Vote crucial à l’ONU: les obstacles au déploiement de la force internationale de stabilisation à Gaza
©Ici Beyrouth

Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit lundi à 17h (22h GMT) pour voter la résolution américaine soutenant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza. Ce texte, fruit de semaines de négociations diplomatiques complexes, propose notamment le déploiement d’une «force de stabilisation internationale» chargée de sécuriser les frontières, de soutenir le désarmement des groupes armés, notamment le Hamas, et de protéger les civils.

Cependant, le plan ne précise ni le rôle exact, ni la composition, ni le nombre de troupes de cette force, ce qui entretient un flou stratégique et explique en grande partie pourquoi la résolution pourrait ne pas faire l’unanimité. Parallèlement, la Russie a avancé une proposition concurrente, refusant le déploiement immédiat d’une force internationale et demandant au secrétaire général de l’ONU de présenter d’autres options, ce qui complexifie davantage la confrontation diplomatique.

Pourquoi le recours à l’ONU était inévitable

Le recours au Conseil de sécurité s’avérait incontournable pour donner un cadre officiel au plan de paix américain. «Donald Trump a besoin de l'organisation internationale pour donner un cadre officiel et légitimer son plan. Les alliés arabes ont exigé de pouvoir avoir un mandat clair. Faute de quoi ils refuseraient de s'engager davantage», souligne David Rigoulet-Roze, chercheur à l’Institut français d’analyse stratégique (Ifas) et rédacteur en chef de Orients Stratégiques. Cette exigence rend le vote au Conseil indispensable, tout en révélant la fragilité de l’équation entre ambitions diplomatiques et contraintes opérationnelles.

La résolution devra notamment encadrer la mise en place de la force de stabilisation internationale et définir les modalités d’une gouvernance intérimaire, avec un Conseil de la paix supervisé par Trump et un comité technocratique apolitique palestinien. Or, la constitution de la force internationale soulève d’importantes réserves. Lesquelles ?

Les réticences des contributeurs potentiels

Pour les parties prenantes, à savoir principalement le Qatar, l’Égypte, les Émirats, l’Arabie saoudite, l’Indonésie, le Pakistan, la Jordanie et la Turquie, les risques opérationnels sont élevés. D’abord, le financement: la force n’étant pas prise en charge par le budget de maintien de la paix de l’ONU (parce que n’étant pas une force de l’ONU, mais mandatée par l’ONU) ce sont soit les États-Unis, soit les pays participants qui devront assumer financièrement leur contribution. Cela limite naturellement l’engagement, estime l’ancien chef de la mission militaire française auprès de l’ONU, le général Dominique Trinquand, interrogé par Ici Beyrouth.

Ensuite, la mission. Le désarmement du Hamas reste un point important et délicat, pouvant compromettre la sécurité des troupes internationales. Depuis le retrait israélien, le Hamas a progressivement repris l’ascendant sur la bande de Gaza, comme le souligne le général Trinquand. Un désarmement effectif ne peut intervenir, d’après lui, qu’avec son accord, impliquant une pression diplomatique forte, notamment du Qatar et de la Turquie. Toutefois et étant donné qu’Israël refuse le déploiement de troupes turques et qataries, cette médiation s’avère difficile.

Des propos que confirme également David Rigoulet-Roze: «Les alliés arabes se disent prêts à apporter leur contribution pour la transition, la stabilisation et un soutien à une nouvelle gouvernance, mais pas forcément pour participer de manière pro-active au désarmement du Hamas, question cruciale qui constitue le point le plus sensible du plan Trump».

Ces contraintes expliquent donc pourquoi la clarification de la chaîne de commandement, du mandat opérationnel et des mesures de protection des forces est essentielle. À ce sujet, M. Rigoulet-Roze insiste: «Tout le problème réside dans le point noir du désarmement du mouvement et de la démilitarisation de l'enclave, instrumentalisés par le Hamas pour hypothéquer la réussite du processus en cours».

Aujourd’hui et à supposer que la résolution soit votée, la constitution de la force prendra du temps et si elle n’est pas déployée rapidement, c’est-à-dire une fois la première phase du plan Trump achevée (il reste encore trois dépouilles israéliennes à remettre par le Hamas), le risque d’une reprise des hostilités à Gaza est réel.

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