Armes hors contrôle, tourisme au ralenti: la diaspora seule au rendez-vous
Sans contrôle des armes, seul le libanais de la diaspora fait le voyage ©Shutterstock

Il ne fait plus de doute que tant que la question du monopole des armes hors de l’autorité de l’État restera irrésolue, le Liban peinera à se réinventer comme destination touristique. Un constat partagé sans détour par les professionnels de l’hôtellerie, du voyage, de la restauration et du divertissement, tous unanimes dans leurs échanges avec les médias.

Aujourd’hui, le pays fonctionne en mode survie, loin de l’effervescence touristique d’autrefois. Pour les fêtes de fin d’année, le seul « touriste» véritablement attendu est le Libanais lui-même, qu’il revienne des pays arabes où il travaille ou des capitales européennes où il réside.

L’hôtellerie en première ligne de la crise

Dans un entretien accordé à Ici Beyrouth, Pierre Achkar, président de la Fédération libanaise des hôtels, dresse un constat sévère : le Liban n’attire plus de touristes arabes ou étrangers. Les seuls visiteurs attendus pour les fêtes sont les Libanais de la diaspora, qui logent chez eux ou chez leur famille — Noël restant, selon lui, une célébration avant tout domestique.

Achkar pointe également l’absence totale d’initiatives de show-business et de spectacles d’envergure, un manque criant dans un pays où le divertissement a longtemps été un atout majeur. « Avec une programmation digne de ce nom, nous aurions pu attirer des Jordaniens, des Syriens, voire quelques visiteurs du Golfe », regrette-t-il.
Pendant ce temps, les espaces publicitaires — en ligne comme en ville — débordent d’offres de séjours à l’étranger, mais aucun hôtel ne propose la moindre revue musicale ou événement phare pour retenir les Libanais au pays.

La saison de ski, elle aussi, fait défaut : sans neige, les hôtels de montagne au pied des pistes restent désespérément vides de touristes.

Et dans cette compétition internationale acharnée pour séduire les voyageurs, le Liban part avec un handicap majeur. Achkar est catégorique :
« L’incertitude sécuritaire et la prolifération des armes hors du contrôle de l’État demeurent notre talon d’Achille. »

Vols vers Beyrouth: la diaspora remplit les avions, les départs restent timides

«Les Libanais de la diaspora seront tous là pour les fêtes, les vols vers Beyrouth sont complets», confie un voyagiste sous couvert d’anonymat à Ici Beyrouth. La MEA a même ajouté des vols depuis les pays où la communauté libanaise est la plus nombreuse — France, Dubaï, Qatar, Canada et même l’Australie, à titre indicatif. « Le taux de remplissage est optimal, comparable à celui de l’été dernier et des fêtes de l’an passé », précise-t-il.

En revanche, les vols au départ du Liban restent «timides et lents». Après une courte reprise des voyages à l’étranger à partir de mi-2022, la dynamique a été freinée en octobre 2023, avec l’ouverture par le Hezbollah du «front unifié» en soutien à Gaza. «Aujourd’hui, seule la classe moyenne supérieure envisage encore de voyager, mais en réfléchissant à deux fois avant de réserver», conclut-il.

Location de voitures au Liban: secteur en hibernation

Malgré l’arrivée du mois des fêtes, les tensions sécuritaires freinent l’activité touristique. Gérard Zouein, vice-président du syndicat des agences de location de voitures, constate que le secteur est en hibernation et que « la saison est morte » : les réservations restent timides et reflètent peu l’ambiance festive.

La majorité des clients sont les Libanais de la diaspora, de retour pour Noël, tandis que les touristes étrangers restent absents. La période de séjour se concentre entre le 19 et le 27 décembre, le taux de réservation plafonnant à 35-40 % en raison du contexte politique.

La demande se concentre sur les petites et moyennes voitures et les petits 4x4 (Kia Sportage, Hyundai Tucson), tandis que les grands 4x4 de luxe (Land Cruiser, Range Rover, Defender) ne représentent que 3 à 4 % des locations.

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