Après un an d’incarcération en Algérie, Boualem Sansal a livré dimanche sa première intervention publique depuis sa libération. L’écrivain franco-algérien revient sur les raisons de son arrestation et sur les tensions diplomatiques entre Paris et Alger.
Pour sa première prise de parole depuis sa libération par l’Algérie et son retour en France, l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal a assuré dimanche avoir toujours voulu «la réconciliation» entre les deux pays, tout en reconnaissant que sa parole était bridée par les enjeux diplomatiques.
Incarcéré en Algérie pendant un an pour certaines prises de position sur son pays natal, Boualem Sansal, 81 ans, a retrouvé la liberté le 12 novembre. Il a été gracié par le président algérien Abdelmadjid Tebboune, qui a répondu favorablement à une demande des autorités allemandes.
Écrivain dissident, polémiste révéré par les droites françaises, Boualem Sansal purgeait en Algérie une peine de cinq ans de prison notamment pour «atteinte à l’unité nationale».
Le romancier avait été condamné pour avoir notamment déclaré en octobre 2024 au média français d’extrême droite Frontières que l’Algérie avait hérité sous la colonisation française de régions appartenant précédemment, selon lui, au Maroc.
«Je suis depuis toujours pour la réconciliation entre la France et l’Algérie», a déclaré dimanche M. Sansal sur la chaîne publique française France 2, estimant que les deux pays avaient «raté le coche» après l’indépendance de l’ancienne colonie en 1962.
«Soixante années sont passées, on est encore en train d’utiliser des discours de la guerre de libération», a-t-il déploré.
Sa parole est-elle bridée par les enjeux diplomatiques ? «Oui, en quelque sorte, je ne vous parle pas de manière naturelle (...), je contrôle chacun de mes mots», a-t-il concédé.
L’écrivain, qui était au cœur d’une crise diplomatique entre Alger et Paris, est rentré en France mardi, après avoir d’abord été transféré à Berlin pour des soins médicaux, et a été reçu par le président français Emmanuel Macron dès son retour.
Selon lui, les positions de la France sur le Sahara occidental, sujet de tensions entre l’Algérie et le Maroc, ont en partie motivé son arrestation.
Fin juillet 2024, le président français avait apporté son soutien total à un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, revendiqué depuis 50 ans par les indépendantistes du Polisario soutenus par Alger.
«Tout est parti de là», a estimé M. Sansal, selon qui cela a déclenché «une guerre» entre la France et l’Algérie.
«En bonne santé» après avoir été traité «de manière remarquable» pour son cancer de la prostate, il a dit avoir appris sa libération seulement «la veille».
Cet ancien haut fonctionnaire en Algérie avait été arrêté le 16 novembre 2024 à son arrivée à l’aéroport d’Alger avant d’être emprisonné, aggravant le froid diplomatique entre la France et son ancienne colonie.
Avec AFP



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