Le Drian au Liban : Paris maintient son soutien sécuritaire et exige des réformes

L'envoyé spécial du président français pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, a réaffirmé lors de sa dernière visite à Beyrouth l'engagement de Paris à soutenir le gouvernement libanais dans ses choix et à tous les niveaux. 

Reçu par le président Joseph Aoun, le ministre des Affaires étrangères Joe Rajji, le président du Parlement Nabih Berry, et le commandant de l'armée libanaise Rodolphe Haykal, M. Le Drian a multiplié les entretiens autour de trois axes prioritaires : la consolidation du cessez-le-feu au Liban-Sud, la préparation d'une conférence internationale de soutien à l'armée, et l'avancement des réformes attendues par la communauté internationale.

Selon des informations obtenues par Ici Beyrouth, cette visite s'inscrit dans la continuité du rôle confié à M. Le Drian par Paris. «Sa mission requiert qu'il vienne régulièrement au Liban dans cette logique d'accompagnement. Il est là pour soutenir le gouvernement dans ses choix». Autrement dit, il ne s'agit pas d'une visite isolée mais d'un processus suivi, à visée opérationnelle.

Ce soutien inclut d'abord le volet sécuritaire. La France poursuit en effet l'objectif d'organiser, au début de 2026, une conférence internationale de soutien à l'armée libanaise. Ce projet, travaillé avec les partenaires régionaux et européens, se veut un pilier de l'aide apportée à l'État libanais dans la stabilisation du territoire.

«Les Israéliens ne sont pas contents de l'action de la diplomatie française, mais la France va continuer ce qu'elle fait dans la coopération avec le Liban dans tous les secteurs», estime une source informée jointe par Ici Beyrouth, ajoutant que les commentaires évoquant un recul du rôle français au Liban «ne sont pas réalistes». 

La France est aujourd'hui membre du mécanisme international chargé de superviser l'accord de cessez-le-feu au Sud-Liban, un facteur perçu comme positif au sein de l'appareil politique libanais. «Le fait que la France fasse partie du mécanisme penche en faveur du Liban», selon la meme source

La France prête à soutenir l'armée au lendemain d'un retrait éventuel de la Finul

La présence française ne se limite pas aux discours diplomatiques. «Si un besoin est exprimé par le gouvernement libanais, la France sera prête à envoyer des militaires pour soutenir l'armée libanaise après la sortie de la Finul». Cette option, jamais formulée publiquement avec autant de clarté, confirme la volonté de Paris de prévenir tout vide sécuritaire au Sud.

Ce soutien international est cependant conditionné à des efforts visibles de la part du Liban. «Le premier volet, c'est le soutien à l'armée. Mais du côté libanais, il y a des choses à faire pour montrer que le plan est en train d'avancer».

Réformes internes : condition clé pour l'aide internationale

Le deuxième volet des discussions menées par Le Drian concerne les réformes administratives, judiciaires et financières. Ces sujets ont été évoqués avec les responsables libanais. «La France mobilisera sa diplomatie pour organiser des conférences de soutien à l'économie libanaise et à l'armée, mais il y a des réformes attendues par la communauté internationale».

Paris cherche en particulier des signaux concrets attestant que l'État reprend la main. L'objectif est de sortir d'une logique d'immobilisme et d'usure institutionnelle.

Préserver les échéances constitutionnelles, une condition essentielle

La France accorde un rôle central au respect des échéances constitutionnelles – qu'il s'agisse d'élections, de nominations ou de délais institutionnels. «Pour la France, il est primordial de respecter les échéances constitutionnelles. L'important pour la communauté internationale, c'est que le Liban soit en capacité de montrer qu'il n'est plus à l'époque du règne des milices mais entré dans une vraie période de réédification de l'État».

Autrement dit, le message porté par M. Le Drian à Beyrouth est clair : le soutien international existera, mais il dépendra du fonctionnement de l'État libanais et de la restauration graduelle de son autorité.

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