Selon le WSJ, l'ex général syrien Jamil Hassan se cacherait au Liban

L’ancien chef redouté du renseignement de l’armée de l’air syrienne, le général Jamil Hassan, l’un des hauts responsables les plus recherchés du régime Assad, se trouverait actuellement au Liban, selon une longue enquête publiée par le Wall Street Journal, citant plusieurs responsables syriens et occidentaux.

Hassan, 73 ans, considéré comme l’un des principaux architectes de la répression syrienne, avait fui le pays après la chute du régime de Bachar el-Assad en décembre dernier. D’après le quotidien américain, d’anciens cadres du régime ont reconstruit au Liban un réseau de soutien susceptible de lui fournir refuge. Les autorités libanaises n’ont «aucune information confirmée» sur sa localisation, a déclaré un haut responsable judiciaire, tandis que Paris et Damas ont transmis des demandes officielles d’arrestation.

Figure centrale de l’appareil sécuritaire syrien, Hassan dirigeait depuis 2009 le renseignement de l’armée de l’air, considéré comme l’un des services les plus impitoyables du régime. Dès 2011, il avait encouragé une répression sans limite du soulèvement populaire. «Je continuerai à tuer pour maintenir Bachar Assad au pouvoir. Je tuerai la moitié du pays s’il le faut», aurait-il déclaré à un jeune militant arrêté, selon un témoignage cité par le Wall Street Journal.

Sous son commandement, le service aurait approuvé le bombardement de quartiers civils, participé à des attaques chimiques et orchestré la disparition de milliers de Syriens. Des documents rassemblés par des organisations spécialisées, dont la Commission for International Justice and Accountability (CIJA), l’accusent d’avoir ordonné de tirer sur des manifestations pacifiques et d’avoir supervisé un système de torture systématique dans les centres de détention.

Déjà condamné par contumace en France pour crimes contre l’humanité et visé par un mandat d’arrêt allemand, Jamil Hassan est également recherché par le FBI, notamment pour son rôle présumé dans la détention et la torture de citoyens américains. Les États-Unis ont dévoilé en décembre une inculpation fédérale pour complot en vue de commettre des crimes de guerre.

Né en 1952 près de Qousseir, dans une famille alaouite, Hassan avait participé dès 1982 à la répression du soulèvement des Frères musulmans à Hama, un massacre qu’il décrira plus tard comme «une décision sage», selon une interview citée par le journal. Sous Bachar el-Assad, il a consolidé sa position au cœur du système sécuritaire, supervisant des opérations secrètes, notamment liées au programme d’armes chimiques syrien.

Le Wall Street Journal souligne que la traque de Hassan est devenue l’une des priorités du processus de justice transitionnelle lancé par le nouveau gouvernement syrien. «Ses mains sont couvertes de sang syrien», a estimé le président de la Commission nationale pour la justice transitionnelle, cité par le quotidien.

Selon plusieurs défenseurs des droits humains interrogés, Hassan incarne le niveau extrême de brutalité du régime Assad. «Jamil Hassan est à Assad ce qu’Eichmann était à Hitler”, a déclaré au WSJ Mouaz Moustafa, directeur du Syrian Emergency Task Force à Washington.

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