À moins de deux semaines de l’arrivée du pape Léon XIV au Liban, prévue pour la fin du mois, l’organisation de l’événement entre dans sa phase finale. Selon les informations recueillies par Ici Beyrouth auprès du président du comité financier de la visite, Roger Zaccar, près de 80% des ressources nécessaires ont déjà été réunies. Les 20% restants sont encore à sécuriser pour mener à bien l’ensemble du programme.
Si le chiffre exact n’est pas officiellement communiqué, l’enveloppe globale est comparable à celle d’autres visites papales et proche de ce qu’avait coûté la venue de Benoît XVI au Liban en 2012, soit 5 millions de dollars. Autrement dit, la facture se situe dans un ordre de grandeur raisonnable pour un événement de cette ampleur.
La formation du comité : un mécanisme institutionnel et ecclésial
L’organisation de la visite repose sur un dispositif clairement défini dès l’acceptation officielle de l’invitation par le souverain pontife. Lorsque l’État libanais et Bkerké ont porté cette invitation, l’Assemblée des patriarches et évêques du Liban s’est empressée de constituer un comité dédié à la préparation de l’événement et présidé par Mgr Michel Aoun. Ce comité est chargé de coordonner l’ensemble des volets de la visite: protocole, étapes religieuses, sécurité, logistique et relations avec la nonciature.
C’est dans ce cadre qu’a donc été créé un comité financier indépendant, confié à Roger Zaccar, capable de garantir une gestion strictement transparente. Ce comité travaille en interaction constante avec la présidence de la République, les ministères concernés, la nonciature apostolique et les différentes instances ecclésiales.
Comment se répartissent les dépenses ?
Pour la visite de Léon XIV qui s’étend du 30 novembre au 2 décembre, l’État prend en charge une part de l’organisation, essentiellement via ses institutions publiques. Les forces de sécurité intérieure, l’armée et les services du ministère de l’Intérieur assureront la protection rapprochée, la sécurisation des sites, les escortes et les dispositifs de contrôle. Le ministère des Travaux publics a pour sa part financé les travaux d’asphaltage, de peinture et de signalisation sur les axes que le cortège empruntera. La présidence s’est également fortement impliquée, en prenant en charge l’accueil officiel à l’aéroport, certains aménagements du palais présidentiel et l’organisation de la grande messe prévue au centre-ville.
Le Vatican, de son côté, couvre tous les frais liés au déplacement du pape: avion, délégation, équipes techniques, véhicules officiels, sécurité interne et communication institutionnelle.
Le reste, soit la majeure partie des infrastructures temporaires, l’aménagement des espaces de rassemblement, la logistique des différentes étapes, le transport des fidèles, les équipements et la mobilisation des volontaires, relève du comité financier libanais. C’est là que se concentre le besoin résiduel de financement.
D’où viennent les fonds ?
Le comité financier fonctionne entièrement sur base de dons volontaires, provenant de mécènes libanais, de la diaspora et de particuliers. Un compte bancaire spécifique a été créé pour canaliser les contributions, permettant à toute personne souhaitant soutenir l’événement de le faire directement. «Nous avons déjà obtenu environ 80% des fonds nécessaires mais il nous manque encore 20%. Les portes sont toujours ouvertes: chaque contribution compte », précise Roger Zaccar, à Ici Beyrouth.
Le président du comité précise par ailleurs que, si un excédent exceptionnel devait être généré — ce qui n’est pas le cas à ce stade — les fonds non utilisés seraient réaffectés au profit d’institutions éducatives et caritatives relevant du clergé.
Un souci de transparence assumé
Dans un pays où la défiance envers la gestion financière est profonde, la transparence est rapidement devenue un impératif. «Toutes les donations sont versées directement sur le compte bancaire officiel, sans intermédiaires et chaque contributeur reçoit un reçu. À la fin de la visite papale, nous publierons un rapport financier complet, qui présentera l’ensemble des montants reçus et dépensés», affirme M. Zaccar.
Les dépenses sont suivies en temps réel via une plateforme numérique interne, permettant un contrôle permanent et minimisant toute forme de dérive. Cette démarche vise explicitement à couper court aux critiques qui commencent déjà à circuler dans certaines sphères. Les attaques les plus fréquentes portent, en effet, sur le coût d’une visite pontificale dans un pays en crise. Roger Zaccar y répond calmement: «Les Libanais méritent que leur pays montre sa meilleure image. Une visite papale est un événement d’une portée historique et spirituelle immense. Les fonds qui nous sont donnés sont destinés exclusivement à cet objectif, et dans la plupart des cas, ils n’auraient pas été orientés vers des projets humanitaires ou sociaux».
Les accusations de dépenses excessives sont également tempérées par la comparaison internationale: les visites papales coûtent bien plus cher ailleurs, notamment en Europe occidentale. Ici, l’essentiel du budget est absorbé par la logistique, les infrastructures temporaires et le transport des fidèles venus de toutes les régions du pays.
Un pari national
Au-delà des chiffres, l’enjeu est politique, moral et symbolique. Plus de 25 000 personnes seront mobilisées le jour des grands rassemblements: volontaires, équipes techniques, forces de sécurité, coordinateurs pastoraux. Le Liban, éprouvé par des années de crise économique et institutionnelle, voit dans la venue du pape une opportunité rare de se rassembler et de redonner au pays un instant de lumière.
«Quel autre événement aujourd’hui a la capacité de réunir des Libanais de toutes confessions ? Le pape Léon XIV vient pour tous. C’est bien plus qu’une visite: c’est un message et un moment d’unité nationale», conclut Roger Zaccar.
Reste à finaliser les 20 % manquants du budget. Les préparatifs, eux, n’ont jamais cessé. La machine tourne jour et nuit, portée par une conviction simple: offrir au Liban la plus belle visite pontificale possible, dans une période où chaque lueur compte.

Commentaires