Goldoni ressuscité: «L’École de danse» montée en France à la Comédie-Française
L’acteur et metteur en scène Clément Hervieu-Léger, nommé à la tête de la Comédie-Française, pose à la Comédie-Française lors d’une séance photo à Paris, le 14 avril 2025. ©Joel SAGET / AFP

La Comédie-Française présente pour la première fois en France L’École de danse de Carlo Goldoni, comédie de 1759 injustement boudée à son époque. Transposée au XIXᵉ siècle par Clément Hervieu-Léger, nouvel administrateur général de la troupe, cette pièce sur la précarité artistique et les dérives de l’enseignement mêle théâtre et danse classique. Elle est portée par des comédiens formés pour l’occasion par l’ancienne Première danseuse Muriel Zusperreguy. Elle entre au répertoire de l’institution jusqu’au 3 janvier.

La Comédie-Française joue pour la première fois en France L'École de danse, de Carlo Goldoni, une comédie douce-amère et moderne sur la précarité de la condition d'artiste dans laquelle une partie de la troupe fait ses premiers pas en danse classique, coachée par une ancienne ballerine.

L'œuvre, écrite par l'auteur vénitien en 1759, «n'a pas eu du tout de succès» à son époque au point d'être retirée de l'affiche après deux représentations, raconte à l'AFP Clément Hervieu-Léger, metteur en scène et nouvel administrateur général de l'institution depuis août.

«Elle n'a jamais été jouée en France, hormis lors d'un exercice», ajoute-t-il.

Pourtant, «elle mérite d'être montée parce qu'elle nous interroge aujourd'hui sur des sujets cruciaux» comme «la fragilité de la condition d'artiste», «la question de l'emprise d'un professeur, notamment dans l'enseignement de l'art», ou encore «la place des femmes» et «l'aspiration à l'émancipation de la jeunesse», estime-t-il.

Dans cette analyse sociologique, plus que de prouesses techniques, il est surtout question de manigances autour des conditions d'engagement des élèves par un maître de danse avare et corrompu, monsieur Rigadon, interprété avec drôlerie par Denis Podalydès.

Sur le plateau, le metteur en scène a choisi de transposer la pièce au XIXe siècle, dans la salle d'un maître de ballet, avec costumes et éclairages rappelant l'esthétique des danseuses en tutu peintes par Edgar Degas.

Au lever de rideau, dix «élèves», chaussons aux pieds, entament des exercices à la barre, grands pliés, dégagés, ports de bras, cambrés, sous l'œil sévère de Monsieur Rigadon. Plus tard, l'élève Rosina exécute quelques pas sur pointes et la classe enchaîne glissades, pas de bourrés et révérences.

Les comédiens, tous débutants, sauf Léa Lopez (Rosina), ont été entraînés et formés par une ancienne Première danseuse du Ballet de l'Opéra de Paris, Muriel Zusperreguy, avec deux semaines consacrées à la danse avant de démarrer la répétition des textes.

«L'ambition n'était pas qu'ils ressemblent à des étoiles, mais qu'il y ait de la vraisemblance, ce qui passe par une posture, une position de bras, une inclinaison de tête. Ils y sont parvenus complètement!», témoigne-t-elle.

«Nouer des liens forts entre la danse et le théâtre» tient à cœur à Clément Hervieu-Léger, danseur de formation et professeur de théâtre à l'École de danse de l'Opéra de Paris. Il entend à l'avenir mettre en place des «projets artistiques communs» avec l'Opéra, dans «des formes nouvelles à inventer».

La pièce, qui se joue jusqu'au 3 janvier, entre au répertoire de la Comédie-Française, c'est-à-dire dans le catalogue des quelque 3.500 pièces admises par son comité de lecture.

Avec AFP

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