Sécurité, défense, Israël : le prince héritier saoudien attendu lundi à Washington
Le président américain Donald Trump et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane assistent à une réunion bilatérale à Riyad, le 13 mai 2025. ©Brendan Smialowski / AFP

Attendu lundi à Washington pour la première fois en sept ans, le prince héritier saoudien sera à la recherche de garanties de sécurité selon les experts, tandis que le président américain le pressera de normaliser les relations de son pays avec Israël.

Quelques semaines après des frappes israéliennes contre le Qatar, allié de Washington, le triple objectif du prince Mohammed ben Salmane consistera à « renforcer, consolider et faciliter la coopération en matière de sécurité et de défense », estime Aziz Alghashian, un expert du Arab Gulf States Institute.

Il s’agira de la première visite du dirigeant de facto du royaume à la Maison Blanche depuis l’assassinat en 2018 du chroniqueur du Washington Post Jamal Khashoggi par des agents saoudiens, qui avait suscité un tollé international et refroidi les relations entre les deux pays.

Le prince entretient des relations étroites avec Donald Trump, à qui il a réservé un accueil somptueux assorti de promesses d’investissement de 600 milliards de dollars, lors d’une visite du président en mai dans la monarchie pétrolière.

Son voyage doit durer trois jours à partir de lundi, avec une rencontre prévue avec Donald Trump mardi, a indiqué à l’AFP une source proche du gouvernement.

Un forum d’investissement américano-saoudien, consacré notamment à l’énergie et à l’intelligence artificielle, se tiendra à Washington durant sa visite, d’après le site de l’événement.

« Condition préalable »

M. Trump a récemment réitéré son souhait de voir l’Arabie saoudite – poids lourd du Moyen-Orient – reconnaître Israël en rejoignant les accords d’Abraham, un objectif diplomatique majeur qui paraît néanmoins improbable, après la guerre dans la bande de Gaza.

Avant que le conflit n’éclate, les deux pays avaient entamé des pourparlers sur une éventuelle normalisation, en échange de garanties en matière de sécurité et d’énergie.

Mais ils ont depuis été suspendus, le royaume ayant lancé une offensive diplomatique en faveur de la création d’un État palestinien, condition posée par Ryad pour toute normalisation.

« Un État palestinien est une condition préalable à l’intégration régionale (...). Nous l’avons dit à plusieurs reprises, et je ne pense pas que nous ayons été pleinement compris, car on continue de nous poser cette question », a affirmé Manal Radwan, une responsable du ministère saoudien des Affaires étrangères, lors d’une conférence début novembre à Bahreïn.

Après les frappes israéliennes, Doha avait obtenu un décret exécutif signé par Donald Trump, s’engageant à défendre le pays en cas de nouvelle attaque, un engagement que d’autres pays du Golfe aimeraient avoir, selon les experts.

Outre des systèmes avancés de défense aérienne et antimissile, Ryad chercherait à acquérir des avions F-35, dont seul Israël dispose actuellement au Moyen-Orient.

Le royaume souhaiterait également un accès aux puces américaines avancées, nécessaires pour soutenir ses ambitions en matière d’intelligence artificielle.

« Bons offices »

Alors que l’Arabie saoudite a lancé d’ambitieux projets touristiques et de divertissement pour diversifier une économie encore largement dépendante du pétrole, elle s’efforce aussi d’apaiser les tensions régionales, y compris avec son ancien rival, l’Iran.

Manal Radwan a affirmé que son pays continuerait d’offrir ses « bons offices » sur le dossier iranien, ajoutant que des « négociations directes » entre Téhéran et Washington étaient « essentielles » pour résoudre la question nucléaire.

« L’enjeu est de savoir si le prince héritier peut formaliser un cadre durable entre les États-Unis et l’Arabie saoudite qui permettrait de dissuader de manière crédible l’Iran (de se doter de l’arme nucléaire, NDLR) et soutenir la Vision 2030 », l’ambitieux projet de diversification du royaume, affirme Andreas Krieg, du King’s College de Londres.

« En échange, Washington réclamera des garde-fous plus stricts sur les liens sensibles avec la Chine, des avancées concrètes liées à une éventuelle avancée sur la question israélienne et une perspective politique crédible pour les Palestiniens », dit-il à l’AFP.

Donald Trump et Mohammed ben Salmane avaient affiché leur proximité lors de la première tournée étrangère du président américain.

Leur complicité a porté ses fruits, notamment sur le dossier syrien : M. Trump affirme que c’est le prince saoudien qui l’a convaincu de lever les sanctions contre Damas après la chute de Bachar al-Assad en décembre et de recevoir, à Ryad, le nouveau dirigeant du pays, Ahmad al-Chareh, un ancien jihadiste devenu chef d’État.

Six mois plus tard, le président américain accueillait M. Chareh à la Maison Blanche.

AFP

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