Emmanuel Macron s'est plus que jamais affiché en pro-Européen en présentant jeudi ses ambitions pour la présidence française du Conseil de l'UE, dont la priorité sont de rendre l'Europe plus "puissante dans le monde" mais aussi de mieux protéger ses frontières extérieures.
Alors que ses opposants l'accusent d'être déjà "en campagne", il a répété qu'il gouvernerait "jusqu'au dernier quart d'heure" de son mandat et qu'il allait donc continuer à faire des "choix" sur "les défis", "qu'ils soient sanitaires, migratoires".
Debout derrière une table face à une centaine de journalistes dans la salle des fêtes, Emmanuel Macron a longuement défendu l'importance cruciale de renforcer la souveraineté européenne en soutien à la souveraineté nationale.
"S'il fallait résumer en une phrase l'objectif de cette présidence, je dirais que nous devons passer d'une Europe de coopération à l'intérieur de nos frontières à une Europe puissante dans le monde, pleinement souveraine, libre de ses choix et maître de son destin", a-t-il déclaré.
"Face à toutes ces crises qui percutent l'Europe, nombreux sont ceux qui voudraient ne s'en remettre qu'à la seule nation. Ces nations sont notre force, notre fierté, mais l'unité européenne est leur complément indispensable", selon lui. "Nous devons agir en Européens, nous devons penser en Européens", a-t-il martelé.
Depuis son élection en 2017, célébrée au son de l'hymne de l'UE, Emmanuel Macron se pose en chef de file des pro-Européens face aux "nationalistes" et "populistes", et vante les avancées obtenues à 27, comme le plan de relance post-Covid 19 de 750 milliards d'euros adopté en 2020.
Pour la présidence française (la PFUE), Paris a choisi comme devise "Relance, puissance et appartenance" et comme emblème un U et un E bleu et rouge traversés par une flèche blanche, symbole de "l'ambition d'aller de l'avant", a expliqué le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Clément Beaune.
Pendant une introduction d'une heure, Emmanuel Macron a détaillé ses multiples chantiers pour cette 13e présidence tournante française et la première depuis 2008. Dont celui, jugé prioritaire, de réformer l'espace Schengen pour que l'UE "protège ses frontières" face aux crises migratoires qui se succèdent.
Il a proposé de "repenser le cadre budgétaire" de l'Europe jusqu'ici défini par les critères de Maastricht, estimant que la question du "pour ou contre le 3%" de déficit était "dépassée".
Il a aussi annoncé la tenue d'un sommet entre l'Union africaine et l'UE les 17 et 18 février à Bruxelles afin de "refonder en profondeur" la relation "un peu fatiguée" entre les deux continents.
Parmi les autres propositions, figurent "la mise en œuvre concrète et véritable" d'un "service civique européen" de six mois pour les moins de 25 ans, et le lancement "un grand travail sur l'histoire de l'Europe" face au "révisionnisme" qui "s'installe dans plusieurs pays".
Quelque 400 rendez-vous sont prévus, essentiellement sur les trois premiers mois en raison de la présidentielle en France. Ils débuteront par un discours suivi d'un débat au Parlement européen le 19 janvier et seront répartis aux quatre coins de la France. Un sommet européen informel se tiendra les 10 et 11 mars, soit un mois juste avant le premier tour de la présidentielle.
Les marges de manœuvre françaises seront toutefois limitées car si la présidence tournante permet de donner un élan à certaines priorités, il reste ensuite à construire des consensus à 27, ce qui n'est jamais aisé.
"Pour peser en Europe, la France doit en finir avec cette image d'arrogance qui lui colle à la peau depuis le début de la présidence Macron", a attaqué la candidate du parti Les Républicains à la présidentielle Valérie Pécresse.
Le chef de l'Etat "a parfois le bon discours, mais il y a une pratique qui est à l'opposé", a déploré le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure.
Marine Le Pen a pour sa part considéré que le chef de l'Etat "sacrifiait les intérêts des Français sur l’autel d'une +souveraineté européenne+ dont personne ne veut", alors que Jean-Luc Mélenchon a décrit un discours "plat et routinier", "de l'eau tiède".
Selon un sondage Odoxa pour Le Figaro, les Français sont deux fois plus nombreux (32% contre 15%) à considérer que présider l'UE sera un atout plutôt qu'un handicap pour Emmanuel Macron et 63% assurent que les propositions des candidats sur l'Europe compteront dans leur choix de vote.
A l'extrême droite, Eric Zemmour a estimé sur France 2 qu'Emmanuel Macron était un "fédéraliste chimérique qui veut noyer la nation française dans l'Europe".
L'agenda européen du chef de l'Etat sera chargé jusqu'à Noël avec la réception du nouveau chancelier allemand Olaf Scholz, qui fera son premier déplacement international à Paris vendredi. Puis Emmanuel Macron se rendra lundi en Hongrie pour rencontrer le Premier ministre souverainiste Viktor Orban, avant le sommet européen du 16 décembre.
AFP
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