Le plan américain pour l'Ukraine continue d'alimenter la polémique
Un oiseau vole à côté des drapeaux ukrainiens et américains flottant au-dessus de l'Université américaine de Kiev, sur la place Postale, à Kiev, le 26 novembre 2025, alors que la Russie envahit l'Ukraine. ©Sergei Gapon / AFP

L’administration Trump balaie tout penchant pro-russe, mais semble peiner à dissiper l’impression d’un gros désordre ayant entouré son plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine.

Pour autant, ce plan, qui dans sa version initiale avait semé la panique à Kiev et dans les capitales européennes car jugé très favorable à Moscou, a servi de base à de premières vraies négociations cette semaine pour trouver une issue au conflit déclenché voici près de quatre ans par l’invasion russe.

«C’est juste une feuille de route. C’est tout ce que c’était. Ce n’était pas un plan. Mais un concept», a déclaré mardi soir le président américain Donald Trump à bord d’Air Force One.

Il était interrogé sur les révélations d’une conversation téléphonique entre son émissaire Steve Witkoff et un conseiller de Vladimir Poutine, Iouri Ouchakov, semblant étayer les soupçons que le plan américain pour l’Ukraine était d’inspiration russe.

Dans cette conversation, datée du 14 octobre, M. Witkoff faisait part de conseils sur la manière d’aborder le président américain, selon la retranscription révélée mardi par l’agence américaine Bloomberg.

Le président Trump a vite fait de balayer d’un revers de main toute idée d’un problème, soulignant que «c’est ce que fait un négociateur».

Mais Bloomberg a publié la retranscription d’une autre conversation, le 29 octobre, entre Iouri Ouchakov et un émissaire du Kremlin pour les questions économiques, Kirill Dmitriev.

«Je pense que nous allons faire ce papier à propos de notre position, et je vais le faire circuler de manière informelle», déclare Kirill Dmitriev.

«Je ne pense pas qu’ils prendront exactement notre version mais au moins ce sera aussi proche que possible», poursuit-il, dans ce qui semble être une référence à des responsables américains.

Le même Kirill Dmitriev avait passé secrètement trois jours avec Steve Witkoff et d’autres responsables américains à Miami, du 24 au 26 octobre.

«Complètement fallacieuse»

Ces révélations ont suscité une levée de boucliers, renforçant les soupçons de détracteurs que le plan américain n’ait, en fait été dicté par les Russes.

«C’est un vrai problème. Et l’une des nombreuses raisons pour lesquelles ces réunions secrètes doivent cesser. Permettez au secrétaire d’État Marco Rubio de faire son travail de manière équitable et objective», a déclaré le député républicain modéré Brian Fitzpatrick sur X.

L’administration Trump est aussi vite montée au créneau pour démentir toute idée de fissures au sein du gouvernement américain. Des médias américains ont fait état de tensions entre le vice-président JD Vance et Marco Rubio, le premier étant considéré comme plus impatient face à l’Ukraine que le second.

Le chef de la diplomatie américaine a fustigé sur X mardi des «informations de presse fausses à 100%», tandis que le vice-président, lui, a dit que le seul objectif «est d’empêcher la mise en œuvre du programme de Trump».

Reste que M. Rubio s’est lui-même retrouvé au centre de la polémique le week-end dernier, contraint de clarifier avant son départ pour les négociations de Genève dimanche, convoquées dans l’urgence, que le plan en 28 points émanait bien des États-Unis.

Des élus du Congrès avaient fait part d’une conversation avec lui où il aurait confié, selon eux, que le document ne correspondait pas à la position officielle des États-Unis, mais représentait simplement un point de départ pour des discussions et incluait une «liste de souhaits russe».

Le document, publié par plusieurs médias, dont l’AFP, prévoyait notamment que Kiev cède à la Russie les régions de Donetsk et Lougansk, dans l’est du pays, que la Russie réintègre le G8 et que l’Ukraine réduise son armée et ne rejoigne jamais l’Otan.

Il a depuis été largement amendé.

Lundi, la Maison-Blanche a jugé «complètement fallacieuse» l’idée selon laquelle le président américain et son gouvernement favoriseraient la Russie.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Trump ne fait pas mystère de ses affinités avec son homologue russe, même s’il affiche aussi sa frustration face à Vladimir Poutine. Il a par ailleurs plusieurs fois exposé ses réticences face au président ukrainien Volodymyr Zelensky, dont il dit régulièrement qu’il n’a pas «les cartes en main».

Léon Bruneau / AFP

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