En Irak, des élections présidentielles prévues jeudi
Le Parlement irakien se réunira jeudi pour l'élection du président de la République, alors que le pays est plongé dans l'impasse politique totale depuis les élections législatives d'octobre 2021. La présidence de la République est traditionnellement réservée à un Kurde, mais les deux partis représentant cette communauté n'ont pas réussi à s'accorder sur une personnalité jusqu'à présent. 

Le Parlement irakien, siège de manifestations durant l'été et d'une irruption des militants sadristes en son sein, tiendra jeudi une séance consacrée à "l'élection du président de la République". (AFP)

 

 

Le Parlement irakien tiendra jeudi une séance consacrée à "l'élection du président de la République", une première étape indispensable pour former un nouveau gouvernement et mettre fin à l'impasse politique paralysant le pays depuis un an.

Après les dernières législatives du 10 octobre 2021, les barons de la politique n'ont toujours pas réussi à s'entendre pour élire un nouveau président ni à désigner un Premier ministre, malgré des tractations interminables.

Dans un pays multiconfessionnel, habitué aux marchandages en coulisses, ces derniers mois ont été marqués par des revirements de dernière minute, mais aussi des manifestations émaillées de violences. L'incertitude la plus totale plane sur la séance parlementaire de jeudi, et tout peut arriver.

"Le président du Parlement Mohamed al-Halboussi annonce une séance jeudi 13 octobre avec un seul élément à l'ordre du jour, l'élection du président de la République", selon un communiqué de ses services publié mardi.

L'annonce pourrait signifier une accélération du calendrier politique et aboutir in fine à la formation d'un gouvernement.

Une fois élu, le nouveau président désignera un Premier ministre, choisi par la plus grande coalition au Parlement.

Le poste de président de la République, hautement honorifique, est traditionnellement réservé à un Kurde. Mais depuis plusieurs mois les deux partis historiques de la communauté se disputent la présidence et ces dissensions n'ont toujours pas été réglées à ce jour, selon des observateurs.

Le poste revient généralement à l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), tandis que le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) garde la main haute sur les affaires du Kurdistan autonome, dans le nord de l'Irak.

Mais désormais le PDK exige la présidence à Bagdad et devrait présenter son propre candidat jeudi.

A ce stade, deux candidats se démarquent. Le président sortant Barham Saleh de l'UPK, et Rebar Ahmed, l'actuel ministre de l'Intérieur de la région autonome du Kurdistan, qui représente le PDK.
Une communauté kurde désunie 

Le poste de Président de la République revient généralement à l'Union patriotique du Kurdistan (UPK). Mais le PDK, dirigé par Netchirvan Barzani, exige la présidence à Bagdad et devrait présenter son propre candidat jeudi. (AFP)

 


 

Pour Sajad Jiyad, chercheur au think-tank Century International, un vote devrait avoir lieu grâce à un quorum de 220 députés sur les 329 que compte l'assemblée.

Mais de nombreuses questions demeurent en suspens dans un Parlement aux alliances changeantes, dominé par les factions chiites pro-Iran du Cadre de coordination.

"Le Cadre de coordination a-t-il réussi à convaincre le PDK et l'UPK de s'accorder? Y aura-t-il un seul candidat? S'agira-t-il de Barham ou de deux candidats, Barham et un autre soutenu par le PDK?", s'interroge l'expert.

Lundi, la mission de l'ONU en Irak, soutenue par la France, avait réclamé un "dialogue sans conditions préalables" entre les forces politiques pour former un gouvernement et trouver une issue à une "crise prolongée qui engendre plus d'instabilité".

Au coeur des tensions, les rivalités au sein de la communauté musulmane chiite, majoritaire en Irak, visant à désigner un Premier ministre.

Moqtada el Sadr et son mouvement n'ont pas été consultés avant ce scrutin, ce qui laisse présager une réaction contestataire de celui-ci. (AFP)

 
L'imprévisible Moqtada Sadr 

Ces derniers mois, le bras de fer entre les deux grands pôles politiques chiites du pays n'a fait que s'aggraver.

D'un côté, l'imprévisible Moqtada Sadr réclame une dissolution du Parlement et des législatives anticipées, refusant tout nouveau gouvernement avant un tel scrutin.

De l'autre, le Cadre de coordination (pro-iranien), incluant les ex-paramilitaires du Hachd al-Chaabi (pro-iranien) et un rival historique de M. Sadr, l'ex-Premier ministre Nouri al-Maliki, veut un nouveau gouvernement avant toute élection.

L'épreuve de force a atteint son paroxysme le 29 août, quand plus de 30 partisans sadristes ont été tués dans des combats contre l'armée et le Hachd al-Chaabi, intégré aux troupes régulières.

Reste à savoir quelle sera la réaction de Moqtada Sadr en cas de désignation d'un président et d'un nouveau gouvernement, sans consultation de son mouvement.

"Il est probable que les sadristes seront mécontents. Peut-être vont-ils encourager des manifestations", pronostique le politologue Sajad Jiyad.

Avec AFP
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