phénomène planétaire autour de la bande-annonce dit bien une seule chose: Michael Jackson demeure une énigme qui fascine, dérange et invite chacun à prendre parti, encore et toujours.

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