Nomination de Simon Karam : les responsables politiques réagissent
La nomination de l'ancien ambassadeur du Liban aux États-Unis, Simon Karam, comme partie intégrante du comité de surveillance suscite de nombreuses réactions politiques. ©Al-Markazia

La décision du président Joseph Aoun de nommer l’ancien ambassadeur Simon Karam au sein de la délégation libanaise chargée de participer aux réunions du comité de surveillance du cessez-le-feu conclu le 27 novembre 2024 a suscité une série de réactions politiques, généralement favorables, mais révélatrices des enjeux profonds que soulève cette désignation.

Plusieurs figures de la scène nationale y voient un tournant institutionnel, voire le signe d’une nouvelle phase politique.

Pour l’ancien député Farès Souhaid, cette décision dépasse largement le cadre protocolaire. Il souligne que « le fait que le Liban tout entier, y compris le duo chiite, ait accepté de négocier avec Israël par l’intermédiaire d’une personnalité maronite de l’envergure de Simon Karam n’est pas anodin ». À ses yeux, cette nomination traduit une évolution de la logique étatique, marquée par la reconnaissance qu'« il n’existe aucune alternative à l’État ». Elle reflète aussi une forme de lassitude des parties en conflit et leur volonté de « trouver des solutions ». « Nous sommes entrés dans une nouvelle ère », prévient-il, appelant les Libanais à « rester attentifs ».

De son côté, le député de Tripoli, Ihab Matar, a salué « une décision judicieuse et surprenante ». Dans un message publié sur la plateforme X, il a estimé que le choix de Simon Karam s’explique autant par son parcours diplomatique que par la sensibilité du contexte sécuritaire. « L’impasse interne concernant le monopole des armes, sur fond de menaces et de frappes israéliennes incessantes, est intimement liée à la situation régionale et au danger sécuritaire de plus en plus croissant », écrit-il. Pour lui, cette nomination traduit la nécessité d’ouvrir « un canal de communication civil » capable de désamorcer les tensions, d’autant que Beyrouth s’apprête à recevoir une délégation du Conseil de sécurité de l’ONU.

Voyant dans la décision du président Joseph Aoun le signe d’une approche plus sérieuse du dossier sécuritaire, le député Waddah Sadek a considéré qu’il s’agissait d'« un pas de plus vers la reprise en main de la souveraineté de l’État ». Cette nomination offre au Liban, selon lui, « l’opportunité de reprendre l’initiative et de consolider sa présence dans le processus de négociation ». Il a toutefois averti que cette évolution doit obligatoirement s’accompagner de mesures concrètes : contrôle des armements, restauration de l’autorité étatique sur tout le territoire et prévention de toute nouvelle escalade militaire.

Le député Fouad Makhzoumi a abondé dans ce sens, saluant « une mesure positive qui va clairement dans le bon sens ». Il a, dans ce contexte, remercié le président Aoun pour une décision qui, selon lui, renforce la souveraineté nationale et place le Liban sur la voie d’un règlement plus global. « Nous espérons qu’elle constituera un pas décisif vers la résolution du problème des armes en dehors du cadre des institutions étatiques et ouvrira la voie à un processus de paix qui redonne au Liban son rôle et sa dignité », a-t-il déclaré. Et d’insister sur la nécessité de voir se restaurer un État capable de « maîtriser la décision de la guerre et de la paix », condition essentielle pour retrouver la sécurité, la stabilité et la prospérité.

Dans le même esprit, le député Michel Mouawad a salué sur X « un pas audacieux dans la bonne direction ». Il a qualifié la nomination de Simon Karam, décidée conjointement par le président de la République, le Premier ministre et le chef du Parlement, d'«'étape cruciale sur le chemin difficile qui mènera le Liban à sortir de l’état de guerre imposé et à rétablir la pleine souveraineté de l’État». 

À l’échelle internationale, l’ambassadeur des États-Unis au Liban, Michael Issa, a, lui aussi, salué cette avancée. Dans une déclaration officielle jeudi, il a félicité le Liban et Israël pour leur décision «courageuse» d’ouvrir un dialogue en cette période délicate, soulignant que «le compromis, la compréhension et un leadership intègre demeurent essentiels» pour parvenir à un progrès durable.

L’ambassadeur a salué l’engagement du gouvernement libanais à participer au dialogue après des décennies d’incertitude, qualifiant cette initiative de «constructive», susceptible de garantir un avenir de coexistence pacifique, de respect et de dignité. Il a enfin réaffirmé l’engagement des États-Unis à soutenir toutes les initiatives visant à promouvoir la paix, la stabilité et la sécurité, et à alléger les souffrances des populations affectées par les conflits.

Ces réactions, convergentes dans le soutien au choix de Simon Karam mais diverses dans leurs attentes, illustrent à quel point cette nomination dépasse le simple cadre technique, puisqu'annonciatrice d’un espace politique nouveau, où la question des armes, de la souveraineté et du rapport à l’État se retrouve au centre du débat national.

 
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