En Iran, vivons-nous les derniers soubresauts de la révolution islamique de 1979 remplacée par une autre, laïque, incarnée majoritairement par ces jeunes femmes qui font crépiter les réseaux sociaux?
Cette dernière décennie a vu l’émergence de l’arme numérique, bien plus efficace que les fusils et accessible au plus grand nombre. Des révolutions arabes à ce soulèvement des Iraniennes, force est de constater que les régimes dictatoriaux usent toujours du même instrument pour éteindre ces révoltes: la coupure de la connexion au réseau Internet et la répression. Dans le cas présent, malgré les dispositifs et moyens importants dont dispose le régime des mollahs, ces derniers ne parviennent pas à museler l’opinion des protestataires ni la diffusion partout dans le monde des messages de la contestation.
Explications
Dans les années 1940, Georges Orwell prophétisait déjà la surveillance globale des citoyens par les États. L’auteur de 1984 avait évidemment raison: les exemples sont légions. Mais cette surveillance est devenue massive avec l’avènement de l’Internet. Les pays démocratiques en usent, souvent en dehors des clous, tout en se faisant rattraper parfois par divers lanceurs d’alerte, whistleblowers ou fonctionnairess ayant développé une conscience. En revanche, les États voyous comme l’Iran en abusent dans tous les sens du terme: surveillance massive de la population et des réseaux sociaux, censure, propagande, allant parfois, dans les cas extrêmes, jusqu’à la coupure totale du réseau sous toutes ses formes.
Mais bien que suréquipés, les organes de sécurité de la République islamique n’arrivent plus à enrayer la dissémination d’informations révolutionnaires. Car sur le terrain, les contestataires disposent eux aussi d’outils mais surtout d’amis: réseaux de défenseurs de la liberté, des droits humains, appuyés par des experts en informatique.
Mais pourquoi les réseaux sociaux représentent-ils un si grand danger pour ces régimes despotiques?
Le danger, c’est bien sûr la liberté d’expression avant tout, mais aussi l’anonymat et la possibilité d’atteindre une immense partie de la population à la vitesse de la lumière (ou presque, les données traversant la fibre optique à près de 68% de la vitesse de la lumière). Les réseaux permettent donc l’accélération de la dissémination des nouvelles, la coordination de masse pour les manifestants, et donnent du matériel à toutes les agences de presse mondiales. Du matériel de nature citoyen-journaliste, pris directement sur le terrain, cru et sans filtres.
Les réseaux sociaux ont été d’une importance capitale au moment des printemps arabes:
Aujourd’hui, les blogueurs et activistes sont obligés de garder l’anonymat, afin de protéger leur existence même, et de recourir à des outils technologiques pour y parvenir. Parmi ces outils, il existe le navigateur TOR qui permet d’anonymiser la source d’une session de navigation web, ou encore le VPN (réseau privé virtuel), qui permet d’isoler à travers la cryptographie les échanges se déroulant sur des réseaux de télécommunication publics...
Durant les printemps arabes, la communauté internationale de spécialistes en informatique, les professionnels des technologies de communication, et surtout ceux qu’on appelle largement hackeurs, avec une connotation négative due aux médias, se sont mobilisés pour venir en aide aux manifestants en leur offrant des moyens alternatifs pour pouvoir se connecter à l'Internet.
C’est exactement ce à quoi nous assistons concernant la crise iranienne. Comment faire pour contourner une censure totale des réseaux? Plusieurs façons sont offertes aux contestataires iraniens aujourd’hui.
Tout d’abord, pour passer outre une censure au niveau des connexions et donc au niveau des fournisseurs d'accès (ISP), des serveurs proxy sont mis à la disposition des utilisateurs: l’application Signal par exemple, reconnue mondialement comme étant la plus sécurisée – son code source est ouvert et constamment audité – vient de publier des posts encourageant toute sa communauté à héberger des serveurs proxy pour les Iraniens, tout en publiant un manuel en persan pour expliquer aux utilisateurs comment s’y connecter.
Dans les cas les plus extrêmes où l’État voyou décide de couper tout accès à l’Internet, des groupes extérieurs remettent en service d’anciennes banques de modems et donnent les numéros d’accès aux activistes en Iran qui se connectent en utilisant les réseaux de téléphonie classique (que l’État ne peut couper). Évidemment, ces connexions sont lentes, l’équivalent d’un modem classique de 56k est aujourd’hui de 0,006 MB/s, mais cela permet aux messages de passer.
Toujours en utilisant les lignes du téléphone, il est possible d’appeler un service et de laisser un message sur un répondeur qui va alors se charger de reproduire et de poster le message sur Twitter avec le hashtag désiré en utilisant le procédé «speech to text».
Il existe aussi des applications qui permettent, en utilisant des téléphones mobiles et en créant une toile d’araignée de connexions entre eux, de former des réseaux, outrepassant toute connexion cellulaire classique et permettant par exemple à des manifestants de s’organiser entre eux. Évidemment, le rayon est limité mais reste quand même utile.
Il apparaît donc très difficile pour un État voyou de contrôler totalement le message et l’accès à l'Internet. Pour peu qu’un peuple soit vraiment déterminé à mener à bien son combat et prendre en main sa destinée, il trouvera toujours un support humain et technologique au sein de la communauté mondiale.
Cette dernière décennie a vu l’émergence de l’arme numérique, bien plus efficace que les fusils et accessible au plus grand nombre. Des révolutions arabes à ce soulèvement des Iraniennes, force est de constater que les régimes dictatoriaux usent toujours du même instrument pour éteindre ces révoltes: la coupure de la connexion au réseau Internet et la répression. Dans le cas présent, malgré les dispositifs et moyens importants dont dispose le régime des mollahs, ces derniers ne parviennent pas à museler l’opinion des protestataires ni la diffusion partout dans le monde des messages de la contestation.
Explications
Dans les années 1940, Georges Orwell prophétisait déjà la surveillance globale des citoyens par les États. L’auteur de 1984 avait évidemment raison: les exemples sont légions. Mais cette surveillance est devenue massive avec l’avènement de l’Internet. Les pays démocratiques en usent, souvent en dehors des clous, tout en se faisant rattraper parfois par divers lanceurs d’alerte, whistleblowers ou fonctionnairess ayant développé une conscience. En revanche, les États voyous comme l’Iran en abusent dans tous les sens du terme: surveillance massive de la population et des réseaux sociaux, censure, propagande, allant parfois, dans les cas extrêmes, jusqu’à la coupure totale du réseau sous toutes ses formes.
Mais bien que suréquipés, les organes de sécurité de la République islamique n’arrivent plus à enrayer la dissémination d’informations révolutionnaires. Car sur le terrain, les contestataires disposent eux aussi d’outils mais surtout d’amis: réseaux de défenseurs de la liberté, des droits humains, appuyés par des experts en informatique.
Mais pourquoi les réseaux sociaux représentent-ils un si grand danger pour ces régimes despotiques?
Le danger, c’est bien sûr la liberté d’expression avant tout, mais aussi l’anonymat et la possibilité d’atteindre une immense partie de la population à la vitesse de la lumière (ou presque, les données traversant la fibre optique à près de 68% de la vitesse de la lumière). Les réseaux permettent donc l’accélération de la dissémination des nouvelles, la coordination de masse pour les manifestants, et donnent du matériel à toutes les agences de presse mondiales. Du matériel de nature citoyen-journaliste, pris directement sur le terrain, cru et sans filtres.
Les réseaux sociaux ont été d’une importance capitale au moment des printemps arabes:
- En Tunisie, c’est Twitter qui a lancé le dialogue de changement politique,
- En Égypte, Facebook a été le principal disséminateur du mécontentement populaire.
Aujourd’hui, les blogueurs et activistes sont obligés de garder l’anonymat, afin de protéger leur existence même, et de recourir à des outils technologiques pour y parvenir. Parmi ces outils, il existe le navigateur TOR qui permet d’anonymiser la source d’une session de navigation web, ou encore le VPN (réseau privé virtuel), qui permet d’isoler à travers la cryptographie les échanges se déroulant sur des réseaux de télécommunication publics...
Durant les printemps arabes, la communauté internationale de spécialistes en informatique, les professionnels des technologies de communication, et surtout ceux qu’on appelle largement hackeurs, avec une connotation négative due aux médias, se sont mobilisés pour venir en aide aux manifestants en leur offrant des moyens alternatifs pour pouvoir se connecter à l'Internet.
C’est exactement ce à quoi nous assistons concernant la crise iranienne. Comment faire pour contourner une censure totale des réseaux? Plusieurs façons sont offertes aux contestataires iraniens aujourd’hui.
Tout d’abord, pour passer outre une censure au niveau des connexions et donc au niveau des fournisseurs d'accès (ISP), des serveurs proxy sont mis à la disposition des utilisateurs: l’application Signal par exemple, reconnue mondialement comme étant la plus sécurisée – son code source est ouvert et constamment audité – vient de publier des posts encourageant toute sa communauté à héberger des serveurs proxy pour les Iraniens, tout en publiant un manuel en persan pour expliquer aux utilisateurs comment s’y connecter.
Dans les cas les plus extrêmes où l’État voyou décide de couper tout accès à l’Internet, des groupes extérieurs remettent en service d’anciennes banques de modems et donnent les numéros d’accès aux activistes en Iran qui se connectent en utilisant les réseaux de téléphonie classique (que l’État ne peut couper). Évidemment, ces connexions sont lentes, l’équivalent d’un modem classique de 56k est aujourd’hui de 0,006 MB/s, mais cela permet aux messages de passer.
Toujours en utilisant les lignes du téléphone, il est possible d’appeler un service et de laisser un message sur un répondeur qui va alors se charger de reproduire et de poster le message sur Twitter avec le hashtag désiré en utilisant le procédé «speech to text».
Il existe aussi des applications qui permettent, en utilisant des téléphones mobiles et en créant une toile d’araignée de connexions entre eux, de former des réseaux, outrepassant toute connexion cellulaire classique et permettant par exemple à des manifestants de s’organiser entre eux. Évidemment, le rayon est limité mais reste quand même utile.
Il apparaît donc très difficile pour un État voyou de contrôler totalement le message et l’accès à l'Internet. Pour peu qu’un peuple soit vraiment déterminé à mener à bien son combat et prendre en main sa destinée, il trouvera toujours un support humain et technologique au sein de la communauté mondiale.
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