Quarante-deux ans pour rien !
©Ici Beyrouth

Simon Karam incarne une étape historique pour le Liban et le fondement de son avenir proche. Le président de la République, Joseph Aoun, l’a choisi comme membre civil de la délégation chargée de négocier avec Israël. Cette décision, inédite dans l’histoire des relations libano-israéliennes, ouvre la voie à un accord de paix entre les deux pays. Après tant de souffrances, une lueur d’espoir se dessine: le Liban peut suivre l’exemple des pays arabes qui s’acheminent vers les accords d’Abraham, afin de mettre fin aux conflits régionaux et sortir de l’impasse et des crises qui perdurent depuis 1948.

Qui blâmer pour ces décennies perdues? Le Hezbollah, né en 1982 sous la bannière de la «résistance islamique» et soutenu par l’Iran depuis lors? L’armée syrienne et Hafez el-Assad, pour la pression exercée sur le Liban sous la présidence d’Amine Gemayel afin de gagner du temps, privant ainsi les Libanais de leur chance? Ou encore les États-Unis, qui n’ont pas soutenu le président Gemayel jusqu’au bout?

Le constat demeure: quarante-deux ans gaspillés! Après toutes ces fanfaronnades, le Liban en vient à accepter bien moins que ce qui était à sa portée en 1983, qu’il s’agisse de la délimitation des frontières maritimes ou des revendications qu’il imposait alors selon ses propres conditions.

Le Hezbollah a entraîné le Liban dans des négociations vouées à l’échec. Mais le seul véritable gain pour le pays est d’y participer. Cela libère l’État de la mainmise du Hezbollah et lui rend son pouvoir souverain, pour la première fois depuis 1976, date du début de l’occupation syrienne du Liban.

Le Liban a tourné la page de l’occupation syrienne en 2005, puis celle de l’influence iranienne en 2024. Aujourd’hui, avec le président Joseph Aoun, il reprend le contrôle de ses décisions, met fin aux choix imposés par l’extérieur, se libère des armes illégales et des menaces, et ouvre la voie à une paix dont il pourra enfin bénéficier.

Le pape Léon avait raison en choisissant «Heureux les artisans de paix» comme slogan pour sa visite. Cette paix, tant attendue, a fleuri avec la décision historique du président de la République, après des décennies de souffrances.

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