Le pape entre foi et enjeux politiques
©ALBERTO PIZZOLI / AFP

La visite du pape ne peut se réduire à de simples slogans religieux. Même si les discours insistent sur la laïcité et les États non confessionnels, la religion continue de jouer un rôle déterminant dans les dynamiques qui façonnent le monde. Cette influence est particulièrement perceptible en Occident, où les conservateurs rivalisent pour préserver les valeurs et les traditions tandis que les progressistes tentent de s’émanciper des héritages religieux. Dans un tel contexte, comment imaginer que le pape puisse rester à l’écart de la scène politique?

C’est dans cette logique que le pape Léon XIV, d’origine américaine, a choisi de faire du Liban la première étape de son pontificat. Ce choix prend tout son sens lorsqu’on le met en perspective avec les déplacements de ses prédécesseurs.

Le pape Paul VI, premier pontife à voyager hors du Vatican, s’était rendu en Terre sainte pour suivre les traces du Christ et affirmer la présence de l’Église au-delà de Rome.

Le pape Jean-Paul II, fidèle à son dynamisme missionnaire, avait choisi de visiter le plus grand nombre de pays et a porté son regard sur l’Amérique latine, cœur battant du catholicisme mondial, pour sa première visite, avant de se rendre en Pologne, son pays natal, pour affirmer son engagement contre le régime soviétique, l’un des plus athées de l’époque.

Benoît XVI, quant à lui, avait inauguré son pontificat par une visite en Allemagne, son pays natal, affirmant une orientation plus européenne.

Enfin, le pape François avait tourné son attention vers l’Europe après l’arrivée massive des réfugiés fuyant la guerre en Syrie.

Chaque pape définit sa propre politique de déplacement et y imprime son empreinte. Lorsque le Liban était isolé sur la scène internationale, le pape François n’a pas pu rompre cet isolement ni se rendre dans le pays, malgré ses visites dans cinq autres pays arabes.

Aujourd’hui, la donne a changé et le Moyen-Orient est en pleine mutation. Le nouveau pape doit s’adapter à ces circonstances, voire les encourager. Le slogan de sa visite, «Heureux les artisans de paix», dépasse le cadre spirituel et porte une charge politique forte. Il rappelle qu’une région où la présence chrétienne recule sous l’effet des conflits, a besoin d’un enracinement chrétien renouvelé, rendu possible par la paix.

Chaque visite pontificale porte un message, chaque pontificat un symbole. Jean-Paul II a contribué à la chute du communisme, François a ouvert les portes aux réfugiés et brisé des barrières sociales. Depuis le Liban, le pape Léon XIV pourrait-il, à son tour, bousculer les lignes et inaugurer une nouvelle ère de paix?

 

 

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