Après une parenthèse loin du showbiz, Amanda Lear revient à 79 ans avec Looking Back, son 23ᵉ album studio et le premier entièrement en français. Muse de Dalí et icône disco, elle y revisite avec lucidité ses amours passées et ses rendez-vous manqués, tandis qu’en interview, elle confie ses envies de scène, ses projets de cinéma et son goût entretenu pour le mystère. Ce retour musical a été motivé par le succès d’une récente campagne Chanel, poussant sa maison de disques à soutenir ce projet inattendu.
Ses adieux en 2016 car «fatiguée du showbiz» sont oubliés: après des succès au théâtre et plusieurs tournages, Amanda Lear, 79 ans, est de retour à la chanson avec un 23ᵉ album studio, pour la première fois en français.
Avec Looking Back, la chanteuse et comédienne qui avait été la muse de Salvador Dalí et icône disco depuis Follow Me, son tube planétaire de 1978, chante de sa voix grave et de son timbre mystérieux les amours qui finissent et les rendez-vous manqués.
«Les chansons d'amour qui riment avec toujours, ça m'énerve!», confie-t-elle à l'AFP, lors d'une rencontre pour évoquer cet opus.
QUESTION: Comment est né cet album?
REPONSE: «J'ai toujours voulu étonner. Je m'ennuie très vite et j'aime être où on ne m'attend pas. Ça fait des années que j'avais envie de chanter des chansons en français. C'est grâce à la récente publicité Chanel qui utilise mon tube Follow Me que maison de disques a décidé de me dépoussiérer en acceptant enfin cet album en français. J'ai demandé à de jeunes auteurs de m'écrire des textes, comme Pierre Lapointe, Sacha Rudy et Patxi Garat.»
Q: C'est vous qui leur avez soufflé cette thématique des amours contrariés?
R : «À mon âge (après avoir longtemps entretenu le mystère sur sa date de naissance, l'artiste revendique désormais celle du 18 novembre 1946, NDLR), je ne voulais pas des chansons d'amour, gnan gnan, qui riment avec toujours. J'ai préféré regarder en arrière et penser à toutes ces rencontres, tous ces amants, tous ces rendez-vous ratés, ces histoires d'amour d'une nuit... Sans tristesse, juste un peu de mélancolie… Je chante aussi, J'ai la mémoire qui flanche, car certains amours ne sont bons qu'à oublier! Avec ce disque, je ne suis pas l'Amanda triomphante avec tous les hommes à mes pieds. Ça m'est arrivé aussi qu'on me pose des lapins... »
Q: Cet album vous donne-t-il envie de vous produire sur scène?
R: «Pourquoi pas un concert façon cabaret, un peu intimiste. J'aime assez ce côté chanteuse réaliste. Ça arrivera peut-être, mais vu mon espérance de vie, à 79 ans... Pour moi, l'âge, c'est juste un numéro, même si parfois on est rappelé au bon souvenir de la vieillesse. Le secret pour avoir la pêche, c'est la curiosité. Si vous vous ratatinez dans votre sofa en regardant «Des chiffres et des lettres», c'est foutu. La retraite, ce n'est pas pour moi!»
Q: Vous reverra-t-on au théâtre?
R: «J'ai envie d'autre chose que le théâtre de boulevard. J'ai proposé à Florian Zeller de m'écrire une pièce sur la fin de vie. Je suis membre de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité. Charles Aznavour m'avait proposé une comédie musicale mettant en scène une grande actrice racontant sa vie et balançant des horreurs sur ses copines. Je viens de tourner à Lisbonne dans le prochain film de Ruben Alves. Je ne fais pas de plan de carrière. Comme dans le poème d'Aragon, je dirai malgré tout que cette vie fut belle.»
Q: Sur les conseils de Dalí, vous avez entretenu le mystère autour de votre personnalité. La rumeur sur votre identité de genre ne vous a-t-elle jamais blessée ?
R: «Ça ne m'a jamais dérangée. Les artistes ont besoin qu'on parle d'eux. Il faut du mystère... Cela suscite de la curiosité. Plus on en parlait, plus ça me rendait intéressante. Comme disait Oscar Wilde, la pire des choses, c'est que l'on ne parle pas de vous… L'essentiel, c'est qu'on parle de moi! Aujourd'hui, on voit des trans partout. La mode est à la transvestigation, Brigitte Macron, Michelle Obama et même Lady Gaga en sont victimes à leur tour. C'est insensé que Mme Macron soit obligée de se justifier devant la justice américaine. Je n'aurais pas fait de procès et d'ailleurs, je n'en ai jamais fait. Plus on se révolte, plus on se rebelle et plus la rumeur s'emballe.»
Par Jean-François GUYOT / Avec AFP



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