Démarcation : les armes du Hezb perdent leur justification
La signature de l’accord sur la démarcation des frontières maritimes entre le Liban et Israël a eu lieu jeudi 26 octobre dans les locaux de la FINUL à Naqoura, en présence des deux délégations libanaise et israélienne, du commandant en chef de la Force intérimaire des Nations unies au Liban, le général Aroldo Lazaro, et du médiateur américain, Amos Hochstein.

Les copies signées de l’accord ont été remises à la FINUL et à M. Hochstein, puis transmises aux Nations unies, où elles seront consignées, faisant ainsi partie des documents officiels de l’Onu. Par conséquent, si Benjamin Netanyahu gagne aux prochaines élections et devient de facto Premier ministre, il ne sera pas en mesure de saboter cet accord.

Subséquemment à cette signature tant attendue, une apparition télévisée du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, est prévue vendredi, au cours de laquelle il évoquera le dossier de la démarcation, ainsi que le rôle du parti à cet égard. En réalité, un certain nombre de données et de paramètres pouvant avoir un impact sur les déroulements de l'étape à venir ont émergé suite à cet accord. Selon un responsable souverainiste, «maintenant que les frontières ont été délimitées entre le Liban et Israël, à quoi sert la possession d’armes par des milices et des groupes armés en toute illégalité ?»

Ce même responsable ajoute que l'accord doit être débattu au sein du Parlement afin de ne pas répéter le scénario de l'accord du Caire, lorsque les députés ont voté sans avoir eu connaissance de la teneur du texte. La position de Raymond Eddé à ce sujet fut mémorable. Ce dernier s’était abstenu de voter en disant : «Comment pourrai-je voter pour un accord que je n'ai pas lu alors que le chauffeur de Yasser Arafat est au courant de son contenu ?».

Pour en revenir à l’accord signé, force est de constater qu’il garantit la sécurité d'Israël, mettant ainsi fin à la mission et au rôle des armes du Hezbollah, ainsi qu'aux missions militaires et sécuritaires des formations iraniennes telles que la brigade d’al-Qods et les Gardiens de la révolution iranienne. En outre, cet accord a éloigné le spectre de la guerre dans la région. Par conséquent, l'Iran, qui utilise les armes comme une carte de pression pour renforcer sa position dans les négociations sur le nucléaire, devrait cesser d'exporter la révolution à travers ces milices et cesser d’armer les groupements chiites dans les pays de la région, dans le seul but de les déstabiliser.

Le parti chiite, de son côté, se contente de répondre qu’il sera le garant du respect de l’accord et du maintien de la stabilité. Ce à quoi les milieux souverainistes rétorquent : si le Hezb se porte garant de la préservation de la sécurité de l'accord, qui le menacerait alors, surtout lorsque l’on sait que cet accord bénéficie de la couverture américaine ?


Ceci dit, l'Iran a également contribué à la réalisation de cet accord par le truchement du Hezbollah. Par conséquent, vu que le parti chiite a consenti à la délimitation des frontières, parrainée par les États-Unis par l'intermédiaire du médiateur Amos Hochstein, ses armes perdent leur raison d'être, d'autant que Washington s'est chargé de mettre en garde Israël contre toute violation qui compromettrait la sécurité. De plus, le Liban dispose d’une armée, de forces de sécurité, ainsi que d’une présence diplomatique active, lesquelles sont capables d’assurer la protection de l'accord et son application.

Des milieux de l'opposition estiment que le fait de remettre la sécurité de l'accord entre les mains du Hezbollah équivaut à reconnaitre son rôle de garant de l’entente en question, mais aussi de la sécurité du pétrole offshore. Une mission de plus qui viendra s’ajouter à celle qui consiste à libérer les territoires occupés, et qui permettra à la formation pro-iranienne de déterminer ultérieurement les fonctions qu’elle octroiera à ses armes. Le tout visant à assurer sa survie afin que le Hezb reste « un État au sein de l’État libanais». D’ailleurs, après l’annonce de l’accord de démarcation avec Israël, un responsable du Hezbollah a déclaré : «Il n'y aura désormais plus de guerres. Ce que nous avons obtenu est une victoire pour la résistance. Nous avons gagné à travers la démarcation, nous gagnerons à travers la paix et la situation du pays ne pourra que s’améliorer ».

Reste à savoir si le Hezbollah jouera le même rôle qu’il a joué lors de la démarcation des frontières maritimes avec Israël lorsqu’il s’agira de la démarcation des frontières nord avec la Syrie !

À la suite de ce dernier accord entre le Liban et Israël et compte tenu du succès de la médiation américaine qui est parvenue à une formule satisfaisante pour le Liban et Israël, un dirigeant de l'opposition a déclaré que le Liban se dirige vers une nouvelle étape qui présente deux scenarios antithétiques : soit l’effondrement du pays, soit une amélioration politique, économique, financière et sécuritaire.

L'accord de démarcation et le début de l'exploration gazière par le Liban permettraient au pays de faire son entrée dans le club des pays pétroliers, ce qui attirera les investissements, augmentera les débouchés en termes d’emploi, et stabilisera le Liban. Cette stabilité étant garantie, par ailleurs, par les États-Unis, l'Europe et les pays arabes, en raison notamment de la présence d’entreprises multinationales telles que Total (France), Eni (Italie) et Qatar Energy (Qatar). Sans omettre les besoins gaziers et pétroliers de l'Occident, notamment de l'Europe, afin de compenser le pétrole russe, qui risque de s’arrêter net à cause de la position européenne contre la Russie dans sa guerre contre l'Ukraine.
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