Aoun réaffirme son engagement pour la diplomatie et salue le rôle français au sein du mécanisme
Le président Joseph Aoun reçoit l'envoyé français Jean-Yves Le Drian au palais de Baabda. ©Al-Markazia

Le président Joseph Aoun a souligné lundi l’ouverture du Liban à un rôle renforcé de la France dans le cadre du «comité du Mécanisme», tout en précisant que toute implication devait soutenir les objectifs essentiels des négociations.

Lors d’une réunion au palais de Baabda avec l’envoyé spécial du président français Emmanuel Macron, Jean-Yves Le Drian, Aoun a exposé les priorités du Liban : mettre fin aux hostilités, obtenir le retrait israélien des territoires du Sud occupés, assurer la libération des détenus libanais et régler les points encore en suspens le long de la Ligne bleue.

Aoun a informé Le Drian des circonstances ayant conduit à la relance des travaux du comité et à la nomination de l’ancien ambassadeur Simon Karam à la tête de la délégation libanaise. Il a précisé que la prochaine réunion du comité, prévue le 19 décembre, devrait permettre d’ouvrir les discussions sur la base d’un ordre de priorités structuré. «Notre décision de relancer le Mécanisme reflète clairement notre préférence pour les solutions diplomatiques», a-t-il déclaré. «Nous ne souhaitons pas revenir au langage de la guerre.»

Le président a fermement rejeté les accusations selon lesquelles l’armée libanaise n’aurait pas rempli ses responsabilités au sud du Litani. Il a qualifié ces affirmations d’infondées, rappelant que depuis son déploiement il y a un an, l’armée a exécuté toutes les missions qui lui ont été confiées, perdant 12 soldats dans l’exercice de ses fonctions. Il a ajouté que la direction de la FINUL, ainsi que les délégations en visite, y compris des ambassadeurs de pays membres du Conseil de sécurité, avaient salué les performances de l’armée.

Aoun a réaffirmé la pleine disponibilité de l’armée à coopérer avec le comité du Mécanisme, notant que son président avait déjà souligné l’efficacité et le professionnalisme de l’institution. «Les affirmations selon lesquelles l’armée ne remplit pas correctement sa mission sont sans fondement et inacceptables», a-t-il insisté.

Il a également souligné l’urgence de doter l’institution militaire de moyens suffisants pour lui permettre d’accomplir ses missions, au sud du Litani comme sur l’ensemble du territoire.

Aoun a indiqué à Le Drian que le Liban soutenait toute réévaluation par le comité des mesures mises en œuvre dans le Sud, conformément à la résolution 1701 du Conseil de sécurité. En prévision du retrait programmé de la FINUL en 2027, il a salué la disponibilité de certains pays européens à aider l’armée libanaise à sécuriser la frontière, une fois que les cadres juridiques appropriés seront établis.

Sur le plan intérieur, Aoun a réaffirmé que lui-même, le président du Parlement Nabih Berry et le Premier ministre Nawaf Salam étaient déterminés à organiser les élections législatives dans les délais.

Pour sa part, Le Drian, transmettant les salutations du président Macron, a réitéré le soutien de la France à la décision d’Aoun de nommer Karam et de réactiver le comité du Mécanisme.

Il a réaffirmé que la France se tenait aux côtés du Liban dans les choix qui renforcent sa sécurité et sa stabilité. L’envoyé spécial a également souligné l’écho positif de la récente visite du pape Léon XIV, affirmant qu’elle avait mis en avant la résilience du Liban et l’importance de son rôle, d’autant que le souverain pontife avait insisté sur la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays.

Rencontre avec M. Raggi

Plus tard dans la journée de lundi, M. Le Drian s'est entretenu avec le ministre des Affaires étrangères Joe Raggi, en présence de l'ambassadeur français Hervé Magro. L'envoyé français a souligné la nécessité de mettre en place un mécanisme clair permettant de vérifier les progrès réels accomplis dans les efforts visant à confiner les armes exclusivement à l'État. Il a déclaré que sa visite avait pour but d'évaluer la position du Liban avant la réunion tripartite qui se tiendra la semaine prochaine à Paris entre la France, les États-Unis et l'Arabie saoudite, dans le cadre des préparatifs d'une conférence internationale visant à soutenir l'armée libanaise et à définir une feuille de route pour un cessez-le-feu à long terme.

Pour sa part, M. Raggi a affirmé que l'armée libanaise continuait d'assumer des responsabilités cruciales malgré des ressources limitées, soulignant la nécessité de renforcer ses capacités afin qu'elle puisse mettre pleinement en œuvre le plan du gouvernement visant à affirmer l'autorité de l'État et à consolider son contrôle sur les armes sur l'ensemble du territoire libanais. Il s'est également félicité de la nomination de l'ambassadeur Simon Karam à la tête de la délégation libanaise au Comité du mécanisme, qualifiant cette décision de mesure positive susceptible de contribuer à éviter une escalade majeure de la part d'Israël.

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